Accueil A la une Côte d’Ivoire: Premier ministre, le fauteuil maudit!

Côte d’Ivoire: Premier ministre, le fauteuil maudit!

0
Il s'appelait Hamed Bakayoko

Il est temps de se poser la bonne question, suite au décès de Hamed Bakayoko, ce 10 mars, en Allemagne, des suites d’un cancer, à en croire la source officielle. Une mort qui fait suite, moins d’un an après, à celle de Amadou Gon Coulibaly, l’AGC national, arraché à l’affection des siens, le 8 juillet 2020. Les deux étaient Premiers ministres, l’un ayant succédé à l’autre. Les deux ont été malades et évacués d’abord en France. Les deux «fils» de Alassane Dramane Ouattara ont reçu la visite de leur «papa», sur leurs lits de mort, pardon de maladie. L’un, AGC, est décédé, presque la veille d’une élection présidentielle, pour laquelle il était candidat. Le second, Hambak, est mort, quatre jours après des élections législatives, dont les résultats provisoires, l’ont proclamé député de son fief Séguéla, localité de la région de Worodougou, district de Woroba. Une ministre du gouvernement avait annoncé que les deux se portaient mieux, alors qu’ils étaient au plus mal.

Triste répétition de l’histoire! Les deux désormais anciens Premiers ministres d’un président qui doit bien se demander si le ciel ne lui tombe pas sur la tête, sont partis à la fleur de l’âge, emportés comme par une malédiction qui hante l’environnement du pouvoir. Malades, elles deviennent, maintenant, trop nombreuses, ces personnalités, dont le président de l’Assemblée nationale, Amadou Soumahoro ou celui du Sénat, Jeannot Ahoussou, pour ne citer que ceux-ci. On ne saurait occulter le fauteuil de vice-président, vide, et comme rangé au rébus, depuis la démission de son occupant, Daniel Kablan Duncan, en juillet 2020, quelques jours seulement, après la disparition de Amadou Gon Coulibaly. Au profit de qui se crée ce vide, dans le saint des saints, que cela arrive naturellement ou par la main des hommes? Question aux «gens» du pouvoir, pour qui, seule la fin justifie les moyens.

La Côte d’Ivoire n’aurait-elle pas besoin d’une séance d’exorcisme général? En tout cas, la primature, elle, semble bel et bien hantée par les anges de la mort qui, rôdent en permanence et viennent de frapper deux fois, en 8 mois, provoquant une panique dans les rangs des candidats, qui, désormais, ne se bousculent plus vers ce fauteuil maudit. Du reste, ce n’est peut-être pas le lieu de faire dans l’humour, mais l’anecdote circulant sur les réseaux sociaux et selon laquelle, tous les «premiers ministrables» ont fui Abidjan, en prenant le soin d’éteindre leurs téléphones, est assez révélatrice de la peur que provoque un poste, naguère, si convoité! A qui le tour après AGC et Hambak, se demandent, d’ailleurs, ceux qui ont la langue fendue au mauvais endroit, et sont persuadés que toute personne qui osera poser son postérieur dans ce fauteuil, signe son arrêt de mort. Mais ont-ils vraiment tort, ces superstitieux, bien raisonnables, au vu de la succession des événements malheureux, surtout que le dicton le dit, sans ambages, «jamais deux sans trois»?

Hamed Bakayoko, 56 ans, le maire d’Abobo, le gaillard, bosseur et rassembleur devant l’Eternel, ne promènera donc plus sa géante silhouette dans les couloirs du gouvernement ou du ministère de la défense, encore moins, sur les pistes de danse de boîtes de nuit où le «Golden boy» aimait bien se défouler. Comme par hasard, juste à la veille de sa mort, celui qui l’appelait son «fils», lui avait trouvé des remplaçants à ses deux postes, des postes que n’occupent que des hommes de confiance. Des fidèles, comme le petit-frère et détenteur du maroquin des Affaires présidentielles, Téné Birahima Ouattara alias «Photocopie» qui prend la Défense et le ministre d’Etat Patrick Achi, qui hérite de la primature. Ils n’étaient qu’intérimaires jusqu’au dernier souffle de Hamed Bakayoko. Des intérims qui pourraient bien s’installer sur le long terme, selon le bon vouloir du prince de l’heure, qui, dit-on, marche en «prudentia», ces derniers temps!

Salut l’artiste, adieu le confrère, car ne l’oublions pas, Hamed Bakayoko était journaliste!

Par Wakat Séra