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Mali: Moctar Ouane comme le messie

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Le Premier ministre de transition du Mali, Moctar Ouane

Le Mali a investi, ce vendredi 25 septembre, son président de la transition, le colonel-major à la retraite, Bah N’Daw, 70 ans, et son vice-président, le colonel Assimi Goïta, 37 ans, désormais ex-chef de l’ex junte militaire au pouvoir. Le Mali, on peut oser l’espérer, a, enfin, les deux pieds dans la transition. Dans la foulée de son installation, le président militaro-civil, a nommé, comme pour prouver la bonne foi de son équipe d’aller vite à la transition, l’ancien ambassadeur et ancien ministre des Affaires étrangères entre 2004 et 2009, Moctar Ouane, comme Premier ministre.

La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) a donc eu sa transition civile. Le Comité national pour le salut du peuple (CNSP), lui, a eu sa transition militaire. Et tout le monde devrait être content. Les populations maliennes devraient se réjouir davantage de ces nominations de président, vice-président et Premier ministre, qui doivent amener les irréductibles dirigeants de la CEDEAO à desserrer l’étau autour du Mali. Ces derniers, doivent même, dans l’intérêt du peuple, accompagner en toute positivité, ce pays vers le bout du tunnel, en levant l’embargo et les sanctions drastiques qu’ils ont prises suite au coup de force du 18 août dernier. Ces mesures avaient commencé à étouffer le Mali, pays enclavé, donc sans débouché maritime direct, confronté à une insécurité presqu’endémique du fait des attaques terroristes et plus récemment des conséquences dramatiques du Covid-19 sur les activités économiques, notamment le tourisme.

Moctar Ouane est qualifié d’homme de rigueur, de dossier et ayant un carnet d’adresses bien étoffé. Ces atouts permettront-ils au Premier ministre, le seul véritable civil de l’attelage de la transition malienne, à remettre le Mali sur les rails d’une véritable démocratie, où le pouvoir ne sera plus pris par les armes, mais se transmettra par les urnes, selon la volonté du peuple? L’ancien diplomate, ayant également fait ses preuves comme Monsieur Paix à la Commission de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa), aura sans doute fort à faire, pour réconcilier les Maliens entre eux-mêmes et avec la communauté internationale, notamment, la très frileuse CEDEAO, qui a en horreur les coups d’Etat militaires, mais avalise, malheureusement, les coups d’Etat civils que sont les troisièmes mandats qui ouvrent la voie aux présidences à vie, reléguant aux calendes grecques, le passage du pouvoir grâce au charmant jeu de l’alternance démocratique.

Sur les épaules, qu’on espère très solides de Moctar Ouane, repose également la confiance de cette CEDEAO des dirigeants, qui manque de confiance au duo de président et vice-président maliens, et a dû conditionner la levée de l’embargo et des sanctions contre le Mali, par la désignation d’un Premier ministre civil. Maintenant que le plus civil des «transitaires» maliens est connu, la CEDEAO, n’aura, sans doute, plus le choix de continuer à tirer sur l’ambulance. Le Mali a davantage besoin d’une aide franche et forte, pour amorcer un retour vers la démocratie, mais surtout une politique qui place le mieux-être des populations au cœur de ses préoccupations.

Cependant, nous ne cesserons jamais de le dire, le Mali doit servir d’avertissement à la CEDEAO, et à la communauté internationale, pour ramener, à la raison, ces chefs de l’Etat qui s’abritent derrière le bannissement des coups d’Etat et la prise de pouvoir par les insurrections populaires, pour opprimer en toute impunité, leurs peuples et sont surpris que les mêmes causes produisent les mêmes effets…maliens. Plus que jamais, l’heure a sonné pour la CEDEAO, l’Union africaine, l’Union européenne, et toutes ces puissances étrangères, qui s’érigent en parangons de la démocratie, de dire «non» au passage en force, engagé par l’Ivoirien Alassane Dramane Ouattara et le Guinéen Alpha Condé, au grand dam du respect de la morale et de la Loi fondamentale de leurs pays, en allant au troisième mandat, germe reconnue  de violences et de chaos politiques. Plus tard sera trop tard.

En attendant, il urge que Moctar Ouane, qui est conscient qu’aucun état de grâce ne lui sera accordé, forme son gouvernement qui aura la lourde tâche d’effacer le tableau sombre de l’énième prise du pouvoir par les armes au Mali et d’organiser des élections inclusives et crédibles, pour relancer un pays dont les populations méritent enfin de respirer le doux parfum de la paix et du développement, au détriment des querelles de politiciens, qui font le lit au terrorisme et aux conflits communautaires.

Par Wakat Séra