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Niger: à quand la fin des deuils nationaux?

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Une lutte sans fin doit être maintenue contre le terrorisme dans le Sahel (Photo d'illustration)

Plus de 100 morts, des femmes violées, du bétail et autres biens incendiés ou emportés. C’est le bilan laissé derrière eux, ce 21 mars, par des centaines d’hommes armés, qui ont pris pour cibles, plusieurs campements dont ceux de Intazayan, de Bakorat et de Woursanat. Les victimes, des nomades sans défense, ont été massacrés autour de puits et de forages, non loin du village de Tillia, dans la région de Tahoua. En une semaine, c’est la deuxième fois, après les 66 tués de l’attaque de Banibangou, dans la région de Tillabéri, que des hommes armés endeuillent le Niger, dans cette zone dite des 3 frontières, partagée par le Niger, le Mali et le Burkina Faso, et où sévit, sans répit, le Groupe de l’Etat islamique au Sahara. Et comme pour l’attaque meurtrière de Tillabéri, un deuil national de 3 jours vient d’être décrété par le gouvernement nigérien, qui n’a pas manqué de condamner ces actes barbares.

A quand la fin du cycle des condamnations et des deuils nationaux? Plus que jamais, Mohamed Bazoum, élu avec un score de 55,66%, contre 44,34% pour son adversaire, l’ancien président, Mahamane Ousmane, selon le verdict définitif de la Cour constitutionnelle, est bien au pied du mur. La lutte contre le terrorisme et le banditisme, action qu’il avait érigée en priorité dans son programme de campagne, sonne comme une urgence. Sauf que l’heure n’est plus au discours, mais à l’acte. Passer à l’action s’impose. Ancien ministre en charge de l’Intérieur, qui connaît bien le dossier et le terrain, le nouveau président et les forces armées nigériennes, dont il a toujours loué la détermination et le courage, ne bénéficieront d’aucun état de grâce. Car, l’heure est grave et les populations civiles ne savent plus à quel saint se vouer.

L’évidence est de plus en plus démontrée que la vaillance de l’armée nationale, les assauts encore timides de la force montante du G5 Sahel et la puissance de feu de la force française Barkhane, ont leurs limites. Faudra-t-il se résoudre à établir des canaux de discussion entre ces terroristes qui ont toujours une longueur d’avance sur l’armée, en matière de renseignement, et, sans doute, bénéficient de complicité à des niveaux insoupçonnés, si l’on s’en tient à leur mode opératoire qui mise toujours sur l’effet de surprise? La guerre étant asymétrique, et les assaillants opérant par des manipulations des communautés ethniques qu’ils élèvent les unes contre les autres, les forces de défense seront-elles en mesure, quels que soient leurs équipements les plus lourds et les plus sophistiqués, prendre le dessus sur l’hydre terroriste? Rien n’est moins sûr!

Il faudra, ni plus, ni moins, repenser les stratégies de lutte. Il faudra par exemple, prendre en compte, toutes les régions et toutes les populations, dans le déploiement des projets de développement. Le Niger ne se limite pas à Niamey, la capitale. Cependant, l’arme décisive contre la menace terroriste n’est autre que la cohésion nationale. Dans la division, la lutte contre le terrorisme n’a la moindre chance d’aboutir. D’où l’urgence, pour les Nigériens, de mener, unis, le bon combat contre le bon ennemi. Un proverbe bien africain, n’énonce-t-il pas que «lorsque la pluie vous tape, ne vous battez plus entre vous»? Comme quoi, «la jarre trouée, ne pourra jamais garder l’eau».

Mohamed Bazoum, est prévenu! Les tueurs du désert, qui ont frappé, le jour même de la proclamation de sa victoire à la présidentielle, voudraient lui lancer un avertissement, avec frais, qu’ils ne s’y seraient pas pris autrement.

Par Wakat Séra