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Noël noir au Burkina: pourquoi elles?

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Des Forces de défense et de sécurité burkinabè sur le terrain des opérations (Ph d'archives)

Au moins 80 terroristes tués. Sept éléments des Forces de défense et de sécurité abattus. 35 civils morts. Et un deuil de 48 heures sur tout le territoire national. C’est le tableau en chiffres, de la double attaque meurtrière, la énième qui a endeuillé, ce 24 décembre le Burkina Faso et surtout Arbinda dans le Soum, une province qui n’en finit pas de compter les assauts de terroristes qui tirent désormais sur tout ce qui bouge, après avoir fait de leurs cibles privilégiées les soldats. L’armée burkinabè en opposant une riposte de taille lors des attaques et en neutralisant autant d’assaillants, mérite bien de recevoir des lauriers dans cette grisaille de harmattan où les «individus armés non identifiés» infligeaient impunément aux FDS des pertes en vies humaines dont le chapelet est maintenant, fastidieux à égrener. De plus, selon le bilan officiel, du matériel important a été saisi chez des terroristes insatiables. Et même si la guerre asymétrique que les forces du mal ont imposée au Burkina depuis maintenant près de cinq ans est loin d’être gagnée, les victoires d’étapes comme dans un tour cycliste n’en sont pas moins bonnes pour le moral des troupes et même celui des populations qui ne savent plus quel saint protecteur invoquer. Comme quoi, tout n’es pas perdu, même s’il faut encore plus pour décourager les offensives de l’hydre terroriste qui a prouvé à suffisance sa capacité de régénérescence rapide.

Mais le drame qui est survenu alors que les fidèles chrétiens attendaient la naissance du Sauveur, du Prince de la paix, de Emmanuel (Dieu est avec nous), est encore plus inquiétant compte tenu de la nature des victimes. Pourquoi les femmes? Oui, sur les 35 victimes civiles tombées sous les balles assassines des terroristes, la comptabilité macabre fait état de 31 femmes au moins. Pourquoi elles, alors qu’elles ne sont pas celles qui sont les plus habilitées à défendre la vie des leurs ou à aller au front? Pourquoi elles, alors la femme est dite «le sexe faible» et en tant que mère, épouse ou fille, mérite respect et même dévotion de la part de l’homme qui lui doit protection et assistance? Les terroristes voudraient pousser le bouchon de la lâcheté loin, qu’ils n’agiraient pas autrement. Les femmes sont donc des proies faciles pour eux, du fait que leurs hommes les abandonnent dans leur fuite, certains que les terroristes en auront pitié. Une chose est certaine, les assaillant font la preuve que leurs actes ignobles n’ont aucun fondement religieux, la femme et les enfants étant des êtres fragiles et davantage innocents. C’est du reste, une conception partagée par la société. Les 31 femmes mortes le 24 décembre ont-elles fait l’objet de représailles pour leur collaboration avec les militaires, comme le pensent certains où ont-elles été tuées par des terroristes en débandade vu la réaction énergique des FDS burkinabè? Autant d’interrogations qui doivent pousser à la protection renforcée de cette frange de la population et plus généralement des nombreux burkinabè qui ont dû fuir leurs villes et villages, toute chose qui accroit leur fragilité.

Plus que jamais, la lutte continue et les autorités doivent en prendre encore plus conscience au risque de multiplier la fréquence des deuils nationaux. En tout cas, le Pape François qui a prié, ce 25 décembre lors de la bénédiction urbi et orbi, pour les pays, dont le Burkina Faso, confrontés au terrorisme, lui, semble avoir pris l’ampleur de la situation. Prions, mais combattons en prenant les initiatives, car on ne le répétera jamais assez, «la meilleure défense, c’est l’attaque».

Par Wakat Séra