Accueil Editorial Union Africaine: si les mots tuaient les maux!

Union Africaine: si les mots tuaient les maux!

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(Ph. news.aouaga.com)

L’Afrique guérira de toutes ses maladies un jour. Ce jour où les mots et rien qu’eux seront en mesure de combattre et de vaincre tous les maux. Car, à l’instar du 29è sommet qui tire ses rideaux ce mardi 4 juillet à Addis-Abeba,  les grandes réunions ordinaires ou extraordinaires de l’Union Africaine, encadrées par des thématiques qui rivalisent par leur solennité, ont presque toujours accouché d’énormes serpents de mer. Conçus sans mode d’emploi, ces projets sont pour la plupart demeurés à l’état de bonnes intentions quand ils ne sont pas victimes des querelles grégaires de souveraineté. Les déclarations emphatiques, le 29è sommet de l’UA en a connues également. Si l’autofinancement de l’UA pour la soustraire de sa dépendance sino-Union Européenne constituait le plat de résistance de l’auguste assemblée présidentielle, les conflits, la lutte pour la paix et la sécurité sur le continent et plus particulièrement la traque aux djihadistes ont été au centre des débats. On ne saurait occulter cette supplique du tout nouveau président de la Commission de l’UA sur la famine qui sévit en Afrique de l’Est et son profond dépit face au silence et l’apathie du reste de l’Afrique, une Afrique dont on a toujours loué la solidarité légendaire. La sonnette d’alarme tirée une fois de plus, il faut espérer que les anciens comportements culturels reprennent le dessus et continuent à faire de l’Africain celui à même céder sa natte à l’étranger et partager son repas, quelle que soit sa frugalité, avec son hôte. L’Afrique de l’Est en a besoin.

Comme à l’accoutumée, et pour se donner bonne conscience sur la précarité dans laquelle ils confinent la jeunesse de leurs pays, les dirigeants africains n’ont pas manqué d’en parler. Considérée comme le fer de lance de la société lorsqu’elle est courtisée pour ses voix et son soutien multiforme lors des campagnes électorales, la jeunesse n’a réellement jamais constitué une priorité pour des politiciens africains qui en ont plutôt une peur bleue, au point d’en favoriser la clochardisation. Par milliers, ce sont ces jeunes africains qui, pour fuir la misère et en l’absence de projet, bravent le courroux de la Méditerranée sur des embarcations aussi frêles que leur espoir d’atteindre l’Europe à la recherche d’un eldorado désormais plus qu’hypothétique. L’horizon complètement bouché en Afrique où la courte échelle et la corruption servies en exemple par des hommes politiques sans vertu, le salut, sont persuadés les jeunes, se trouvent ailleurs. Même les familles et des communautés entières sont prêtes à mettre ensemble leurs maigres ressources pour faire partir ces jeunes vers des terres meilleures qui se révèlent malheureusement être le véritable enfer sur terre.

Il est temps que les Africains redeviennent solidaires et comptent sur leurs propres forces. C’est la seule voie pour aller vers une Afrique libre et aussi revêtir à nouveau l’Union Africaine du noble manteau de l’unité qu’ont essayé de confectionner les panafricanistes de la trempe du regretté et illustre Kwamé Nkrumah.  Du reste, comme le conseille un célèbre proverbe ivoirien, «quand la case de ton voisin brûle, hâtes-toi de l’aider à éteindre le feu de peur que celui-ci ne s’attaque à la tienne». A moins que, une fois de plus, on attende que les occidentaux aillent secouer le fond de leurs magasins pour venir au secours des pays africains en danger. Où sont donc l’indépendance et la souveraineté que nous brandissons, lorsque ceux qui distillent cette aide dans nos mains toujours tendues veulent nous rappeler par exemple certaines règles de démocratie et de justice? La route sera bien longue pour l’UA qui a longtemps traîné cette mauvaise réputation de simple «syndicat de chefs d’Etat» et encore du qualificatif peu envieux de «machin». Il faut simplement passer du discours à l’action.

Par Wakat Séra