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Burkina: le palais centenaire du Baloum Naaba de Ouagadougou  

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L'actuel Baloum Naaba, son altesse le Baloum Naaba Tanga II

Le Palais du Baloum Naaaba de Ouagadougou a célébré, le samedi 26 novembre 2022, les 100 ans de son implantation. Une résidence construite sous l’inspiration de l’architecture royale du mandé suite à un voyage du Baloum Naaba 1 er au Soudan (le Mali actuel) à l’époque de l’Afrique occidentale française (AOF).

Le porte-parole officiel du Mogho Naaba, le Baloum Naaba Tanga II a honoré, le samedi 26 novembre 2022, à Ouagadougou, les 100 années de la construction de son palais ministériel.

Un plan d’habitation ramené du Soudan (le Mali actuel) par son devancier et aïeux, le Baloum Naaba 1er sous le règne de Mogho Naaba Kiiba alias Gnanbirga, quelques mois plus tôt et que la première pierre fut posée, le mercredi 22 novembre 1922, grâce à une forte mobilisation des populations du territoire mossè, le Mogho.

«Nous célébrons le centenaire du palais de Baloum Naaba parce que ce palais a une histoire. Cette historicité mérite d’être connue. Dans le temps, avant nos indépendances formelles, le Baloum Naaba était le porte-parole officiel de sa majesté le Mogho Naaba», a solennellement affirmé le président du comité d’organisation de la cérémonie du centenaire, Salif Ouédraogo.

Le Baloum Naaba Tanga 1 er  a été, il y a une centaine d’années passées, un illustre diplomate et un futé   missionnaire de sa majesté le Mogho Naaba Gnanbirga, chef suprême des mossè d’alors», a introduit le président et porte-parole de la famille coutumière. Et cela, il l’a justifié, tant sur le sol national qu’auprès des colons français lors de leur pénétration en Afrique sub-saharienne.

Les officiels chantonnant le Ditanyè (l’hymme national) à l’ouverture de la cérémonie

«C’est le Baloum Naaba que le chef suprême des mossè chargeait, en cas de besoin, d’aller chercher l’héritier du trône au sein de la cour royale. Également, c’est lui que le chef traditionnel envoyait souvent en mission lors des grandes foires européennes, notamment à Versailles en France», a témoigné le représentant de la  famille royale.

Ainsi, c’est de retour de mission de l’altesse Tanga 1er qu’il ramena du Soudan, l’actuel Mali, des plans de construction en forme de U. Ayant rapporté trois, en effet, il suggéra à son chef, le Mogho Naaba Kiiba de Ouagadougou d’en choisir un afin d’ériger sa cour. De là a vu le jour l’habitat centenaire d’où cette cérémonie de célébration.

«Je voudrais saluer la mémoire et la vision de nos devanciers qui nous ont légué cet important patrimoine national qui, n’appartient guère exclusivement à la famille du Baloum mais est désormais à la possession de l’ensemble des Burkinabè. C’est ensemble que l’on doit prendre soin de ce bâtiment pour encore des siècles à venir», a laissé entendre, dans les mots de bienvenue, le représentant de l’actuel Baloum Naaba, le Naaba Kango chef de Zagtouli.

Sur le palais qu’occupe, à présent, le Baloum Naaba Tanga II petit fils de Baloum Naaba Tanga 1 er (fondateur de la Cour) et fils de Naaba Yémdé, le président du comité de l’organisation a bien voulu relater les efforts historiques d’une nation qui symbolisent plus que jamais son intégrité.

«Un habitat construit en entier avec des matériaux locaux tels que l’argile, la paille, de  la bouse de vache, des écorces de néré. Tous les villages et cantons relevant de la territorialité du porte-parole officiel du Chef de Mogho, d’où le nom Mogho Naaba, se sont mobilisés en différents groupes de relais.  Les bois et les poutres jusque-là constatés sur le bâtiment ont été, à l’époque, transportés à environ 45 à 50 km de ces lieux. Parfois, des troncs d’arbres refusent d’être transportés et il fallait faire des sacrifices» a narré le président Ouédraogo.

Le palais de Baloum Naaba, pointe toujours le responsable de la cérémonie, est le témoin de l’histoire socio-politique de la Haute-Volta puis du Burkina Faso. En effet, «c’est à ce lieu ci que le colon français venait recruter, de manière forcée ou déguisée, des soldats lors des deux guerres mondiales, celles d’Indochine et d’Algérie et j’en oublie. Également, c’est dans ce palais que se sont fait enrôler les Voltaïques (des Burkinabè à l’époque), des bras valides de l’Afrique occidentale française (AOF), pour les plantations de café et cacao en Côte d’Ivoire et la pose des rails Bamako-Dakar. Aussi, c’est dans ce palais qu’au lendemain de l’indépendance de la Haute-Volta, aujourd’hui le Burkina Faso, le président Maurice Yaméogo a dit au général Sangoulé Lamizana d’initier la première entité de l’Armée nationale», a-t-il énuméré.

Aussi, «suite à la balkanisation de la Haute Volta, en 1932, et répartie entre la Côte d’Ivoire, le Mali et le Niger, le Baloum Naaba, sous l’autorité de Mogho Naaba d’alors, a beaucoup contribué à la restauration du territoire national quatre années plus tard. Cela, en compagnie d’hommes politiques tels Ouézzin Coulibaly, Nazi Boni, Maxime Ouédraogo, Henri Guissou et beaucoup d’autres qui ont œuvré à fédérer ce pays», a ajouté Salif Ouédraogo.

La célébration du centenaire des locaux du Baloum Naaba a été consacrée à des hommages dédiés à ces vaillants aïeux et hommes d’États du Faso. D’où l’appel final du porte-parole de Naaba Tanga II qui plaide, en la personne du chef de Zagtouli, pour un soutien gouvernemental afin de restaurer ledit palais puis de l’inscrire sur la liste du patrimoine culturel national.

Le Baloum Naaba est l’un des quatre principaux ministres du Mogho Naaba, Sa majesté le chef suprême des mossè au Burkina Faso. Il est entouré, lui même, de neuf ministres délégués dont celui de la jeunesse, Rassamb Naaba, de la réconciliation, Manegr Naaba, de la solidarité, Bonsg Naaba ou encore des princes, Nacombs Naaba.

Par Lassané SAWADOGO (Stagiaire)