Accueil Editorial Liberia : Weah favori, Boakai toujours dans le match!

Liberia : Weah favori, Boakai toujours dans le match!

0
George Weah en pole position selon les chiffres provisoires de la présidentielle (Ph. sudouest.fr)

Après une trop longue mi-temps de deux mois, la finale de la compétition pour le fauteuil présidentiel du Libéria a finalement lieu ce mardi 26 décembre. Cette finale tant attendue qui aura lieu non pas dans un stade où l’un des protagonistes à l’habitude de faire la loi, mais dans des bureaux de vote que prendront d’assaut plus de deux millions de Libériens munis non pas de fanions de supporters mais de bulletins de vote. Ces millions d’arbitres de l’élection présidentielle auront le choix entre George Weah, le «gamin des bidonvilles» devenu un dieu du ballon rond mais surtout sénateur et «la voix des sans voix» et Joseph Boakai, l’érudit sorti des universités américaines et vice-président de Ellen John Sirleaf, la première femme chef d’Etat en Afrique et dont le poste est en jeu. Sur la base des scores du premier tour, soit près de 39% pour George Weah et près de 29% pour Boakai et les soutiens importants des anciens adversaires, Charles Brumskine 9,6% et Prince Johnson, l’ancien chef de guerre, 8,2%, on est tenté de croire que le premier ballon d’or africain a plié le match. Sauf que le jeu reste encore entier, car la jeunesse, principal atout de Mister George pourrai bien se muer en handicap sérieux pour lui, en ce lendemain de Noël, fête d’habitude très arrosée, où l’alcool a toujours eu le dernier mot. Résultat, sous l’emprise de Bacchus, les jeunes qui composent la majorité du vivier électoral du favori Weah pourraient bien se dérober à leur devoir de vote, ce qui constituera un lourd préjudice pour leur champion au décompte final.

Malgré le statut de favori de George Weah pour qui le plus grand stade de Monrovia était devenu trop petit pour son dernier meeting alors que son adversaire a dû se contenter d’une parade de voitures, les jeux restent donc ouverts et tout peut arriver. Toutefois, le Libéria peut se réjouir de n’être pas passé par la case annulation du premier tour pour irrégularités qui le guettait et qu’a subi le Kenya. Avoir fait l’économie de cette étape est déjà une victoire pour un pays où la moindre étincelle peut rallumer le feu de la guerre civile qui l’a longtemps dévasté avant que Dame Sirleaf sorte l’extincteur de la paix après une période d’incertitudes. Une chose est certaine, le futur vainqueur de l’élection présidentielle aura la lourde et impérieuse tâche de remettre à flot l’économie chancelante d’un pays pourtant riche en ressources naturelles comme le fer, le diamant, le bois, le café, le cacao, l’hévéa, le palmier à huile, mais miné par la corruption et dont le taux de pauvreté oscille malheureusement autour de 54%.

Après son double essai manqué des présidentielles de 2005 et 2011, George Weah concrétisera-t-il celui de 2017? Les urnes en décideront dans quelques jours. Le Liberia, quoiqu’il arrive doit éviter de replonger dans les pages sombres et sanglantes de son histoire de pays malmené par les guerres civiles. La seule voie de mise pour le Liberia, sera celle de la paix et de la cohésion, dans la recherche de l’intérêt général au détriment des desseins égoïstes et très personnels. En tout cas, la balle n’est forcément pas dans les pieds du footeux George mais bien dans le camp de tous les Libériens qui doivent réussir ce scrutin qui pourrait devenir celui de tous les dangers.

Par Wakat Séra