Accueil A la une Mali: et si IBK reportait ses élections «coronavirusées»?

Mali: et si IBK reportait ses élections «coronavirusées»?

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Le président malien Ibrahim Boubacar Keïta (Ph. dakaractu.com)

Jusque-là épargné par le Covid-19, le Mali est finalement entré dans le cercle très ouvert des pays atteints par le petit virus à couronne. De deux cas positifs détectés dans la nuit du mardi 24, le pays de Ibrahim Boubacar Keïta est passé à quatre, ce jeudi 26 mars. Du coup, des mesures drastiques sont prises par le Mali, à l’instar de ses voisins comme le Burkina Faso avec ses 152 cas et 7 décès et la Côte d’Ivoire avec ses 96 personnes atteintes. L’état d’urgence sanitaire et le couvre-feu sont aussitôt instaurés dans ce pays déjà confronté aux attaques terroristes et aux conflits intercommunautaires. Le Mali vient donc de déclarer une guerre sans merci contre le Covid-19 dont la propagation inquiète sérieusement les pays africains aux systèmes sanitaires d’une précarité alarmante. En plus donc des gestes barrières préconisés par l’OMS et vulgarisés par les autorités sanitaires, tout est mis en œuvre pour contrer la course sans fin du Covid-19. Mais comme un malheur n’arrive jamais seul, le convoi du chef de file de l’opposition malienne, Soumaïla Cissé, en pleine campagne pour les élections législatives du dimanche 29 mars a été attaquée ce mercredi 25. Bilan de cet acte crapuleux attribué aux jihadistes: un mort, quatre blessé et on reste sans nouvelle du président de l’Union pour la république et la démocratie. Coup de tonnerre dans le ciel politique malien. Malgré tout, les autorités maliennes sont catégoriques: le premier tour des élections législatives du dimanche prochain sont maintenues.

Entre coronavirus et disparition du chef de file de l’opposition, les Maliens sont donc appelés aux urnes pour choisir leurs élus. Certes, ces élections qui auraient dû se tenir depuis plusieurs années pour renouveler les 147 membres de l’Assemblée nationale malienne, ont été à plusieurs reprises reportées pour des raisons de l’insécurité notoire qui avait consacré la division de fait du «Maliba» (grand Mali). Mais il faut le dire sans détour, tenir ces élections dans les circonstances actuelles c’est simplement accentuer les risques de contagion en masse. C’est même suicidaire pour le Mali d’aller voter dimanche, vu la prouesse de mobilité extraordinaire du virus qui a mis à ses pieds, les plus puissants de cette planète.  Si les meetings et autres rencontres de campagne électorales ont été de véritables foyers de contagion, ils auront, sans aucun doute, pour prolongements les bureaux de vote, qui constitueront une occasion que ne manquera pas de saisir «Monsieur Corona», comme l’appelle certains internautes, pour contaminer à la pelle. Même si comparaison n’est pas raison, la France a été contrainte de reporter sine die, le 16 mars dernier, le deuxième tour des élections municipales, après avoir tenu le premier tour. Un entêtement qui ne lui a certainement pas porté bonheur, vu la montée en flèche des cas et décès dus au coronavirus. Le moins que l’on puisse dire, c’est que IBK, qui veut peut-être surfer sur ses initiatives de reconquête de ses territoires aux mains des jihadistes, notamment Kidal, maintient lui, les législatives de dimanche. Cette décision n’est ni plus, ni moins qu’insensée. A moins que Ibrahim Boubacar Keïta veuille profiter de la peur du coronavirus, comme son homologue guinéen, Alpha Condé, qui vient d’organiser à huis-clos, loin des regards des traditionnels observateurs, le double scrutin, législatives et référendum constitutionnel, très contesté et ensanglanté.

Le plus urgent au Mali, c’est bloquer la progression du Covid-19 et, considération morale oblige, retrouver sain et sauf, Soumaïla Cissé, même si c’est l’opposant le plus redoutable actuellement. Question: pourquoi prendre des mesures aussi fortes contre la maladie qui défie le monde entier et tenir des élections qui ont, du reste, connu plusieurs reports sans avoir arrêter la vie au Mali? Pourtant, le Covid-19, lui bloque tout! Et ça IBK doit le savoir!

Par Wakat Séra