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Procès du putsch manqué: poursuite de l’audition de Damiss

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Photo d'archives

Le journaliste Adama Ouédraogo dit Damis, directeur de publication du mensuel «Le Dossier» et ex-chef du desk politique du doyen des quotidiens burkinabè, «L’Observateur Paalga», a déclaré, le mardi 9 octobre 2018, avoir été au camp Naba Koom II de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP), pour des raisons journalistiques. Mais la partie civile a soutenu ce mercredi 10 octobre 2018, n’avoir pas été convaincue par la déclaration de M. Ouédraogo. Elle note qu’en réalité, cet accusé s’y est retrouvé dans la nuit du 16 au 17 septembre 2015, en tant qu’ «acteur politique».

Me Séraphin Somé de la partie civile, après avoir écouté la déposition de Adama Ouédraogo dit Damis, a conclu que cet inculpé ne s’est pas rendu au camp du RSP «en tant que journaliste, mais en tant qu’acteur politique».

Il a indiqué que si le journaliste était à Naba Koom pour des raisons journalistiques, le fait qu’il a pu avoir accès au camp au moment où des gens se posaient des questions sur ce qui se passait, il allait faire son travail de journaliste qui est de chercher à collecter des informations et de rédiger «ne serait-ce qu’un petit papier». «Mais non, il n’a rien fait de tel», a dit Me Somé.

S’appuyant sur les déclarations du général Gilbert Diendéré, la partie civile a laissé entendre que le journaliste a été avant et pendant les événements et que la somme d’un million qu’il a reçue de la part du général Djibrill Bassolé n’est pas un élément isolé. Pour elle cela a un lien avec ce qui s’est passé le 16 septembre 2015 et les jours suivants. «C’est un honoraire du travail abattu» par M. Ouédraogo, a affirmé Me séraphin Somé.

L’accusé en répondant aux questions et observation des avocats de la partie civile à ce procès qui a débuté fin février 2018, a soutenu qu’il a été au camp Naba Koom II sur initiative personnelle, donc il n’avait pas d’obligation de résultat car il était en congé. Pour s’expliquer sur les raisons pour lesquelles il n’a pas fait un papier, Adama Ouédraogo a déclaré que ce qu’il a entendu sur place n’était pas nouveau et il n’y avait pas matière à produire un article.

En ce qui concerne la rédaction de la déclaration de prise du pouvoir, il est resté sur sa position, faisant savoir qu’il n’a rien rédigé ni corrigé.

Selon le parquet M. Ouédraogo n’est pas constant dans ses dépositions. Revenant sur la présence du journaliste au camp Naba Koom, le procureur militaire a indiqué que Damiss a eu à déclarer devant la chambre de contrôle de l’instruction, que le 16 septembre 2015, il a contacté le général Diendéré après 22h (GMT). Le général lui aurait dit qu’il était en réunion. Ainsi le journaliste Adama Ouédraogo a confié avoir décidé de se rendre à la présidence dans le but de le rencontrer. Et c’est une fois au camp qu’il aurait su qu’il y avait une médiation.

Pour ses conseils, le parquet n’a pas d’éléments de preuve pour charger son client. «L’accusation ne tient pas», a soutenu l’un de ses avocats, Me Mahamouda Bambara, notant qu’on ne peut pas utiliser les déclarations d’autres accusés contre leur client.

L’audience a été suspendue à 16h50 et reprendra le lundi 15 octobre 2018, avec la poursuite de l’audition du journaliste Adama Ouédraogo dit Damiss.

Par Daouda ZONGO