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Putsch de 2015 au Burkina: le général Diomandé de la Côte d’Ivoire est-il le pourvoyeur des 50 millions F CFA ?

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En septembre 2015, un coup d’Etat manqué perpétré par des éléments de l’ex-garde présidentielle burkinabè (RSP), a interrompu durant plus d’une semaine, la marche de la transition qui était présidée par le diplomate Michel Kafando. Durant cette période un hélicoptère de la Base aérienne affrété par le général Gilbert Diendéré, premier responsable du Conseil national pour la Démocratie (CND), s’est rendu à la frontière Burkina-Côte d’Ivoire pour y récupérer du matériel de maintien de l’ordre et en même temps un sac d’argent provenant de ce pays voisin. Selon le général Diendéré, le sac contenant une somme de 50 millions F CFA, qui a été remis par la suite à l’ex-deuxième vice-président du Congrès pour la Démocratie et le Progrès (CDP), Léonce Koné, aurait été envoyé par le chef d’Etat-major particulier de la présidence ivoirienne, le général Vagondo Diomandé.

Au cours de la mission de récupération du matériel de maintien d’ordre, le 19 septembre 2015, le général Diomandé aurait informé au général Diendéré qu’ «il avait un colis pour Léonce Koné». Selon le président du CND, dans sa déposition, il n’avait pas dit, au préalable, à M. Koné qu’il y avait une mission à la frontière ivoirienne.  

Le général Vagondo Diomandé est-il le pourvoyeur de la cagnotte de 50 millions F CFA qui aurait pu servir à organiser des manifestations pour soutenir le coup d’Etat ? Pour l’accusé Léonce Koné qui est à la barre, ce mercredi 17 octobre 2018, pour sa deuxième journée d’interrogatoire, il n’en est pas le pourvoyeur.

Depuis la première journée de son audition, il clame que les 50 millions émanent d’une collecte faite auprès de ses amis qui résident en Côte d’Ivoire et dans la sous-région et qu’elle était destinée à des fins politiques. «L’argent n’a pas été mobilisé pour soutenir le putsch», a-t-il soutenu, notant par contre qu’ «il n’est pas exclu qu’une partie ait pu servir à l’organisation  des manifestations du parti (CDP)» dans la période du coup d’Etat.

Même si l’inculpé ne charge pas le général Vagondo Diomandé et refuse de dévoiler les identités des donateurs des 50 millions FCFA, Me Prosper Farama, quant à lui, a fait savoir au tribunal, que «jusqu’à présent, au regard des éléments du dossier et de l’instruction à la barre, il n’y a qu’un seul expéditeur de l’argent et c’est le général Diomandé». Pour lui, le chef d’état-major particulier de la présidence ivoirienne est «le pourvoyeur des fonds et du matériel de maintien de l’ordre».

«A la lumière des éléments, les putschistes ont reçu de l’argent et du matériel militaire venant du général Diomandé, donc d’une puissance extérieure», a insisté Me Farama.

«Il n’y a aucune raison que le général Diomandé soit le pourvoyeur» de l’argent, a répliqué Léonce Koné qui soutient qu’il n’y a pas de liens entre eux. Pour lui, si l’argent est passé par le chef d’état-major particulier de la présidence ivoirienne, c’est peut-être, parce que les donateurs ont constaté que les banques au Burkina, au moment des événements, n’étaient pas fonctionnelles.

L’accusé a reconnu que son parti a appelé ses militants à manifester, mais «pacifiquement», pour montrer aux yeux des médiateurs de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), qu’il y a des gens qui sont pour l’inclusion, l’organisation des élections démocratiques auxquelles prendront part toutes les forces politiques sans exception, comme l’a indiqué le CND dans sa déclaration de prise du pouvoir.

Si des manifestants contre le putsch ont été frappés et dispersés sous «des tirs de sommation» par des militaires de l’ex-garde présidentielle burkinabè, ceux qui étaient dans les rues pour montrer leur soutien aux putschistes, n’ont pas été inquiétés, selon les différentes dépositions à la barre.

Il est à noter que le CDP, son parti, en plus de son appel à manifester, a fait une déclaration au moment des faits pour exprimer son approbation vis-à vis de ce qui s’est passé le 16 septembre 2015, notamment l’interruption de la transition, sous laquelle une loi a été votée pour exclure des dignitaires de cette formation politique de l’élection présidentielle 2015.

L’audience a été suspendue autour de 16h45 et reprendra le vendredi 19 octobre 2018.

Par Daouda ZONGO