Accueil A la une 3è mandat de Alassane Ouattara: la semaine de toutes les incertitudes

3è mandat de Alassane Ouattara: la semaine de toutes les incertitudes

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Le président ivoirien, Alassane Ouattara

Les échauffements avant la présidentielle du 31 octobre 2020, commencent sans doute à prendre une autre tournure. Des retraits, forcés ou volontaires, d’opposants de la course à l’élection, se conjuguent avec les déclarations guerrières des acteurs du parti au pouvoir et de l’opposition, pour faire peser sur ce scrutin, les plus grosses inquiétudes, qui renvoient les Ivoiriens aux tristes souvenirs de la crise postélectorale de 2010-2011 qui a fait plus de 3 000 morts et d’énormes dégâts infrastructurels. C’est ainsi, dans le sang, que Alassane Dramane Ouattara est venu au pouvoir. Et c’est ce climat de violences meurtrières qui renaît, avec la volonté, jusqu’ici immuable, du «Prado», d’aller à un troisième mandat interdit par la constitution.

L’ancien opposant, qui a épuisé ses deux quinquennats qui ont redonné des couleurs à la Côte d’Ivoire, après les périodes d’instabilité qu’elle a connues, n’entend pas lâcher le pouvoir, malgré les appels de son opposition et de la société civile ivoirienne, et même de la communauté internationale, à maintenir le statut de paix et de respect de la démocratie, gages incontournables de cette émergence dont il s’est fait le chantre. Sauf que les temps nouveaux ne s’accommodent plus de ces passages en force, aussi dangereux que les coups d’Etat militaires, qui débouchent sur les longs règnes qui font le lit au chaos et inhibent toute marche vers le développement.

C’est ainsi que les poids lourds de l’opposition que ADO a mis sur la touche, par le biais d’une justice et d’institutions électorales aux ordres, sont vent debout contre son troisième mandat, que lui essaie de faire passer, en vain, pour le premier de la troisième république, suite au jeu subtile d’une nouvelle constitution qu’il a instaurée. Cette semaine du 5 octobre, réunit, en tout cas, tous les ingrédients des violences que les Ivoiriens redoutent tant, malgré la sérénité que les dirigeants arborent. Unis sous la même bannière de la contestation, les opposants, réitèrent comme l’arme décisive pour contraindre ADO à abdiquer, la désobéissance civile et les marches pacifiques, que le pouvoir a interdites, par ailleurs. Du coup, la marmite ivoirienne, à l’instar d’une cocotte-minute siffle depuis plus d’un mois et pourrait bien exploser ces jours-ci, notamment avec la grande manifestation prévue pour le samedi 10 octobre prochain au «Félicia», le stade qui porte, le nom du vénéré père de la nation ivoirienne, Félix Houphouët Boigny.

Ils le clament tous, de Henri Konan Bédié, à Guillaume Soro, et Simone Gbagbo, en passant par Pascal Affi N’Guessan, et autres, que cette échéance du 31 octobre ne tiendra pas. En lieu et place, et comme des structures respectables comme International Crisis Group et la communauté internationale, ils suggèrent un report qui servira, à un dialogue politique inclusif et à la mise à plat et reconstitution des institutions comme la Commission électorale indépendante (CEI) et le conseil constitutionnel qu’ils accusent de jouer le jeu de Alassane Ouattara, 78 ans, qui veut s’ouvrir, à moins d’un dernier revirement, souhaité par le plus grand nombre, un boulevard vers une présidence à vie.

La Côte d’Ivoire, par la faute de celui qui se fait passer pour «ADO la solution», retombera-t-elle dans les travers de la guerre civile, vu que ces marches pacifiques, dont le pouvoir ne veut entendre parler et qui ont déjà fait passer de vie à trépas, officiellement une quinzaine d’Ivoiriens, risquent de dégénérer? La probabilité est très forte, et «ADO le problème», en portera seul la responsabilité, car ses zélateurs, lorsque le vent changera de direction, iront voir ailleurs, une prouesse dont ils sont passés maître incontestables. Il faut sauver l’éléphant en danger, pour la paix en Côte d’Ivoire. Mais surtout en Afrique de l’ouest, dont on dit, à raison, que les pays sont enrhumés, lorsque la Côte d’Ivoire éternue. ADO, comme le chante si bien DJ KEROZEN, «le bonheur que tu cherches là, ça dépend de toi».

Par Wakat Séra