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Burkina: que retenir du discours du président MPSR?

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Le lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba

Le président du Mouvement patriotique pour la Sauvegarde et la Restauration, le lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba, quatre jours après sa prise du pouvoir à la suite du coup d’Etat perpétré contre le régime du Mouvement du Peuple pour le progrès (MPP), s’est adressé dans la soirée du jeudi 27 janvier 2022, à la Nation burkinabè, à la télévision nationale. Dans cet article, nous mettrons en exergue cinq points saillants du tout premier discours du tombeur du président Roch Marc Christian Kaboré.

Les habitants de la capitale burkinabè se sont réveillés le dimanche 23 janvier 2022 par des coups de fusils qui ont retenti dans des casernes. La situation a vite évolué au lendemain des mouvements des mutins qui ont contraint le président Roch Kaboré à la démission forcée. C’est dans ce contexte que le jeudi 27 janvier, le chef de la junte militaire au pouvoir s’est adressé au peuple.

Dès l’entame de son discours, le lieutenant-colonel Damiba est revenu la situation nationale fortement dégradée depuis plus de six ans par les attaques armées des différents groupes terroristes qui ont endeuillé des centaines de militaires et des civils. Les terroristes ont tué, pillé, vandalisé et saccagé des infrastructures administratives avec des « méthodes cyniques, lâches et perfides» qui ont même « fait douter le peuple » burkinabè. Il s’est, par la suite, recueilli sur la « mémoire » des femmes et des hommes, dont « le sang a mouillé le sol de notre Patrie » dans cette guerre dite asymétrique tout en ayant également une pensée les blessés qui luttent pour retrouver la plénitude de leurs aptitudes, ainsi qu’aux familles de ces victimes à qui il a dressé toute sa compassion et son soutien.

Voilà la raison qui a poussé les militaires à renverser le pouvoir MPP

«L’avènement du MPSR a été imposé par le cours des évènements dans notre pays, fragilisé par tant d’évènements et assailli de toutes parts par des groupes armés radicaux », a justifié le leader du MPSR qui a martelé que « la gravité de l’heure » a imposé à l’armée une « attitude que lui impose son devoir ».

A en croire le président du MPSR, leur ambition n’est autre que de « fédérer l’ensemble des énergies » du pays pour « jeter les bases d’un Burkina Faso nouveau, débarrassé des oripeaux d’une gestion politique aux antipodes des nouvelles aspirations de notre peuple ». Pour lui, leur agenda est unique et il est clair. C’est « la sauvegarde » du peuple burkinabè et « la refondation de la Nation ».

Le putsch contre le régime MPP, « une opportunité »

Les nouvelles autorités estiment que l’avènement du MPSR, est « une grande opportunité pour réconcilier (le) peuple (burkinabè) avec lui-même et déclencher sa marche triomphale vers l’horizon du bonheur », comme le stipule un passage de l’hymne national. Le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba s’est engagé à cet effet « à convoquer les forces vives de la Nation pour convenir d’une feuille de route qui aura pour but de projeter et réaliser le redressement, voulu par tous les Burkinabè ».

A l’en croire, « le cultivateur qui n’a rien récolté la saison dernière, ou celui qui a assisté au vol de son bétail, ou encore les femmes chefs de ménage qui peinent à nourrir au quotidien leurs enfants seront pris en compte » dans le redressement que lui et ses camarades du MPSR veulent réaliser. « Je serai à l’écoute de toutes les femmes et de tous les hommes, de tous les patriotes qui s’engageront honnêtement et de façon sincère et désintéressée à l’édification d’un Burkina Faso prospère et paisible », a-t-il soutenu.

Le nouvel homme fort du Burkina Faso met d’ores et déjà « en garde tous ceux qui ne seront guidés que par leurs intérêts égoïstes », qu’il sera « intraitable face aux actes de trahison des aspirations de notre peuple ».

La lutte contre le terrorisme, la priorité des priorités des militaires

Le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba a rassuré le peuple burkinabè que « si les priorités sont nombreuses, il est clair que la priorité principale demeure la sécurité ». Alors, il s’est engagé à travailler à « réduire significativement les zones sous influence terroriste et les impacts de l’extrémisme violent en redonnant aux Forces de défense et de Sécurité ainsi qu’aux Volontaires pour la Défense de la Patrie, la volonté de combattre et d’aller encore plus à l’offensive avec des moyens adéquats ». Ceci est un « préalable indispensable au retour progressif de l’Administration publique et à la réinstallation des Personnes Déplacées Internes dans leurs villages d’origine », a-t-il affirmé avec force du haut du parloir dressé sous le hall du palais présidentiel, Kosyam.

L’officier militaire a souligné qu’au-delà des indispensables moyens logistiques, « il nous faudra faire appel aux valeurs qui ont fait de notre peuple ce qu’il est » car « aucun char, aucun avion de chasse, aucune arme ne vaut l’amour pour la Patrie ». Il s’est dit « convaincu que c’est cet amour qui fera la décision et qui fera gagner (au Burkina) cette guerre ».

C’est pourquoi, il a appelé toutes les composantes des Forces de Défense et de Sécurité et les Volontaires pour la Défense de la Patrie à se mettre en ordre de marche pour la reconquête de notre territoire dans l’union et la cohésion, et avec le soutien de tout le peuple burkinabè (pour) relever » la lutte contre les attaques armées qui ont provoqué un déplacement massif de plus populations estimées à plus d’un million et demi.

La junte au pouvoir demande la clémence de la communauté internationale

Le Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR) compte sur la compréhension de la communauté pour refonder le Burkina Faso. « En ces moments particulièrement difficiles pour notre pays, le Burkina Faso a plus que jamais besoin de ses partenaires. C’est pourquoi j’appelle la communauté internationale à accompagner notre pays afin qu’il puisse sortir le plus rapidement possible de cette crise pour reprendre sa marche vers le développement », a-t-il lancé à l’endroit des partenaires et des amis du peuple burkinabè.

Le lieutenant-colonel Damiba dit « comprendre les doutes légitimes suscités par cette rupture dans la marche normale de l’État ». Mais, a-t-il poursuivi, « je voudrais rassurer l’ensemble des amis du Burkina Faso que le pays continuera de respecter ses engagements internationaux, notamment en ce qui concerne le respect des Droits de l’Homme ».

Il a rassuré que le fonctionnement de la Justice sera « assuré dans le strict respect de son indépendance ».

La junte au pouvoir veut « améliorer la gouvernance sur tous les plans »

Le président du MPSR a signifié que le nouvel ordre enclenché pour la réalisation d’un Burkina Faso refondé depuis leur arrivée au pouvoir nécessitera des Burkinabè, de « gros efforts individuels et collectifs et certainement des sacrifices ». En effet, les militaires veulent lutter contre la mal gouvernance. Leur leader a prévenu que « chacun d’entre nous mettra de côté ses intérêts personnels pour laisser place à l’intérêt de tous » car la nouvelle Nation prospère tant souhaitée par tous impliquera « immanquablement une amélioration de la gouvernance sur tous les plans ».

Aussi, « elle demandera de chaque Burkinabè courage, désintéressement et détermination. Courage pour faire face aux épreuves liées à ce type d’épopée. Désintéressement pour faire du service pour la Patrie un sacerdoce. Et, détermination pour poursuivre le chemin malgré les difficultés », a expliqué le lieutenant-colonel Damiba qui a estimé que « le moment que nous vivons est une opportunité ». C’est la raison pour laquelle il a appelé les Burkinabè à « la saisir quoi qu’il advienne parce que c’est le devenir » du pays des « Hommes intègres » qui en dépend.

Par Bernard BOUGOUM