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Affaire Adama Siguiré: le dossier renvoyé de nouveau

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L'écrivain professionnel Adama Siguiré

Le dossier de l’« Ecrivain professionnel » burkinabè, Adama Siguiré, accusé par la Confédération Générale du Travail du Burkina (CGT-B), de « diffamation », a été de nouveau renvoyé, ce lundi 29 janvier 2024, à la demande de la partie défenderesse en vue de permettre à leurs confrères du Mali et du Niger qui se sont constitués à leurs côtés, de s’imprégner de l’affaire. Le prochain rendez-vous pour la tenue du procès est fixé au 26 février 2024.

Après un premier renvoi en vue de permettre à la partie défenderesse de mieux se préparer, et ce, pour une « bonne administration de la justice », l’affaire Adama Siguiré opposé à la Confédération général du travail du Burkina (CGT-B), a connu sa première audience ce lundi 29 janvier 2024. Mais, dès, l’entame des débats, les Conseils de M. Siguiré qui ont évoqué la connexité des quatre infractions pour lesquelles leur client est poursuivi, ont demandé de mettre tous les dossiers ensemble pour les juger car ils ont le même rapport.

Le procureur et ensuite le juge sont allés dans leur sens. Ainsi le tribunal a demandé de faire la jonction des quatre infractions en un.

Me Kirsi Traoré, Conseil de Adama Siguiré

« Pour nous les avocats de Adama Siguiré, les quatre plaintes ont le même rapport parce que tout tourne autour du meeting que la CGT-B devait organiser le 31 octobre 2023. C’est de là que tout est parti car toutes ses publications tournent autour de ça. Donc pour nous, ce sont des situations qui sont liées », a déclaré Me Kirsi Traoré.

Les avocats de Adama Siguiré qui se fait appeler « Ecrivain professionnel », ont deuxièmement, demandé un renvoi du dossier en vue de permettre à deux de leurs confrères du Mali et du Niger qui se sont joints au collectif d’avocats de prendre connaissance du dossier. « On a des avocats venus du Mali et du Niger pour se joindre aux avocats qui sont sur place au Burkina qui défendent monsieur Siguiré. Comme ils sont arrivés juste le week-end, ils n’ont pas eu assez de temps pour une séance de travail, aussi bien avec Siguiré lui-même qu’avec les avocats sur place que nous sommes, donc ils ont suggéré, si ça ne dérange pas le tribunal et les plaignants, qu’on puisse leur permettre d’être prêt », a justifié M. Traoré.

Les avocats de la CGT-B ne sont pas opposés au report demandé par la défense. Pour Me Prosper Farama, lui et ses confrères ne se sont pas opposés par principe pour permettre à deux nouveaux avocats de l’affaire de préparer correctement leur dossier. « Nous avons estimé que par esprit de confraternité et surtout par esprit d’équité, de loyauté parce que nous voulons un combat équilibré, équitable ou toutes les parties sont à armes égale, il ne fallait pas s’opposer », a soutenu M. Farama.

Quant à la jonction des différentes infractions retenues contre Adama Siguiré, Me Farama a estimé que la question qui s’est posée sur la connexité en leur sens ne tient pas la route. « Monsieur Siguiré a fait plusieurs déclarations, les unes, qui, pour nous, n’a aucun rapport avec les autres. Pour nous il n’y a pas de connexité possible. Sauf que le juge a estimé que ça pouvait être jugé ensemble », a-t-il déclaré.

Il a fait savoir que ses confrères et lui « respectent » la décision du juge, ce d’autant que pour eux, l’important est qu’ils aient en face d’eux, Adama Siguiré avec leur client pour qu’il puisse leur apporter les preuves de ce qu’il a affirmé. « Quand il dit que la CGT-B est rentré en contact avec des Burkinabè de l’extérieur (ou) avec des pouvoirs impérialistes, qu’il a reçu l’argent pour déstabiliser la transition, c’est très grave. Notamment, dire cela à l’encontre d’une structure comme la CGT-B qui s’est toujours prévalue être une structure anti-impérialiste, vous voyez ce que ça peut faire sur son image. Dire qu’elle fait la promotion de la fainéantise, c’est assez grave », a-t-il soutenu.

Selon lui, les propos tenus par l’ »Ecrivain professionnel » ne sont pas justes des opinions comme le disent ses avocats mais des « accusations » visant à ternir l’image de ceux qu’il accuse ou de leurs organisations.

A cette audience, le secrétaire général de la CGT-B, Moussa Diallo, n’a pas été aperçu. Son avocat donne les raisons. « Ce matin, quand j’ai été appelé par mon client, j’ai fait un tour chez lui à domicile, quand je suis arrivé devant son portail, j’ai vu des gens autour de sa concession en civil, j’avais deux témoins avec moi. Il n’y avait aucune autorité avec une tenue. On ne peut pas me dire que ça c’est une interpellation. Si on convoque M. Diallo de venir répondre des faits, et on lui dit les faits qui lui sont reprochés, il répondra. Il n’est pas au-dessus de la loi, comme personne d’autre d’ailleurs », a-t-il réagi sur l’alerte qu’avait lancé M. Diallo, dans la matinée, disant que la Police forçait son portail.

« Ce qui se passe actuellement nous inquiète tous à plus d’un titre. Nous en sommes arrivés à une situation où moi je crains que demain, on n’est plus fois en nos autorités judiciaires », a enchaîné Me Prosper Farama qui demande qu’on ne fasse pas d’amalgame. « Nous, nous n’empêchons personne, notamment une autorité judiciaire de lancer des poursuites, ni contre un avocat, ni contre notre client même s’il est le SG de la CGT-B », a-t-il dit.

Il a continué en ces termes : « Ce que nous demandons, et nous avons toujours insisté, ça fait 20 à 30 ans que nous insistons sur cette question. Nous sommes dans un État de droit et le président a prêté serment sur la Constitution. Dans la déclaration de départ, il a été dit que le président s’engageait à respecter la Constitution, à respecter la loi et le droit. Donc, tout le monde, que ce soient les juges, les militaires, les journalistes, les civils, les avocats, nous devons tout faire pour respecter cela ».

« Si on reproche quelque chose à un avocat, à un journaliste, à un ministre, au Secrétaire général de la CGT-B, ce qu’il faut faire, c’est respecté juste la procédure. Si on respecte la procédure, sur le fond, écouter, s’il y a des arguments, des éléments contre lui pour le condamner, tout le monde verra, on le condamnera », a commenté l’avocat qui a estimé qu’actuellement, le message que les Burkinabè doivent passer, qu’ils soient intellectuels ou pas, « c’est de respecter la loi ».

Pour lui, « la loi et la justice, même si elles sont imparfaites, soient notre seule guide sinon nous allons dans le décor total et absolu. Ca c’est ma conviction ».

Par Bernard BOUGOUM