Accueil Editorial Attaques de Ouagadougou: quatre jours après…le flou persiste!

Attaques de Ouagadougou: quatre jours après…le flou persiste!

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Ils seront portés en terre ce mercredi 7 mars 2018. Ils seront accompagnés à leur dernière demeure par une foule nombreuse de parents, amis, et collègues, les larmes aux yeux et l’âme meurtrie. Ils recevront les honneurs à l’aune de cette bravoure qui les a amenés à défendre la patrie, et la France jusqu’au sacrifice suprême. Les huit éléments des Forces de défense et de sécurité burkinabè qui ont perdu la vie dans une guerre asymétrique dont ils ne se sont frottés aux règles dans aucune école militaire, laissent les leurs dans la douleur mais surtout dans un flou où se croisent et s’entrechoquent mille et une contradictions sur les circonstances de leur tragique disparition. 96 heures après la double et odieuse attaque de l’ambassade de France au Burkina Faso et l’état-major général des armées, plusieurs versions et chiffres, officiels ou non, se marchent dessus, au grand dam des populations et des familles endeuillées dont la soif de savoir ce qui s’est réellement passé est loin d’être assouvie. Pire, alors que les uns et les autres étaient maintenant certains que les assaillants avaient pu tromper la vigilance des militaires de faction devant le Saint des saints de l’armée en se faisant passer pour leurs frères d’arme, la procureure du Faso, prend le contre-pied magistral de cette circonstance atténuante. Maïza Sérémé est formelle, aucun des assaillants n’étrennait une tenue militaire, «terre du Burkina», comme annoncé auparavant. De même, les assassins ambulants qui font croire qu’ils accomplissent leur entreprise sordide au nom de Dieu, ne s’exprimaient pas en mooré et en fulfuldé, langues burkinabè respectivement parlées par les Mossé et les Peuhls, mais en Bambara et en Arabe.

Comme si la guerre des chiffres sur le nombre de morts dans les rangs des forces loyalistes établi à 28 par des médias internationaux citant des sources sécuritaires, mais que les autorités burkinabè avaient formellement ramené à 7 et que le chef d’Etat-major  et la procureure ont remonté d’un cran, n’expliquait pas assez le flou de la situation, il a même fallu, ajouter un «incident» dans lequel un individu a trouvé la mort vers le palais présidentiel. Si d’aucun parle de bavure militaire dans cette affaire sur l’affaire, il faut préciser que le chef d’Etat-major particulier du président du Faso a clairement signifié que le macchabée qui a été évacué à la morgue du Centre hospitalier et universitaire Yalgado Ouédraogo est celui d’un homme arrêté parce que n’ayant pas obtempéré aux sommations des gardes et ensuite abattu parce qu’il aurait tenté de se saisir de l’arme d’un de ses surveillants. La fébrilité et surtout la psychose sont sans doute passées par là. S’il faut saluer une fois de plus le courage et la célérité de riposte des Forces de défenses et de la sécurité Burkinabè, on peut cependant se permettre de déplorer ce mini cafouillis qui fait que les investigations avancent à pas de tortue. Pourtant, les progrès technologiques qui ont fait leurs preuves ailleurs ne manquent pas au Burkina, où il est encore impossible de reconstituer en un temps record, la traçabilité des véhicules et moto utilisées. Et bien évidemment, l’identité des assaillants est inconnue.

Résultat des courses, on nage toujours dans les spéculations et autres accusations gratuites qui inondent surtout la toile. En tout cas les Sherlock Holmes  burkinabè et français sont toujours à pieds d’œuvre, et donc les investigations se poursuivent, peut-être jusqu’à l’effacement de certaines preuves importantes qu’il faut récolter dans le feu de l’action. Dans l’attente, les populations angoissées continuent, à raison, de suspecter, qui le boutiquier d’une certaine couleur de peau, qui le collègue de bureau, qui encore le voisin de quartier ou circulation au comportement «bizarre». Vite la lumière et que chaque Burkinabè, sans verser dans l’inquisition, soit un agent de renseignements, afin qu’une veille constante nous évite la tragédie du vendredi noir du 2 mars 2018.

Par Wakat Séra