Accueil A la une Burkina: des syndicats exigent « des moyens d’auto-défense (…) pour les populations »

Burkina: des syndicats exigent « des moyens d’auto-défense (…) pour les populations »

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Photo d'illustration

Dans la déclaration suivante à l’occasion du 7e anniversaire de la « résistance victorieuse au putsch du 16 septembre 2015 », l’Union d’action syndicale (UAS) « exige des moyens d’auto-défense (armes et formation) pour les populations », en raison du contexte sécuritaire qui est celui du Burkina Faso.

Hier vendredi 16 septembre 2022, le peuple burkinabè commémorait le 7e anniversaire de la résistance populaire au putsch du général DIENDERE du 16 septembre 2015. Cette résistance a été l’œuvre du peuple à travers des manifestations populaires et l’érection de barricades conduites par la jeunesse et impliquant les femmes dans certaines localités. Le mouvement syndical a apporté sa contribution à cette résistance en conduisant une grève générale qui a paralysé l’administration, les sociétés privées et la vie économique.

Cette réaction populaire a surpris les putschistes et les a contraints à la reddition le 23 septembre 2015.

Nous commémorons aujourd’hui l’anniversaire de la résistance au coup d’Etat du 16 septembre 2015 dans un contexte national très difficile pour notre pays et particulièrement marqué par l’avènement du Mouvement Patriotique pour la Sauvegarde et la Restauration (MPSR) suite au coup d’Etat du 24 janvier 2022. Le MPSR a justifié son coup d’Etat par l’incapacité du pouvoir du MPP et de ses alliés à faire face à la crise sécuritaire. Près de huit (08) mois après la prise du pouvoir d’Etat par le MPSR, la situation sécuritaire ne sait guère améliorée. Bien au contraire, elle s’est aggravée au point de se muer en une guerre civile réactionnaire, révélant ainsi aux yeux du peuple l’incapacité notoire du pouvoir du MPSR à juguler la crise sécuritaire qui menace à présent les fondements même de l’Etat.

Une vue des responsables des syndicats

C’est dans ce contexte de guerre civile réactionnaire aggravé par une inflation jamais égalée au Burkina Faso (plus de 18% de taux d’inflation) que le Président du Faso, Paul-Henri Sandaogo DAMIBA a fait un bilan de sa gestion chaotique de la crise, le 04 septembre 2022, au cours d’une adresse solennelle à la nation. Conscient de la vacuité de son bilan, il s’en est, au cours de cette adresse, pris au vaillant peuple burkinabè en le traitant de peuple « laissé à lui-même, balloté de toutes parts, par les officines obscures cachées derrière certaines technologies, et gavé d’informations alarmistes par certains médias devenus de dangereux outils de subversion ». Bien plus, il affirme que le vaillant peuple burkinabè « n’a plus de repère et n’arrive, ni à se mobiliser derrière son armée, ni à se révolter contre l’ennemi ». Et pire, celui-ci « a troqué ses capacités de résilience contre un assistanat continu », est « en quête permanente de bouc-émissaire » et « est en train de perdre son âme mais ne s’en rend même pas compte ».

Ce que son Excellence monsieur le Président du Faso, ne comprend pas, et peut-être ne veut pas comprendre, c’est qu’il n’a pas requis l’avis du peuple avant de prendre le pouvoir le 24 janvier 2022 par un coup d’Etat. Quand il faisait sa promesse de faire son bilan après cinq mois de gouvernance, il n’avait pas dit qu’il comptait sur le peule pour gagner la guerre contre le terrorisme. Ce n’est qu’au bilan, qu’il nous informe qu’il comptait sur le peuple pour gagner cette guerre alors même qu’il ne l’a pas impliqué conséquemment dans cette guerre en lui donnant les moyens et en le formant pour s’auto-défendre.

S’il y a quelqu’un qui cherche un bouc-émissaire à son échec cuisant dans la lutte contre le terrorisme, c’est bien lui et son gouvernement MPSR et alliés. Il ferait mieux de se remettre en cause et de chercher les voies et moyens les meilleurs pour gagner la guerre contre le terrorisme au lieu de s’en prendre au peuple qui n’a que trop souffert le martyr depuis son accession au pouvoir. Il doit se souvenir que c’est le même peuple qui a résisté en 2015 contre le putsch de type fasciste du RSP qui est toujours là et sait prendre ses responsabilités quand la situation l’exige.

Au regard de ce qui précède, l’UAS :

  • salue la mémoire des martyrs de la résistance populaire au putsch du 16 septembre 2015 ;
  • rappelle et salue l’action des militaires patriotes notamment les troupes qui sont descendues des régions à Ouagadougou, contraignant la hiérarchie militaire à s’assumer ;
  • exige la tenue du procès des martyrs du putsch du 16 septembre 2015 ;
  • exige la prise de mesures idoines pour soulager la souffrance des personnes déplacées internes, des familles des victimes du terrorisme et de l’ensemble des populations qui croupissent sous le poids de la vie chère ;
  • exige des moyens d’auto-défense (armes et formation) pour les populations;
  • encourage les différentes couches du peuple à s’organiser pour résister contre les attaques terroristes.

Fait à Ouagadougou, le 17 septembre 2022

Ont signé

Le Président de mois des centrales syndicales

El Hadj Inoussa NANA

Secrétaire Général / FO/UNS

Le Président de mois des syndicats autonomes

Alain SOME

Secrétaire Général/SYNTRAPOST