Accueil A la une Burkina: les enjeux du management des policiers au front

Burkina: les enjeux du management des policiers au front

0
Photo après l'ouverture de la conférence annuelle des commissaires de Police nationale

Le ministre burkinabè de l’Administration Territoriale, de la Décentralisation et de la Sécurité (MATDS), Emile Zerbo, a ouvert, le jeudi 18 avril 2024, la conférence annuelle des commissaires de Police nationale portant sur le thème: «Management des ressources humaines à la police nationale dans le contexte de lutte contre le terrorisme». Durant deux jours, ces cadres de la Police burkinabè vont examiner sans complaisance, à Ouagadougou, les enjeux du management des personnels de police déployés sur les fronts de combats en vue de la reconquête de l’ensemble du territoire, engagée par les autorités de la transition.

Pour la deuxième fois consécutive, l’instance décisionnelle de la Police nationale du Burkina Faso se donne rendez-vous pour s’inviter à la réflexion autour des problématiques à prendre en compte dans la logique des réformes institutionnelles en lien avec le contexte sécuritaire qui prévaut, à travers son organe statutaire qu’est la Conférence des Commissaires de Police. Ainsi, pendant deux jours, au moins 300 commissaires de la Police nationale du Burkina Faso examineront les enjeux du management des ressources, de leur corps, déployées sur les théâtres d’opérations de lutte contre les terroristes et les malfrats de tout genre, en vue d’une réorganisation rationnelle et efficace de l’institution.

Le top de départ de ce grand rendez-vous du donner et du recevoir a été donné par leur premier responsable, le ministre de l’Administration Territoriale, de la Décentralisation et de la Sécurité (MATDS), Emile Zerbo, à la direction générale de la Police nationale sise au centre-ville de Ouagadougou. « Le management est un style de commandement que je vous invite à faire vôtre et que je trouve approprié dans un environnement où vos éléments sont fortement influencés par les Techniques de l’information et de la communication (TIC) », a affirmé le ministre en charge de la Sécurité, Emile Zerbo qui a lu le discours du président de la transition, le capitaine Ibrahim Traoré.

Le ministre de l’Administration Territoriale, de la Décentralisation et de la Sécurité (MATDS), Emile Zerbo

La Police nationale « a su réarticuler avec une certaine vivacité son dispositif »

L’expérience du Burkina Faso dans « la résilience contre les incursions terroristes est parsemée d’embûches, d’engagement patriotique, mais aussi de réformes audacieuses, motivés par le défi de la reconquête du territoire national. Avec pour objectif de demeurer efficace face à la nouvelle configuration du paysage sécuritaire, les institutions en charge de la sécurité comme la Police nationale connaissent des mutations structurelles et conjoncturelles », a justifié M. Zerbo. Il a poursuivi que « cette ré-articulation du dispositif policier pose avec acuité la problématique de la gestion des ressources mobilisées dans le cadre de sa procédure opérationnelle de lutte contre le terrorisme ». C’est pourquoi, il a trouvé « bien approprié » le thème de la présente édition qui place le management des ressources au cœur de la réflexion.

Le ministre Emile Zerbo a signifié que dans son effort d’adaptation au contexte sécuritaire actuel et pour être en phase avec cet adage très célèbre dans le jargon militaire : « le terrain commande la manœuvre », la Police nationale « a su réarticuler avec une certaine vivacité son dispositif », rappelant que dans un premier temps, les positions de détachements mixtes militaires-policiers ont vu le jour en 2015 dans le cadre de l’opération Tapoa-Djerma et se sont poursuivies avec l’opération Séguéré en 2016.

Dans un second temps, ce sera les détachements purement policiers composés essentiellement des « unités d’intervention, notamment la Compagnie Républicaine de Sécurité (CRS), la Brigade Anti-Criminalité (BAC) et l’Unité d’Intervention Polyvalente (UIP) basées principalement à Yirgou, Di, Sanaba, pour ne citer que ces zones qui seront déployées sur le théâtre des opérations. Enfin, naitront les différents Groupements d’Unités Mobiles d’Intervention (GUMI) et les Unités Mobiles d’Intervention (UMI) », a-t-il ajouté.

La lutte contre le terrorisme est « un autre mandat » dont la Police nationale fait sienne en plus de ses missions traditionnelles de sécurisation des personnes et des biens qu’elle continue d’assurer au quotidien en raison du fait que « les actes de nature terroriste sont avant tout des infractions à la loi pénale, mais commises avec des modes opératoires, des moyens et des mobiles spécifiques », a-t-il fait comprendre.

Le directeur général de la Police nationale, l’inspecteur général, Dr Roger Ouédraogo

Les questionnements du directeur général de la Police nationale sur le management de ses hommes

La conférence des commissaires de police est destinée à se saisir des préoccupations institutionnelles de la police nationale afin de les analyser, de les traiter et de dégager des perspectives en vue du développement et de la modernisation de l’institution. « L’une des préoccupations majeures actuelles de la police burkinabè est celle du management des ressources humaines dans le contexte de la lutte contre le terrorisme », directeur général de la Police burkinabè, Dr Roger Ouédraogo.

« Le thème central de la conférence des commissaires de police, se passe de commentaires. Il est sans conteste que le contexte de la lutte contre le terrorisme impose de nos jours des regards nouveaux sur le fonctionnement des institutions appelées, elles aussi, à intégrer et à appliquer la résilience dans les modes et pratiques de gestion. C’est pourquoi il appartient aux commissaires de police, membres du corps de commandement, de conception et de direction de la police nationale, de réfléchir et d’échanger en profondeur sur le management des ressources humaines dans ce contexte particulier, afin d’envisager les changements et les adaptations nécessaires », a déclaré le directeur général de la Police burkinabè, Dr Roger Ouédraogo.

Pour lui, il appartiendra aux cadres de son institution, d’imaginer de nouveaux mécanismes pour mettre en harmonie les exigences de la lutte anti-terroriste, la gestion des ressources humaines en termes de carrière et de promotion, et les questions de formation. « Comment parler aux hommes qui doivent monter au front pour affronter les hordes de terroristes ? Comment traiter les questions de discipline en lien avec ces nouvelles exigences ? Comment Adapter les dispositifs de gestion de la carrière, d’organisation des concours professionnels ? Comment adapter et réadapter nos dispositifs de management ? ». C’est entre autres questions que s’est interrogé l’inspecteur général de Police, Roger Ouédraogo.  

Une vue de l’assistance

« La Police nationale (…) tient sa place aux côtés des autres FDS dans la réponse nationale contre le péril terroriste »

Le directeur général de la Police nationale a situé que l’année passée, le président Ibrahim Traoré, a lancé un appel à la mobilisation générale de l’ensemble des Forces de défense et de sécurité (FDS) dans la lutte contre le terrorisme. Ceci a permis à la Police nationale de procéder à « une mobilisation exceptionnelle » de ses forces dans la reconquête de l’intégrité du territoire national de l’ordre de « 13 sur 16 Groupements des Unités Mobilités d’Intervention (GUMI) et de détachements », placés sous le commandement tactique du commandement des opérations du théâtre national (COTN).

« Sans nous lancer dans un quelconque bilan, nous pouvons affirmer que la police nationale, par cet élan exceptionnel de mobilisation de ses capacités, tient sa place aux côtés des autres FDS dans la réponse nationale contre le péril terroriste », s’est-il félicité.

Les participants à cette conférence annuelle doivent faire un diagnostic sans complaisance, suivi de recommandations qui porteront sur des pans du management opérationnel que sont, entre autres, la gestion des ressources humaines qui prend en compte l’état physique et moral des hommes et le management de la troupe, mais aussi, la gestion de la logistique qui intègre les moyens roulants, les armes, les munitions et les matériels de protection, le matériel de surveillance ainsi que l’attitude communicationnelle requise.

Par Bernard BOUGOUM