Accueil Culture Burkina/littérature: le parcours « Du désespoir à la gloire » de Falilatou Sawadogo

Burkina/littérature: le parcours « Du désespoir à la gloire » de Falilatou Sawadogo

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Les étagères de la littérature burkinabè se remplissent avec une nouvelle oeuvre titrée « Du désespoir à la gloire », dont l’auteure est Falilatou Christelle Sawadogo. Le journaliste bénino-togolais, Joseph Akoutou l’a lue pour vous!

Falilatou Christelle Sawadogo vient de publier son tout premier livre sous la forme de chronique d’une histoire vécue à CEPRODIF, qui est un véritable coup d’essai et un coup de maitre. Le titre de l’œuvre pouvait être les coups de la vie mais l’optimisme de la jeune écrivaine l’a poussée à l’intituler l’œuvre Du désespoir à la gloire. Comme vous vous en doutez, la trame de ce livre qui probablement sera un bestseller, vu le nombre d’exemplaires vendu en l’espace de quelques semaines c’est une histoire tragique, mélancolique, pitoyable d’une fille qui se termine par une victoire pour cette dernière devenue avocate pour sortir de leur trou noir celles qui sont victimes des injustices faites à la seconde moitié du ciel.

Elodie, puisque c’est d’elle qu’il s’agit dans l’œuvre, a eu une enfance brièvement heureuse puis tout bascule à la suite d’un accident brutale et mortel de ses deux parents. Ce premier coup de la vie n’est pas la dernière, mais le point de départ d’une longue traversée du désert qui aurait pu être fatale, se terminer par un suicide ou tout au moins par une folie s’il n’y avait pas eu l’intervention de Dieu et du couple KOASSI qui a sauvé in-extrémis Elodie du gouffre, de la déchéance, de l’enfer dans lesquelles elle s’est retrouvée.

Tel Job, Elodie était rassasiée de malheur, elle qui avait tout à sa disposition pour son bonheur comme ce personnage biblique, et qui a tout perdu en un temps record toujours à l’instar de job. Et toujours comme pour ce dernier, les malheurs se sont enchainés au fil du temps pour Elodie. En effet, pour l’empêcher d’hériter de ses parents et confisquer l’héritage, elle dont les parents avaient de grands biens et qui donc ne manquait de rien, conduite en voiture à l’école, suite à leur accident mortel elle sera catapultée au village par les frères et sœurs de ses parents défunts auprès d’une tante malhonnête qui a sacrifié l’avenir de la belle Elodie sur l’autel de ses propres ambitions matérialistes.

Calvaire de la citadine parachutée au village

Arrivée au village, elle avait d’abord été inscrite à l’école où l’enfant nourrissant le désir secret de bien travailler pour devenir un jour avocate. Sa tante sous prétexte de manque de moyen l’a retirée de l’école pour l’employer dorénavant à des travaux ménagers et à la vente d’eau pour tirer profit d’elle. La privation du droit à l’héritage de Elodie a été doublée par la privation de son droit à l’éducation. Le pire c’est que la tante aux valeurs matérialistes, son appétit au gain l’a poussée à exciser l’enfant et à la donner en mariage forcé à dix huit ans à un homme nettement plus âgé qu’elle qui l’a réduite en proie sexuelle. Le droit de la femme à disposer de son corps est ici violé.

Falilatou Christelle Sawadogo

Fuite en ville : une errance sans fin

N’en pouvant plus, Elodie a eu l’ingénieuse idée de fuir le toit de cet homme vil vers la ville où elle pensait enfin trouver le bout du tunnel.  Illusion. Ne sachant où loger, arrivée en ville, elle élira domicile dans une concession en construction inachevée où elle se fera violer par trois hommes en même temps. A son corps défendant, laissée dans un état comateux par ses bourreaux, à l’article de la mort, tel le bon samaritain le couple KOASSI qui l’a trouvée par hasard ou par l’œuvre de Dieu l’a sauvée de justesse en la conduisant à l’hôpital. Sauvée de justesse, elle sera adoptée par le couple qui l’enverra auprès d’une connaissance en France pour de hautes études dans une prestigieuse école de droit. Son second tuteur en France qui payait ses études a fini par tomber sous le charme de la fille désormais devenue une femme aux formes plantureuse et généreuse. Essayant en vain d’abuser d’elle, Elodie s’est retrouvée une fois encore dans la rue, grâce à Dieu elle sera recueillie par une amie.

L’heure de la gloire et de la victoire : la fin du calvaire ou la résurrection !

Grace à de petits boulots, elle poursuit ses études sur fonds propres qui seront sanctionnées par un Master en droit. Un concours de magistrature l’a propulsée dans le barreau français, ce qui lui permettra de connaitre une ascension sociale fulgurante. Son rêve de devenir avocate s’est enfin réalisé et entre temps elle trouvera aussi l’homme de ses rêves avec qui elle s’est librement et légalement mariée.

De retour au pays, elle ouvre un cabinet d’avocat pour défendre la cause des femmes victimes de toutes sortes d’injustice. Au détour de cette mission apparait un jour, sa tante qui venait se plaindre de violences conjugales, découvrant que celle auprès de qui elle est venue chercher la justice est celle à qui elle avait fait subir des tas d’injustices, confuse, en sanglots, toute triste, la honte au visage, elle se confond en excuses, implore le pardon. Elodie belle fille à faire pâlir tout homme mais plus encore belle âme n’a pas hésité à pardonner malgré la cruauté des maux qu’elle lui a fait subir dans le passé. Elle aide sa tante à obtenir gain de cause en justice contre son violent homme.

 Christelle, elle aussi, jeune juriste au physique attrayant mais plus encore belle âme a voulu enseigner par cette œuvre qu’il n’y a aucune cause si désespérée qu’une femme courageuse ne puisse vaincre et invite ainsi toutes les femmes victimes d’abus à se relever de leur situation pour ne pas ressasser le passé au risque d’en être prisonnière et de faire triompher les bourreaux. Ce livre est absolument à découvrir, pour connaitre les souffrances de la junte féminine due à une société matérialiste, perverse, masculine pour ne pas dire phallocrate et pousser les éducateurs et les décideurs à être avant gardistes dans la défense des droits de l’homme en général et ceux de la femme vulnérable en particulier.

Joseph AKOUTOU,

journaliste Bénino-Togolais