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Burkina: un quart de siècle que Norbert Zongo ne repose pas en paix!

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Cette flamme ne s'éteindra que lorsque justice sera faite pour Norbert Zongo (Ph. d'archives)

13 décembre 1998. Le Burkina Faso est secoué par un séisme: les corps de Norbert Zongo et de ses trois malheureux compagnons de voyage ont été découverts, calcinés, à Sapouy, province du Ziro, région du centre-ouest, à 100 km de Ouagadougou la capitale. «Le drame de Sapouy», dans lequel a trouvé la mort le fondateur et directeur de publication de l’hebdomadaire L’Indépendant, venait ainsi d’ébranler le «Pays des Hommes intègres», mettant comme en transe, les populations des quatre coins du Burkina, notamment Koudougou, qualifié de «ville rebelle» et comme par hasard, ville natale de Norbert Zongo.

Henri Sebgo, c’était son nom de plume, était en train d’enquêter et d’écrire sur la mort mystérieuse de David Ouédraogo, le chauffeur de François Compaoré, le frère cadet de l’ancien président du Faso, Blaise Compaoré. Le dossier qui semblait impossible à juger, compte tenu des «intouchables» de l’époque qui y étaient impliqués, a tout de même atterri devant les hommes en robe. Mais de parodies de procès en non-lieu, «le drame de Sapouy» continue de tenir la rampe de l’actualité à chacune de ses commémorations depuis maintenant un quart de siècle. Tout se passe comme si celui dont la mort, que dis-je, l’assassinat horrible a, une fois de plus endeuillé la grande famille des ouvriers de la plume, fait durer le suspense sur la vérité totale de sa disparition.

Et une fois de plus, Norbert Zongo est mort, comme après lui, bien des journalistes comme Ghislaine Dupont et Claude Verlon de RFI, enlevés et tués le 2 novembre 2013 dans le sable chaud de Kidal, ou le Saoudien Jamal Kashoggi, tué, le 2 octobre 2018, au consulat de l’Arabie Saoudite en Turquie et dont les morceaux du corps ont été plongés dans l’acide pour tenter de les faire disparaître. Leur seul tort a été d’avoir fait le choix, ô combien noble mais devenu si dangereux du fait de «puissants» de ce monde, de permettre à leurs semblables de jouir de leur droit d’être informés.

Hasard de la vie ou clin d’œil dont seul le destin a le secret, les auteurs ou présumés auteurs du meurtre de nos confrères demeurent, en tout cas pour l’instant, impunis! Il en est ainsi de l’affaire Norbert Zongo, dans laquelle l’extradition d’un des principaux accusés, François Compaoré, pose problème. Le souci est loin d’être le fait de la France où l’homme a été interpellé suite à un mandat d’arrêt international émis par le Burkina Faso.  Par décret en date du 21 février 2020, le Premier ministre français, Edouard Philippe, avait autorisé l’extradition de François Compaoré, de la France vers le Burkina. Extradition confirmée par le 30 juillet 2021, par le Conseil d’État français. Mais, la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH), le 7 septembre, a interdit à la France de procéder à l’extradition de François Compaoré vers le Burkina, pour des raisons de respect des droits de l’homme.

A quand donc, la lumière totale sur «le drame de Sapouy», le double meurtre des journalistes français de Kidal et l’ignoble assassinat de notre confrère turc? Une interrogation qui, lorsqu’elle trouvera réponse au Burkina, conduira à l’extinction de cette lanterne allumée au Centre national de presse Norbert Zongo (CNP-NZ) et dont la flamme vacille par moment sous l’effet des courants d’air, mais ne s’éteint jamais, tout comme demeure ferme l’espoir, parfois chancelant, qui anime tous les journalistes et les hommes et femmes épris de justice.

En attendant, Augustine Zongo, la mère de l’une des icônes de la liberté de la presse au Burkina et dans le reste de l’Afrique de l’ouest, attend toujours justice pour son fils! Et si justice est faite et les assassins punis à l’aune de leur forfait, Norbert Zongo pourra enfin reposer en paix dans sa dernière demeure!

Par Wakat Séra