Accueil Editorial Burundi et Mali: l’Onu peut peu!

Burundi et Mali: l’Onu peut peu!

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Le Conseil de sécurité des Nations Unies (DR)

Choc, le rapport produit par une commission indépendante d’enquête des Nations Unies sur les crimes et autres exactions commis au Burundi depuis l’entêtement de son président à briguer un troisième mandat envers et contre tous, l’est assurément. Le document, diversement apprécié par les Burundais, qu’ils soient de l’opposition en exil sans fin ou séides du pouvoir sans partage de Pierre Nkurunziza, vient, dans tous les cas exhumer toute la laideur du système de gouvernement de terreur sous lequel vit, pour ne pas dire survivent les populations. Loin d’être un secret, elle est à ciel ouvert, la répression systématique et surtout odieuse opposée par le pouvoir aux manifestations d’un peuple qui ne demande qu’à jouir des vertus du processus démocratique qui a pour pilier essentiel l’alternance politique. La police à la solde d’un chef de l’Etat déterminé à marcher dans le sang de ses concitoyens pour renforcer un pouvoir à vie, ne recule devant rien. Pas même la peur de la fameuse Cour pénale internationale (CPI), qui, il faut le reconnaître se décrédibilise elle-même, en n’osant pas s’attaquer aux gendarmes de se monde qui eux, peuvent se permettre de semer le chaos en Irak, en Libye, en Afghanistan, etc. Ce sont encore ces pays intouchables qui se disent champions des droits de l’homme qui gèrent des Guantanamo, remplis de prisonniers sans espoir de jugement et où la torture est le mode de fonctionnement le mieux assimilé par des geôliers sans foi ni loi. Devant eux, Pierre Nkurunziza pourrait même faire figure d’enfant de chœur et bénéficier de la communion sans confesse.

Au Mali, le signal fort que compte lancer l’organisation qui régente le monde, par le biais de son Conseil de sécurité qui a voté à l’unanimité la mise en place d’un régime général de sanction pour freiner les ardeurs des bourreaux de la paix et de la stabilité dans ce pays, n’est plus ni moins que salutaire. En effet, ils sont nombreux, ces hommes qui ont choisi, pour des intérêts égoïstes et personnels, de ramer à contre-courant de tous les accords signés pour ramener la paix et la quiétude au Mali. Ces individus, spécialisés dans les attentats terroristes, les prises d’otages, la contrebande, etc., profitent et abusent de l’incapacité de réaction de dirigeants  d’un pays divisé et dépecé par des terroristes qui en ont pratiquement fait leur chasse-gardée, dans un vaste Sahel qu’ils écument à satiété, malgré les différentes forces censées y assurer l’ordre et surtout la protection des personnes qui y vivent et de leurs biens. Que pourront donc les accords, notamment ceux signés en 2015 et sur lesquels planent mille et une menaces? Certes Paris et l’ONU, en essayant de servir une assurance tout risque à ces instruments de paix oeuvrent positivement. Mais de quelle efficacité peut se prévaloir ce régime alors que les prédateurs de la paix sont ceux qui voyagent le moins hors de leurs zones d’influence et possèdent peu ou prou d’avoirs dans des institutions financières officielles. Et même quand tel est le cas, ils sont généralement couverts, grâce à des complicités, tant de leur entourage immédiat qu’au plus haut sommet de l’Etat.

Sans jouer les oiseaux de mauvais augure, on peut se permettre de douter de l’impact de ces actions de l’ONU qui semble lutter contrer de véritables moulins à vent. Du reste, Pierre Nkurunziza ne s’émeut pas particulièrement de ce rapport d’enquête, laissant le soin à ses lieutenants de le contester malgré les évidences. Dans le même temps, comme un pied de nez à l’endroit de l’ONU, alors que son Conseil de sécurité accouchait le régime général de sanctions, deux casques bleus passaient de vie à trépas et deux autres camarades des infortunés soldats de la paix étaient gravement blessés, explosés par des mines des djihadistes. Les drones désormais armés des Français seront-ils l’arme fatale contre les terroristes du Sahel, spécialisés, comme leurs pairs d’ailleurs, dans la guerre asymétrique et les attaques lâches? Rien n’est moins sûr. Car, c’est démontré aujourd’hui, la lutte contre l’insécurité ne doit pas emprunter que les sentiers militaires. Il faut une réponse à la pauvreté, le pillage des ressources des pays dit en développement, l’absence d’équité dans le commerce mondial, la corruption, etc. Et ce n’est pas demain, la fin de ces maux, compte de tenu de l’inextinguible soif des grands de ce monde de s’amasser le plus de richesses possible.

Par Wakat Séra