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CDP: le parti de Blaise Compaoré maintient son 8e congrès les 18 et 19 décembre prochain

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Les conférenciers du jour

Le parti fondé par l’ancien président burkinabè, Blaise Compaoré, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), malgré la crise qui oppose son président, Eddie Komboïgo et certains caciques dont la quasi-totalité des vice-présidents du parti, a annoncé le jeudi décembre 2021 face à la presse qu’il maintient son huitième congrès ordinaire qui se tiendra sur trois jours à partir de demain dans la salle de comité national Olympique de Ouagadougou.

Après l’aile « historique » du CDP qui a fait une sortie médiatique hier pour mettre en garde le président du parti, Eddie Komboïgo, de tenir le huitième congrès de l’organisation politique le samedi et dimanche prochains, c’est au tour de ceux qui se disent de l’aile « futuriste » qui ont livré leur version des faits le jeudi.

Cette conférence aux allures de meeting s’est tenue au siège du CDP situé sur l’avenue Kwamé N’Krumah, dans le centre-ville de Ouagadougou, sous la protection des éléments de la Compagnie républicaine de sécurité (CRS), une unité d’élite de la Police nationale. Selon le président du CDP, cette sortie médiatique vise à déballer « toute la vérité » sur ce que son parti vit comme problème. D’emblée, il a rejeté en bloc toutes les accusations de ses frondeurs notamment sa « gestion autoritaire » et son «refus» à prendre en compte les orientations de Blaise Compaoré, fondateur de l’ex-parti au pouvoir qui a régné pendant 27 ans.

« Le congrès du CDP aura bel et bien lieu les 18 et 19 décembre 2021 dans la salle de comité national Olympique de Ouagadougou précédé de la finalisation des travaux de la 71e session du Bureau Politique National (BPN) », ont affirmé ces dirigeants du CDP qui ont rassuré leurs militants que la justice a levé la suspension de la tenue du VIIIe congrès.

Les conférenciers justifient la tenue obligatoire du huitième congrès du CDP parce que le ministère de l’Administration territoriale chargé des Libertés des partis leur enjoint une note d’organiser ce rassemblement et de renouveler les instances du parti avant la date butoir du 31 décembre 2021, sous peine de sanction pouvant aller à la suspension de la formation politique.

Le président du CDP s’est inscrit en faux contre le fait qu’il gère le parti d’une main de fer. « Quelles dispositions du règlement intérieur ou des statuts Eddie Komboïgo a outrepassé ? Demandez-leur de donner un seul exemple de décision autoritaire que j’ai eu à prendre », s’est défendu le président du CDP. Dans cette même logique, sur l’accusation de sa défiance à Blaise Compaoré, a confié que depuis 2018, il ne passe pas deux ou trois mois sans qu’il n’aille à Abidjan où l’ex-chef de l’Etat burkinabè est exilé, pour s’enquérir de sa santé, parler du parti et de la vie au Burkina Faso. « Je n’ai jamais défié le président d’honneur du CDP, le président Blaise Compaoré », a-t-il clamé avant de dire: « Qui est derrière le président Compaoré, c’est là, la question réelle. Qui écrit les lettres à la place du président Compaoré et qui nous amène à avoir une attitude ? C’est là, la question ».

Selon les conférenciers, de grands évènements politique, économique et culturelle se sont passés au Burkina sous la protection des agents de sécurité (police et gendarmerie) à qui leur parti a sollicité pour la sécurisation de son activité et dont ils n’ont pas opposé leur incapacité à protéger la rencontre. C’est pourquoi, ils disent ne pas connaître l’attitude de leurs frondeurs qui « certainement ont un agenda caché. Ceux qui appellent à ne pas tenir le congrès visent la liquidation du parti », selon leur conviction. D’autant plus que ces vice-présidents, à les en croire, sont ceux-là même qui sont les premiers responsables du comité national d’organisation du même congrès et à ce qu’ils sachent, personne de ces derniers n’a déposé sa démission de son poste.

De leur conclusion, leurs frondeurs ne veulent pas que le congrès se tienne parce qu’il est prévu lors de ce séminaire, une diminution du nombre des vice-présidents de 11 à 5 membres et bien d’autres choses dans la gestion du parti qui vont changer en leur défaveur. « Qu’il ait le courage de venir se présenter au congrès s’ils n’ont pas un agenda caché ! Ils ont des velléités putschistes et je vais vous dire pourquoi. A l’heure où je vous parle, une lettre est en confection chez le président d’honneur, l’obligeant même à quitter Abidjan, où c’est écrit : écrivez que vous suspendez Eddie. Il dit que ça ne relève pas de ses attributions. Je suis au courant de tout », a révélé le président du CDP qui a brandit lors de son speech, les différentes lettres que le président d’honneur lui a fait parvenir, en prenant le soin d’expliquer celles qui sont authentiques ou pas, comme des pièces à conviction.

Sur le changement de logo et le nom du parti, les conférenciers disent être tombés des nues car « ça serait se tirer une balle au pied » parce que leurs militants n’arriveront pas à maîtriser les nouvelles chartes graphiques du CDP qui est vieille de près de 30 ans.

M. Komboïgo a signifié qu’à l’heure actuelle, une attaque judiciaire de leur congrès ne prospérera pas car le dernier acte judiciaire qui a été en sa faveur le protège.

Les conférenciers se sont également prononcés sur la situation nationale. Ils ont dénoncé les arrestations de certains manifestants de la marche du 27 novembre dernier et la coupure d’internet mobile sur la même période. Quant à la nomination du nouveau chef du gouvernement, Dr Lassina Zerbo, ils constatent que « c’est juste, raccommoder du neuf sur du vieux. Mais enfin, donnons la chance à ce gouvernement pour le mesurer à la tâche ».

Ils ont rappelé que la nomination du nouveau gouvernement fait suite aux nombreuses interpellations faites par leur leader, le chef de file de l’opposition, Eddie Komboïgo, et de son cadre de concertation réunissant les autres présidents de partis politiques qui lui sont affiliés.

Par Bernard BOUGOUM