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Cellou Dalein Diallo: «L’avenir de la Guinée doit se construire sans Alpha Condé»

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Cellou Dalein Diallo, leader de l'UFDG et chef de file de l'opposition guinéenne

Cellou Dalein Diallo, 68 ans, c’est le président de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) et Chef de l’Opposition guinéenne. Mais, c’est surtout celui qui s’est résolument engagé à, par la rue et par les urnes, empêcher le président guinéen sortant, de briquer le fameux troisième mandat, qui a conduit de nombreux pays dans le chaos. Profitant d’une petite pause dans ses pérégrinations de campagne électorale qui bat son plein actuellement en Guinée, en attendant l’élection présidentielle du 18 octobre prochain, celui qui demeure conscient que la Guinée a besoin d’un avenir, «mais sans Alpha Condé», a bien voulu, grâce aux merveilles des TICs, nous accorder cet entretien fleuve, où, comme à son habitude, il a tout lâché, la langue de bois étant comme son totem. Son combat contre le troisième mandat de Alpha Condé, sa candidature qui a occasionné sa mise à l’écart du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), la position de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO), et ce qui lui tient le plus à cœur, l’avenir qu’il voit prometteur pour la Guinée, sont, entre autres sujets, ceux dont le natif de Labé, a bien voulu discuter avec nous. Qualifié d’homme de dossier et jouissant d’une grande crédibilité auprès des organisations internationales et d’une aura certaine auprès des Guinéens, Cellou Dalein Diallo, est conscient que la route vers le palais présidentiel de Sékhoutouréya, sera loin de la sinécure. Alors, pour lui, il faut «de l’audace pour gagner», comme le lui a enseigné l’expérience de Barack Obama.

Wakatséra.com: Aviez-vous le moindre soupçon qu’Alpha Condé irait au troisième mandat?

Cellou Dalein Diallo: Au soir de l’élection présidentielle de 2015 qui accoucha du «coup KO», c’est-à-dire sa pseudo victoire au premier tour du scrutin que beaucoup d’observateurs flétrirent, tant la fraude fut criarde, Alpha Condé avait déjà en tête le troisième mandat. Il faut en effet se souvenir de son courroux, qu’il ne put dissimuler lors de son investiture, contre le président de la Cour constitutionnelle d’alors qui le prévenait des «sirènes révisionnistes» et le dissuadait d’écouter leurs mélodies pour changer la Constitution et conserver le pouvoir.  Le pauvre magistrat fut vite éliminé de son poste pour que rien n’entrave la voie du parjure en préparation. Et, depuis, Alpha Condé est dans un exercice d’effeuillage pour obtenir un troisième mandat.

Vous n’avez donc pas été surpris par la décision?

La surprise n’a pas eu de place dans notre sentiment, puisque très tôt, dès le début de ses manœuvres pour sa forfaiture, c’est-à-dire le viol de son double serment de respecter le verrouillage du nombre de mandats, l’opposition s’est mise debout pour défendre la Constitution de 2010 qui renfermait la disposition sacrosainte interdisant ce qui s’apparente à une présidence à vie. C’est par la suite, en 2019, qu’elle a joint ses efforts à ceux de la société civile pour créer le FNDC, le Front national pour la défense de la Constitution.

Il est vrai, avec le recul, que la volonté forcenée d’Alpha Condé de conserver le pouvoir, ce qu’il reprochait si férocement à ses prédécesseurs, peut étonner. Finir sa vie politique comme un pouvoiriste corrompu aux mains ensanglantées, alors qu’il n’avait cessé de se targuer de son passé de combattant de la liberté et de la démocratie, est en effet pathétique.

Et la nouvelle de votre candidature à la présidentielle du 18 octobre prochain tomba. C’est-ce qui vous a amené à cette option?

Ma candidature à la présidentielle du 18 octobre prochain est voulue par mon parti qui a décidé, à une écrasante majorité, de participer à ce scrutin. Elle tient aussi de ma conviction profonde d’être porteur de l’espérance d’une large majorité de Guinéens, face aux dangers qui assaillent l’unité de notre nation. Je ressens ainsi comme un devoir sacerdotal de m’opposer dans les urnes au mandat à vie voulu, dans le mépris de notre peuple, par Alpha Condé.  Un homme du passé sans foi ni loi, qui tient à confisquer le pouvoir par la répression, pour continuer avec son clan de piller les ressources du pays.

Cellou Dalein Diallo, et « son » peuple ensemble

N’est-ce pas à dire que vous avez baissé les bras, dans la lutte contre le troisième mandat de Alpha Condé?

Que non! L’opposition dans les urnes comme les manifestations dans les rues, c’est contre le troisième mandat. Les deux voies ne sont pas antagonistes, elles se complètent et se renforcent mutuellement pour atteindre le même et seul objectif, celui de refuser le mandat à vie que veut se donner Alpha Condé. J’ai pris la responsabilité de participer à l’élection présidentielle, puisqu’elle constitue une chance de bouter le despote hors du pouvoir. Je serai aussi dans la rue avec mon parti pour répondre à tous les appels à se mobiliser, à se rassembler, à manifester pour empêcher Alpha Condé de conserver le pouvoir à vie. Et ce, notamment pour respecter la mémoire de tous ces jeunes martyrs, tombés tragiquement dans ce combat, sous les balles assassines de ce régime sanguinaire. Que leurs âmes reposent en paix! Que Dieu nous donne la force et le courage de poursuivre leur combat jusqu’à la victoire finale!

Votre candidature ressemble tout de même à une trahison vis-à-vis du Front national pour la défense de la constitution, non?

Ce n’est nullement mon sentiment.  Votre appréciation ne reflète pas la réalité. Lutter contre le troisième mandat a deux faces:  Aller aux urnes pour vaincre Alpha Condé et prendre la rue pour le chasser du pouvoir. Est-il besoin de rappeler la place et la détermination de notre parti dans la mobilisation du FNDC? Nous sommes sur les deux fronts et aucune altérité ne nous détournera de l’objectif de notre combat politique et citoyen qui vise à empêcher la réalisation d’un troisième mandat dans notre pays.

A notre humble avis, répondre au rendez-vous des urnes, c’est une caution apportée au troisième mandat de Alpha Condé…

Votre interprétation est erronée. Ma participation à l’élection présidentielle du 18 octobre n’implique nullement une reconnaissance de la forfaiture du double scrutin du 22 mars dernier. Bien au contraire:  aussitôt notre victoire obtenue, la Constitution illégale d’Alpha Condé sera abrogée et l’Assemblée Nationale illégitime dissoute, et ce, en cohérence avec les revendications portées par notre lutte politique et civique contre la présidence à vie.

Ce que vous n’avez pas pu avoir par la rue, pensez-vous pouvoir l’obtenir par les urnes, alors que la machine électorale se trouve dans les mains du régime Condé?

En effet, tout le système électoral semble verrouillé avec une machinerie sous le contrôle d’Alpha Condé. Faut-il pour autant nous résigner? S’apitoyer sur notre impuissance? Ou plutôt refuser de céder aux forces de l’abandon et s’organiser pour se battre contre le système? Se battre pour gagner. Se battre pour conserver notre victoire. «De l’audace pour gagner», comme nous l’enseigne l’expérience de Barack Obama. C’est cette voie de l’effort que nous empruntons.

Quelle sera votre stratégie, dans ce combat dans lequel vous êtes engagé, en tant que Chef de l’Opposition, et plus maintenant comme militant du FNDC?

Je m’organise, avec mon parti et les partis alliés qui soutiennent ma candidature, pour gagner l’élection présidentielle du 18 octobre prochain.  Dans le même temps, nous serons dans toutes les manifestations demandant le départ du pouvoir d’Alpha Condé et son clan d’imposteurs.

En cas de tripatouillage du scrutin, les Guinéens, aujourd’hui bien plus qu’hier, sont prêts à défendre leur choix électoral.  Il y a dix ans, j’ai suivi mes sentiments patriotiques et les conseils de la communauté internationale pour épargner à mon pays le déchirement de la Nation.  J’attends de la même communauté internationale, qui n’a plus de doutes qu’Alpha Condé n’est pas un démocrate, son implication pour que celui-ci reconnaisse sa défaite et se retire sans coup férir. Dans le cas contraire, il aura à assumer toutes les conséquences de sa kleptomanie électorale et de son entêtement.

La Guinée ne risque-t-elle pas, une fois de plus de se mettre à compter ses morts et de vivre encore le chaos?

Depuis l’accession au pouvoir d’Alpha Condé en 2010, plus de 200 personnes ont été tuées à bout portant par les forces de défense et de sécurité lors des manifestations politiques et syndicales. Aucune enquête n’a été diligentée pour identifier et sanctionner les auteurs de ces crimes, et aucune sanction administrative n’a jamais été prise à l’endroit d’un responsable de la police et de la gendarmerie. Pire, les assassins sont protégés, et souvent les militaires et gendarmes qui font preuve de zèle dans la répression des manifestations sont plutôt récompensés par des promotions.

Il y a, visiblement, beaucoup d’exactions contre les populations dans cette lutte pour la défense de la Constitution et contre le troisième mandat!

Le Pouvoir, dans son combat contre ceux qui s’opposent au troisième mandat, s’est dépassé en ignominie. Il ne s’est pas contenté d’envoyer ses tueurs dans les concessions mitrailler les gamins et les ménagères; il a tiré sur les corbillards et gazé les mosquées et les cimetières, comme il l’a fait à Bambéto, le 4 novembre 2019. Il a poussé le cynisme jusqu’à renvoyer les corps des victimes de la répression policière, des morgues des hôpitaux publics. A N’zérékoré, capitale de la région forestière, une vingtaine de Guinéens ont été tués au lendemain du scrutin du 22 mars dernier, par la milice du pouvoir et ensevelis dans une fosse commune. Il y a quelques semaines, le domicile du chef traditionnel de la communauté de la Basse-Guinée, qui recevait ses pairs des autres régions du pays, a été encerclé et ses occupants gazés par le pouvoir apeuré par la position commune de ces sages sur le danger que le troisième mandat fait peser sur la stabilité du pays.

Qu’est ce qui n’a pas marché dans votre lutte contre le référendum et la nouvelle Constitution?

Le vrai enjeu est celui du troisième mandat. Le référendum et la Constitution qu’il porte ne sont que le moyen pour permettre à Alpha Condé de se donner une base juridique pour s’octroyer un mandat à vie.  Notre combat contre cette ambition de confisquer le pouvoir n’est pas à son dénouement pour en tirer les enseignements.

Que reproche l’opposition à cette Loi fondamentale, version Alpha Condé?

Le problème ne se situe pas au niveau du contenu de la Constitution, même si celle-ci renforce les pouvoirs du Président de la République, au détriment du pouvoir législatif et du pouvoir judiciaire. Le problème, c’est le changement de la Loi Fondamentale, pour le seul motif de ramener les compteurs à zéro, pour pouvoir briguer un troisième mandat, alors que la Constitution, sur laquelle il a prêté deux fois serment, n’avait pas prévu de dispositions permettant de l’abroger dans un contexte de continuité du fonctionnement de l’État.

Cette démarche constitue en effet une violation de serment, donc un parjure, qui devrait ouvrir la voie à une procédure de destitution pour haute trahison, si la Haute Cour de justice avait été installée. Ce qu’Alpha Condé s’est bien gardé de faire depuis 10 ans, en dépit de plusieurs rappels et injonctions, y compris de la Cour constitutionnelle.

Aussi, convient-il de préciser que le Président Alpha Condé a promulgué une Constitution tout à fait différente du projet qui avait été soumis au référendum après avoir été validé par la Cour constitutionnelle et publié dans le Journal Officiel. Dans le texte promulgué et publié, 21 articles avaient été modifiés et un avait disparu. Après la dénonciation par l’ordre des Avocats et d’autres associations de cette imposture, la Cour constitutionnelle a préféré se ranger du côté du Président, malgré l’évidence des faits.

Avez-vous espoir d’empêcher cette forfaiture, contre laquelle se bat tout bon démocrate?

Le monde entier est témoin des grandioses manifestations contre cette forfaiture et l’hostilité de la population à la mascarade électorale se rapportant au double scrutin référendaire et législatif du 22 mars dernier. Notre détermination, contre la félonie d’Alpha Condé et son clan pour confisquer le pouvoir, est intacte malgré la féroce répression qui a fait plus de 100 morts dans nos rangs. Comme l’enseigne l’histoire, le temps et les peuples ont toujours eu raison des dictateurs.

Des voix se sont-elles élevées à l’international pour essayer de dissuader Alpha Condé dans son entreprise très confligène?

Les voix n’ont pas manqué de s’élever pour tenter de dissuader Alpha Condé dans son ambition périlleuse pour la nation guinéenne. Celles de ses amis politiques qui ont voulu sauver son image de la souillure autocratique. Celles d’anciens hommes d’Etat respectés dans la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest, NDLR), soucieux de la paix sociale en Guinée et de la stabilité dans la région. Celles des autorités morales et religieuses du pays et de toutes les forces vives de la Nation. Certainement celles des chancelleries inquiètes de la fragilisation socio-politique de notre pays voisin d’un Mali convulsif.

Que pensez-vous de l’attitude de la CEDEAO, face à cette situation qui fera, certainement, le lit aux violences?

La CEDEAO a posé des actes importants dans la crise politique guinéenne. Notamment l’envoi de la mission d’experts qui a confirmé que le Fichier électoral était tronqué et le refus d’accéder à la requête du gouvernement guinéen demandant des observateurs de la CEDEAO aux élections du 22 Mars. Nous voudrions espérer qu’elle prendra, conformément aux principes qui la régissent, des actes fermes vis-à-vis des dérives d’Alpha Condé. Est-il besoin de rappeler que la stabilité de nos Etats, chère à nous, puisqu’elle est nécessaire à leur développement, est antinomique à l’injustice, au non droit, au non-respect de la loi?

Pensez-vous que l’exemple malien peut se dupliquer en Guinée?

L’absence d’élections libres et transparentes, dont les résultats sont acceptés par toutes les parties alors que les institutions de recours sont en faillite, est une source majeure d’instabilité de nos Etats. Le Mali en est l’illustration.  Les fraudes électorales qui ont entouré les dernières législatives, et les passages en force du pouvoir, ont déclenché la crise de légitimité qui a conduit au coup d’Etat.

La liberté et la démocratie, avec le droit son socle, sont des valeurs universelles partagées par tous les peuples du monde. Les Guinéens, qui ont déjà payé un lourd tribut pour l’ancrage de la démocratie dans le pays, sont dans une posture de combat, comme l’a été le peuple malien, contre la confiscation du pouvoir et la mal gouvernance qui l’accompagne.

A quand la vraie démocratie en Guinée, marquée par une coutume de prise de pouvoir par les urnes et non autrement?

Les forces autocratiques utilisant la violence d’Etat, au-delà de la légalité, pour confisquer le pouvoir sont encore légion en Afrique. Il est vrai qu’à cet égard l’histoire de notre pays fait partie des plus douloureuses.  Mais la dévolution du pouvoir en Guinée est aussi en voie de changement comme dans les autres pays africains en révulsion contre les régimes autoritaires. Ainsi, le mouvement citoyen contre le tripatouillage de la Constitution pour un troisième mandat, témoigne de la volonté des Guinéens d’imposer le respect de la limitation de la durée et du nombre de mandats pour donner la chance à l’alternance au pouvoir, socle de la démocratie. Ce besoin de renouvellement dans l’exercice de la gouvernance d’Etat peut être retardé dans sa satisfaction mais il sera inéluctablement assouvi.

Un renouvellement de la classe politique pourrait bien être la solution pour la Guinée, non?

Ce renouvellement est inévitable: il s’inscrit dans l’ordre de la nature humaine. Au demeurant, il s’observe déjà: beaucoup de jeunes leaders, de partis politiques ou de la société civile, ont investi, certains avec brio, l’espace sociopolitique guinéen. A l’UFDG (Union des forces démocratiques de Guinée, NDLR), nous préparons la relève et encourageons l’éclosion, en notre sein, de talents.  Mais le jeunisme est-il la panacée à nos problèmes? Le contexte et ses contraintes sociopolitiques, avec le poids de l’histoire, ne constituent-ils pas le facteur le plus important à maitriser pour le développement de nos sociétés?

Continuez-vous à penser que la victoire vous a été volée à l’élection présidentielle de 2010, alors que vous aviez pris l’ascendant dès le premier tour sur vos adversaires, notamment Alpha Condé?

Vous savez, de l’eau a coulé sous les ponts. Les langues se sont déliées. Celles des acteurs qui ont participé au brigandage électoral de 2010. Comme c’est toujours à l’occasion du partage du butin que les larrons se disputent, le fait que les promesses n’ont pas été respectées a conduit à déballer le secret de leurs turpitudes: le stratagème élaboré pour détourner les suffrages des Guinéens, les officines occultes et officielles qui ont abrité le montage de la sombre opération, l’argent mobilisé pour sa réussite et les récompenses attendues des acolytes.

Mais laissons maintenant aux historiens le soin d’expliquer comment un candidat ayant totalisé 44% des suffrages au premier tour et qui a reçu, pour le second tour, le soutien du faiseur de rois qui avait 16% et celui d’un autre candidat ayant eu 5%, a pu perdre au second tour.

Comment expliquez-vous le fait qu’une fois au pouvoir, les opposants africains s’y accrochent comme des sangsues?

Hélas, nombre d’exemples illustrent votre assertion. Il est vrai que souvent, «celui qui a goûté l’ivresse du commandement ne peut plus s’en passer». Pour se maintenir au pouvoir après avoir perdu leur légitimité, ils s’accommodent, s’ils ne les encouragent pas, de la corruption, du régionalisme et du népotisme. C’est pourquoi, il faut renforcer la force des institutions et ceux qui les dirigent. La limitation du nombre et de la durée des mandats constitue sans doute un solide rempart contre les dérives de ces «petits rois».

Cellou Dalein Diallo fera-t-il exception à ce qui est comme devenu la règle?

La vertu et ses ferments que sont la morale et le sens civique doivent être au cœur de la République. Mais nul n’est saint, l’homme est pécheur. C’est pourquoi j’accorderai la plus grande importance au droit qui doit être assuré, de façon égale, avec la rigueur de la loi, à tous les Guinéens et étrangers vivant en Guinée. Outre l’exemplarité que je m’imposerai par rapport aux lois de la République, l’indépendance qui sera donnée à la magistrature par rapport à l’exécutif devra convaincre mes compatriotes que nul n’est au- dessus de la loi, y compris le premier citoyen du pays.

Quel avenir pour la Guinée?

La Guinée a un besoin d’avenir. Il doit se construire sans Alpha Condé. C’est pourquoi je me présente contre lui, à cette élection présidentielle du 18 octobre 2020, pour l’en empêcher. Si les Guinéens m’accordent leurs suffrages, je serai leur artisan, à la fois humble et ambitieux, pour édifier cet avenir de leurs vœux, comme je l’ai défini dans mon projet de société d’inspiration libérale. L’instauration de l’État de droit et de la démocratie et la protection des droits humains sont au cœur de ce projet.

Pour atteindre ces objectifs et améliorer très rapidement les conditions de vie des Guinéens, il faudra tout d’abord mettre en place une administration efficace, neutre et impartiale, débarrassée du laxisme et de la corruption, capable de délivrer des services de qualité aux citoyens et de créer et d’entretenir un climat des affaires rassurant pour les investisseurs et les entreprises.

Le chef de l’opposition guinéenne lors d’un meeting

Ensuite, il faudra bien entendu veiller à ce que la justice soit indépendante et impartiale et qu’elle puisse constituer un recours sûr aussi bien pour les citoyens que pour les investisseurs et les entreprises dont les droits seraient violés.

Au plan des politiques publiques sectorielles, une priorité de premier rang sera accordée à l’éducation, à la formation et à la santé. Le secteur privé sera encouragé à accompagner l’État dans la construction d’infrastructures, la modernisation de l’agriculture, la transformation sur place de nos produits agricoles et miniers, notamment la bauxite, le tout dans le respect des normes environnementales.

La création d’emplois sera au centre de toutes les politiques publiques et des concertations avec le secteur privé.  La promotion des PME, des femmes et des jeunes sera au cœur de cette préoccupation.

Mais rien ne sera possible sans l’unité de la nation. Notre peuple a aussi un besoin d’espoir. Il faudra répondre à ces attentes par la voie de la confiance et du rassemblement. Une Guinée en confiance et qui inspire confiance, guérie de la plaie honteuse de l’ethnicisme et fière de se rassembler sur elle-même.  Une Guinée de responsabilité, mais aussi de solidarité et où seront respectés les droits et les libertés de tout Guinéen et tout étranger dans notre pays. Telle est notre vision pour notre nation.  C’est sur ce socle que se développera dans l’harmonie, le vivre ensemble et se construira la prospérité dont notre population a bien besoin.

Entretien réalisé par Morin YAMONGBE