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Coopération sino-africaine: les grands axes de l’aide chinoise

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Le professeur Qi Jianhua

En Afrique, la Chine est devenue depuis des années une puissance sur laquelle il faut compter parce qu’étant le premier partenaire commercial du continent noir. Les aides chinoises portées vers l’extérieur sont composées de trois types à savoir celles «sans contrepartie, prêt sans intérêt et prêt porteur d’intérêt à taux préférentiel», a déclaré le professeur de l’Institut de diplomatie, Qi Jianhua, lors d’une formation à Beijing. L’aide chinoise portée, notamment, vers l’Afrique est composée de deux parties: «la coopération et l’aide au développement», a-t-elle clarifié. 

La coopération définie sous forme de coopération économique et technique, y compris l’investissement direct. L’aide au développement quant à elle désigne les dons, prêts à taux préférentiel, réductions et exonérations des dettes ou de tarifs douaniers, aides sans contrepartie, ou offres de technique, compris les assistances humanitaires en cas de famine, catastrophe naturelle ou des de circonstances pareilles, des cotisations et dons offerts par les ONG.

L’aide peut être officielle et non officielle. Celle officielle est assistée par les organes gouvernementaux à savoir le ministère de finances, les organisations politiques à savoir la Ligue de la Jeunesse, ainsi que les institutions financières gouvernementales comme la Banque de Développement, le Fonds du Développement sino-africain, etc. L’aide non officielle est soutenue par les acteurs comme ONG, les entreprises qui investissent directement à l’étranger et les instituts ou académie de recherches, etc, a signifié le professeur Qi Jianhua.

Pour une bonne mise en œuvre de sa politique, la Chine a adopté huit principes sur son aide économique et technique à l’étranger. En premier lieu, le gouvernement chinois fournit son aide à l’extérieur, selon «les principes d’égalité et d’avantages mutuels». Il ne considère jamais ce genre d’assistance comme une faveur unilatérale et estime qu’elle doit être mutuelle, a expliqué l’enseignante. Deuxièmement, lorsque le gouvernement fournit son aide, il «respecte strictement la souveraineté du pays bénéficiaire». Il n’assortit son aide d’aucune condition et ne réclame aucun privilège, a-t-elle poursuivi. Troisièmement, le gouvernement chinois fournit son «aide économique au moyen de crédits sans intérêt ou à faible taux d’intérêt». En cas de besoin, il prolonge l’échéance de paiement de dettes des pays bénéficiaires afin d’alléger leurs charges, selon toujours le professeur qui avance, quatrièmement, que l’aide extérieure du gouvernement chinois «n’a pas pour but de créer une dépendance à l’égard de la Chine, mais plutôt d’aider les pays bénéficiaires à développer de façon indépendante leur économie en s’appuyant sur leurs propres capacités».

Comme principe n°5, en ce qui concerne les projets de construction dans les pays bénéficiaires, le gouvernement chinois «s’efforce d’appliquer un principe d’investissements peu élevés mais accompagnés de prompts résultats», afin de permettre aux gouvernements locaux d’augmenter les revenus et d’accumuler les fonds. En sixième position, le gouvernement chinois «fournit aux pays bénéficiaires des équipements et du matériel de la meilleure qualité» qu’il fabrique lui-même ; il négocie les prix avec eux compte tenu du marché international, a expliqué Qi Jianhua qui a ajouté que le remplacement est garanti si le matériel et les équipements fournis ne correspondent pas à la qualité et aux normes convenues. Septièmement, «en fournissant une assistance technique, le gouvernement chinois s’engage à faire bénéficier le personnel des pays bénéficiaires de tout savoir technique». Au huitième principe, pour une application efficace et efficiente de l’aide portée vers l’extérieur, les experts envoyés par le gouvernement chinois «jouissent d’un traitement matériel égal à celui des experts des pays bénéficiaires, et aucune faveur particulière ne peut leur être accordée», a conclu madame Jianhua sur les principes.

L’aide dans les années 80

Dans les années 80, les aides chinoises étaient essentiellement sous forme de prêts sans intérêt ou des aides sans contrepartie. Le total de 2 500 millions Yuan, soit 2,5 milliards USD sous formes de mains d’oeuvre envoyées à l’étranger et les travaux sous-traités dans les pays africains. Les pays bénéficiaires étaient pour la plupart des pays africains. A la réforme adoptée à la 22e session du 5e Congrès de l’Assemblée du Peuple en 1982, quatre formes d’aide essentielles ont été définies. Il s’agit de «projets pour des travaux-complexes : hydrauliques, agricoles, textuels, infrastructurels, énergétique, transport et télécom, santé et enseignement, etc» ; de l’aide technique pour «offrir l’assistance complète sur le plan technique dans les travaux et continuer après la fin des travaux et dans la gestion et l’exploitation» ; l’envoi des équipes de médecins, «missions de profs, de volontaires, offre des cursus chinois à l’Afrique, et réception des boursiers, des stagiaires africains en Chine» ; l’aide sous forme de matériaux et de devises et d’un financement constitué de prêts sans intérêts avec quelques fois des aides sans contrepartie.

Avant la fin de 2013, sur le plan infrastructurel, selon un bilan du gouvernement chinois, l’aide de l’Empire du Milieu a permis la réalisation de 140 installations routières, 60 centrales électriques et 70 telecommunications. Sur le plan sanitaire, depuis le premier envoi d’une équipe médicale en Algérie, plus d’une centaine de centres d’hôpitaux sont installés en Afrique et assistés par la Chine. Sur le plan agricole, depuis les années 60, la Chine a signé avec une trentaine de pays africains «plus de 40 projets de coopération» pour aider les pays africains dans la production de riz, de maïs, de légumes, de thé, etc. En terme, le même bilan de 2013, fait ressortir un «investissement direct 25 milliards UDS».

L’aide chinoise en Afrique dans les années 2000

Lors du sommet de Beijing sur la coopération sino-africaine en novembre 2006, huit mesures ont été prononcées. Le sommet a décidé d’augmenter l’aide chinoise aux pays africains et la doubler jusqu’en 2009 par rapport à 2006. Les participants à cette importante rencontre ont convenu d’ «accorder des prêts à taux préférentiel d’un montant de 3 milliards de USD et des crédits acheteurs à taux préférentiel d’un montant de 2 milliards de USD aux pays africains sur les trois années» qui devaient suivre. Ainsi, dans le premier point, il a été créé un «fonds de développement sino-africain», dont le capital s’élèvera progressivement à cinq milliards de dollars pour soutenir et encourager les entreprises chinoises à investir en Afrique. Il y a la construction, à titre d’aide, du Centre de conférences de l’Union africaine en signe de soutien aux pays africains dans leurs efforts visant à accroître leur rôle à travers une unité accrue et à accélérer le processus de leur intégration.

Aussi, le sommet de 2000 a pris la décision d’annuler les dettes gouvernementales liées aux prêts sans intérêt arrivés à échéance à la fin 2005 pour les pays africains pauvres très endettés et les pays les moins avancés. Il y a, à noter, l’ouverture davantage du marché chinois aux pays africains et porter de 190 à plus de 440 le nombre des produits exemptés de droits de douane en provenance des pays africains les moins avancés. Ce sommet a permis dans ses conclusions de former au cours des trois qui ont suivi, «15 000 personnes compétentes, toutes catégories confondues, pour les pays africains». Il a été envoyé en Afrique 100 experts agronomes chinois de haut rang. Dix centres de démonstration des techniques agricoles ont été construits de même que 30 centres hôpitaux  ayant contribuer à la lutte contre le paludisme à hauteur de 300 millions de Yuans, notamment, pour l’achat d’artémisinine et la création de 30 centres de prévention et de traitement du paludisme. Au titre de ces conclusions, «300 jeunes volontaires chinois ont été envoyés pour aider les Africains à construire 100 écoles rurales et porter, avant 2009, de 2 000 à 4 000 le nombre des bourses accordées chaque année par le gouvernement chinois aux étudiants africains».

Les objectifs économiques

Les objectifs économiques se basent sur la complémentarité réciproque entre la Chine et l’Afrique. En matière de sécurité alimentaire, 7% de terres cultivables en Chine alimente 20% de la population mondiale, une expérience qui peut être partagée avec les pays africains. En termes de ressource, les achats chinois augmentent le prix et en termes de marchés, la vente chinoise permet une baisse du prix. En ce qui concerne la capacité de production, on peut noter la vulgarisation de l’industrialisation.

Les objectifs politiques de la Chine

L’aide de la Chine est motivée bien évidemment par des objectifs politiques bien précis. La Chine et les pays africains ont besoin de se prêter mutuellement soutien pour défendre leur position respective sur la scène internationale. Ainsi, la Chine a obtenu le soutien des pays africains concernant son entrée à l’ONU, son unification de la Chine (problèmes Taiwan, Tibet); son point de vue sur le droit de l’homme et sa désignation à l’Organisation des jeux olympiques, etc. Pour maintenir la paix mondiale, l’Afrique constitue une force importante face «aux problèmes internationaux et régionaux et à la lutte pour le nouvel ordre politique et économique international». Pour cela, les deux alliés ont besoin d’agir en étroite coordination et se soutenir mutuellement.

Par Bernard BOUGOUM