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Côte d’Ivoire: calvaire sans fin pour Laurent Gbagbo

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L'ancien président de la Côte d'Ivoire, Laurent Gbagbo (Ph. regionale.info)

De plus en plus, le sort de Laurent Gbagbo se ficelle à Abidjan, pendant que l’ancien président ivoirien fait des pieds et des mains pour rentrer au bercail. Il est toujours bloqué à Bruxelles, la capitale belge, où il est en quarantaine illimitée, non pour Covid-19, mais pour confinement décidé par la Cour pénale internationale (CPI), plus précisément par le bon vouloir de la procureure, Fatou Bensouda, qui a fait appel de la décision d’acquittement du président du Front populaire ivoirien (FPI). Comme un malheur n’arrive jamais seul, le chemin de croix du «christ de Mama» se poursuit de façon implacable, non vers Golgotha, mais sur la route de l’élection présidentielle du 31 octobre 2020, à laquelle, sauf tremblement de terre, il assistera en simple spectateur.

Non seulement le prédécesseur de Alassane Ouattara ne pourra voter, mais il ne peut prétendre à l’éligibilité, pour la simple raison que le citoyen ivoirien Laurent Gbagbo, n’existe plus sur les nouvelles listes électorales. Ce nom a été simplement biffé par la Commission électorale indépendante (CEI) qui ne fait qu’agir en tenant compte de la condamnation de Laurent Gbagbo, à 20 ans, en 2018, par la justice ivoirienne qui a accusé l’ancien président, de braquage de l’agence nationale de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (BCEAO). L’affaire remonte à une dizaine d’années, alors que la crise post-électorale de 2010-2011, faisait rage en Côte d’Ivoire.

Les partisans du toujours influent président du FPI, qui, réunis au sein du mouvement Ensemble pour la démocratie et la souveraineté (EDS), ont remis une lettre au président de la CEI pour contester la décision de sa structure d’avoir gommé, le nom de leur champion, obtiendront-ils gain de cause? Rien n’est moins sûr, même si le patron de la CEI, leur a donné l’assurance qu’ils pourront déposer leur recours, du 5 au 7 août prochain, avec l’ouverture du contentieux. Sans être un devin pour lire dans les eaux actuellement bien boueuses de la politiques ivoirienne, encore moins un oiseau de mauvais augure pour le FPI, on peut imaginer aisément le sombre avenir de ce recours.

Alassane Ouattara, qui jusque-là a parfaitement réussi, par différents moyens, d’éloigner de son «trône» ses adversaires les plus coriaces, ne se permettra sans doute pas de flirter avec ce danger de revoir, sur les listes électorales, le nom qui lui donne des cauchemars. Laurent Gbagbo, tout comme son ancien lieutenant, Charles Blé Goudé, lui aussi dans les filets de la CPI et l’ancien président de l’Assemblée nationale ivoirienne, Guillaume Soro, risquent bien de demeurer persona non grata chez eux, à moins d’accepter de suivre les élections sur l’écran du poste téléviseur de la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca) où des cellules VIP les attendent, de par la volonté du prince. Tout se jouera encore sur le terrain de la réconciliation qui reste une symphonie inachevée du régime Ouattara, en qui, pourtant, beaucoup d’espoir avait été placé pour ramener la Côte d’Ivoire sur les rails de la paix et de la cohésion sociale.

Est-ce trop tard pour la Côte d’Ivoire, qui continue de se faire peur, de vivre des élections apaisées? Tout dépendra des Ivoiriens, notamment de l’homme fort d’Abidjan qui pourrait bien manœuvrer pour un report des joutes électorales et négocier la trêve des confiseurs, et pour espérer des élections sans remous, mais déjà pour trouver un nouveau candidat pour son parti, le Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP), à moins d’aller, aux forceps, à son troisième mandat. En tout cas, la Côte d’Ivoire qui vient d’avoir son gouvernement réaménagé, le premier du nouveau Premier ministre, Hamed Bakayoko, vient également d’enregistrer un nouveau candidat, et pas des moindres, à la présidentielle d’octobre prochain. Il s’appelle Pascal Affi N’Guessan, et n’est rien d’autre, excusez du peu, que le président du…FPI, l’autre aile du part qui a déjà fait passer par pertes et profits, le calvaire du «christ de Mama». La nature a horreur du vide, dit l’adage.

Pour l’heure, les échauffements se poursuivent, en attendant le match de la présidentielle, prévu pour le 31 octobre.

Par Wakat Séra