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Coup d’Etat manqué de 2015: le «Touareg» et les putschs

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Le sergent-chef Roger Koussoubé (DR)

Le jugement du coup d’Etat manqué de 2015 au Burkina Faso, s’est poursuivi ce mercredi 11 juillet 2018 avec l’interrogatoire du sergent-chef Roger Koussoubé surnommé le «Touareg». Selon cet ex-garde présideniel qui estime avoir travaillé à accompagner le gouvernement de la transition, lui et son élément, le caporal Sami Dah ont déjoué un putsch le 25 juillet 2015, coup qui avait pour but, selon lui, d’interrompre la transition.

Au lendemain de ses déclarations considérées par certaines parties notamment le parquet et la partie civile, comme  des «révélations» dans ce dossier, le sergent-chef Roger Koussoubé qui est resté sur sa ligne de défense en niant avoir été le messager du général Gilbert Diendéré, présumé cerveau du putsch manqué, a enfoncé les charges contre l’adjudant-chef major Eloi Badiel et l’adjudant Jean Florent Nion, qu’il qualifie d’être proches du général Djibrill Bassolé, également accusé dans cette tentative de putsch.

Selon le sergent-chef Koussoubé, sous la transition précisément le 25 juillet 2015, lui et le caporal Sami Dah avaient déjoué un coup d’Etat orchestré par le major Eloi Badiel et l’adjudant Florent Nion. «C’est le major Badiel et l’adjudant Nion qui ont organisé le coup pour arrêter les autorités de la transition», a dit le «Touareg», précisant que les deux sous-officiers «ont rassemblé environ 45 jeunes soldats au garage du palais (présidentiel) en vue d’aller arrêter les autorités de la transition» qui tenaient en ce moment l’hebdomadaire Conseil des ministres.

«Ils (Badiel et Nion) étaient prêts à passer à l’acte si je n’avais intervenu cinq minutes avant», affirme-t-il, l’air convaincu de sa prouesse. «Quand j’ai été mis au courant, j’ai pris le caporal Sami Dah et on est allé au palais», a-t-il poursuivi. Toujours selon son récit des faits, il a tenté de dissuader, le major Badiel et l’adjudant Nion. Ce dernier, à en croire les propos de «Touareg» s’était «énervé contre (lui) et s’est mis de côté, car selon lui, Zida étant la source des divisions au sein de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP), il ne «comprenait pas pourquoi on s’oppose à son arrestation».

Alors, «j’ai pris Badiel à côté et j’ai dit major, ne vous laissez pas manipuler (puisque) le commandement n’était pas au courant» de l’acte, ajoute Roger Koussoubé avant de préciser que « c’est en ce moment que je ne sais pas par quelle acrobatie, Dah Sami a informé le capitaine Flavien Kaboré (l’aide de camp de Zida). C’est à la suite de cette information que le Premier ministre Isaac Zida et son ministre de la Sécurité, le colonel Auguste Barry, ont quitté précipitamment la salle du Conseil des ministres», a-t-il conclu.

A la suite des déclarations du sergent-chef Roger Koussoubé, qui affirme en savoir plus mais ne peut en dire plus craignant pour sa sécurité et celle de sa famille, le parquet a déclaré qu’il prenait ses «révélations avec réserve», en attendant les confrontations et les autres étapes de ce dossier dans lequel sont poursuivies 84 personnes militaires et civiles.

 

Par Bernard BOUGOUM