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Covid-19 au Burkina: les tests, encore des tests!

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Encouragement du gouvernement burkinabè aux chercheurs (Ph. gouvernement.gov.bf)

Jusqu’à preuve de contraire, et faisant foi aux chiffres officiels qui nous parviennent, la gestion du Covid-19 au Burkina, si elle n’est pas la meilleure est sans doute loin d’être la pire. Non seulement l’équipe soignante qui n’a jamais été confrontée à pareille catastrophe sanitaire se démène comme un diable dans un bénitier, avec les moyens qui sont siens pour sauver les vies, mais le gouvernement burkinabè, malgré les tâtonnements qui lui sont reprochés, à tort ou à raison, est également au front contre la maladie à coronavirus. La sensibilisation pour le respect des gestes barrières, les mesures, certes restrictives de liberté individuelle mais jugées opportunes dans l’arrêt de la propagation du virus qui sème à tout vent, les dons volontaires, parfois spontanés mais souvent intéressés ou populistes, etc., sont autant d’initiatives et de stratégies de réponse au Covid-19 qui a mis le monde entier en pause. Tant bien que mal, les Burkinabè, commencent à vivre avec le mal, et surtout à intégrer dans leur quotidien, de nouvelles habitudes pour faire face au coronavirus et réfléchir à l’avenir, car il y aura désormais un avant et un après Covid-19. Toute guerre, quelle que soit sa longueur à une fin et il en sera sans doute ainsi de cette 3è guerre mondiale qui ne connaît que des alliés contre un seul ennemi, le virus à couronne.

Si la volonté est publiquement manifeste de vaincre le Covid-19, il n’en demeure pas moins que les uns et les autres se posent des questions sur la manière de fonctionner de nos «sauveurs». Hormis les querelles sur l’utilisation de l’Apivirine, produit sorti de la course sans essai clinique, en dehors de la mise sous scellé d’une pharmacie qui proposait des tests, toute chose qui selon la ministre burkinabè de la santé créerait la psychose, alors que la demande en test est bien réelle, il faut dire que les «blouses blanches» burkinabè, dont certains ont même contracté le Covid-19 qui n’a peur de personne, tirent assez bien leur épingle du jeu. Mais comme toute œuvre humaine qui ne saurait porter le sceau de la perfection, il faut rectifier le tir pour redonner confiance aux populations et empêcher des personnes, surtout celles asymptomatiques et celles qui craignent de ne sortir du Centre hospitalier universitaire de Tengandogo (ex hôpital Blaise Compaoré) que les pieds devant, de partager, à tour de bras, le Covid-19 autour d’eux, avant de mourir, elles-mêmes, sans soins. Ou alors, c’est le boulevard ouvert à l’automédication. Certains malades se sentant abandonnés comme des pestiférés, alors que le Covid-19 n’est qu’une maladie dont la guérison est rapide si elle est vite dépistée, trouverons peut-être leur bonheur dans les plantes traditionnelles qui ont soigné nos parents. En tout cas, la réponse au coronavirus pêche dans sa partie et ce ne sont pas ces médecins qui, dépités, s’en sont ouverts qui diront le contraire. Morceau choisi: «J’ai reçu un malade qui était en détresse respiratoire. J’appelle pour le test. L’équipe arrive mais refuse catégoriquement de faire le test pour la simple raison que le patient a dit n’avoir pas été en contact avec un malade du Covid-19». Pourtant, ce sont nos mêmes spécialistes qui parlent des patients asymptomatiques. C’est tout de même difficile à comprendre pour le non-initié que nous sommes.

A moins qu’il n’y ait pas de réactif en quantité suffisante, auquel cas il serait plus pertinent de permettre aux pharmacies et aux médecins qui peuvent en disposer de le rendre disponible, au lieu de les mettre «sous scellé». Pour consolider les efforts déjà mis en œuvre et donner davantage de crédibilité aux chiffres qui commencent à donner de l’espoir aux Burkinabè, il importe de changer le fusil d’épaule pour na pas rater le virus à la couronne. Cette cible si mouvante!

Par Wakat Séra