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Crise à Koubri: «L’occupation de la voie n’est pas la solution» (Ministre Habitat)

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Le ministre de l'Urbanisme et de l'Habitat, Dieudonné Maurice Bonané à la rencontre avec la délégation des habitants de Kouba

Le ministre burkinabè en charge de l’Urbanisme et de l’Habitat, Dieudonné Maurice Bonané, a affirmé ce vendredi 26 janvier 2018, face à une délégation des manifestants du village de Kouba, qui ont barricadé jeudi 25 janvier la route nationale n°5 pour réclamer le lotissement de leur localité située dans la commune de Koubri, que «l’occupation de la voie (principale) n’est pas la solution» pour la résolution de ce problème, au gouvernorat de Ouagadougou.

Annoncée pour 15H00 (Gmt), c’est finalement vers 16H15 que la rencontre a débuté sous la présidence du ministre Maurice Bonané, du gouverneur du centre, Issa de Sibiri Ouédraogo et du Haut-commissaire du Centre Boureima Sawadogo. D’entrée de jeu, le ministre a tenu a indiqué à ses hôtes, dont l’expression des mines en disaient long sur leur préoccupation qui devrait leur permettre d’acquérir de logements sociaux décents, qu’il s’est invité à la rencontre à cause de l’importance de l’ordre du jour.

La parole a été donnée en premier lieu au porte-parole des habitants de Kouba, Abdoul Nasser Ouenyam Birba, qui plus d’une vingtaine de minutes, a expliqué avec un ton empreint de douleur et de colère, ce qui coinçait entre les manifestants et le maire de Koubri, Marcel Zoungrana, qu’ils accusent de ne pas honorer une «promesse» de campagne. Il a d’abord signifié que sous sa houlette, il avait mobilisé les populations de Kouba qui constituent la base électorale de Koubri, pour renverser le maire Ousmane Compaoré qui était «trempé» dans une mauvaise gestion des lotissements sous le régime de Blaise Comaporé.

Le porte-parole des habitants de Kouba qui réclament de logements sociaux décents

C’est ainsi qu’il a approché sous la transition, le maire actuel Marcel Zoungrana, pour qu’il soit leur candidat en vue de défendre leurs intérêts, notamment en ce qui concerne la gestion vertueuse des lotissements afin que les populations de Koubri puissent avoir des logements décents pour abriter avec leurs familles, a raconté M. Birba, confiant que «475 hectares» avaient été retirés sous le maire déchu grâce à leur action. «Nous nous sommes battus» pour que Marcel Zoungrana «soit maire», a-t-il poursuivi son argumentaire en faisant remarquer clairement que «le problème de Kouba est lié aux sociétés immobilières», qui, selon lui, sont en train d’aménager les parcelles des localités qui entourent leur village.

«Aujourd’hui nous sommes en 2018. Les promoteurs immobiliers ont tout pris. Les sociétés immobilières sont là et nous ne sommes pas recensés, donc nous demandons au maire de rendre compte», a continué Ouenyam Birba qui l’a accusé de «trahison». Selon lui, les manifestants ont été contraints de se retrouver sur la RN5 le 12 et le 25 janvier pour manifester leur ras-le-bol face  à cette situation, car ils ont été empêché de le faire sur les espaces publics. Il a déclaré devant les autorités que les partisans du maire «menacent verbalement et physique» les frondeurs dans cette affaire.

Le deuxième intervenant qui n’était autre que le ministre Maurice Bonané himself, a demandé de «dépassionner les débats» et a condamné les manifestations sur les voies qui constituent des blocages du trafic routier. Pour lui, à travers ces agissements, «nous ne respectons pas les martyrs», or, «nous avons l’obligation d’honorer la mémoire des martyrs de l’insurrection populaire (des 30 et 31 octobre 2014, NDLR)». «Le gouvernement a honoré la commune de Koubri en lançant la politique de lotissement» dans cette commune, a-t-il enchaîné tout en rappelant que l’enquête parlementaire menée sur le foncier «montre une réelle et forte volonté du gouvernement de trouver des solutions aux nombreux problèmes de lotissements».

«L’occupation des voies n’est pas la solution. Il y a des chefs de circonscriptions administratives auprès desquels vous pouvez poser vos préoccupations. Qu’est-ce qui vous aurez coûté de venir poser votre problème au ministère», a-t-il insisté tout en rassurant que le «maire ne décide pas par lui-même pour faire des lotissements».

Marcel Zougrana, maire de Koubri

Sur les propos de Ouenyam Birba faisant état de la présence de promoteurs immobiliers à Kouba, le ministre Bonané a réagi que «le ministère n’a donné aucun centimètre carré à aucun promoteur immobilier» pour des lotissements à Kouba. «Donc faisons très attention aux fausses informations, aux rumeurs et autres bruits de couloirs ou de gargotes», a-t-il affirmé, invitant les populations à «privilégier le dialogue» dans ces genres de situations.

«Nous allons mettre de l’ordre dans certain nombre de chose. Je voudrais appeler les populations au calme, à la retenue, au dialogue. S’il y a des inquiétudes, il faut venir au ministère poser le problème. Nous allons établir le dialogue avec toute la chaîne pour impliquer tous les acteurs à tous les niveaux. Je vous demande de faire tomber la passion et la tension», s’est-il répété.

Pour le ministre Dieudonné Maurice Bonané, la crise de Koubri qui abrite Kouba a été alimentée par des «rumeurs, des informations non fondées qui ont entraîné une situation déplorable», voulant qu’on «dépassionne le problème lié au foncier».

Apres avoir écouté le ministre qui n’a pas jugé utile de donner la parole au maire qu’il dit avoir déjà entendu, le porte-parole des habitants de Kouba, s’est «excusé» pour le comportement antirépublicain des manifestants. Même s’il dit prendre acte des assurances du ministre, il se dit inquiet car «ce pouvoir est a mis mandat». «C’est sur les mêmes bitumes qu’on a protesté contre les mauvaises politiques de Blaise Compaoré qui ont fini par emporter son régime et le contraindre à l’exil», a-t-il réagi en fin de compte.

Le maire Marcel Zoungrana que nous avons saisi au sortir de la rencontre, après insistance, a affirmé que tout ce que Ouenyam Birba a avancé dans la salle n’était que des «allégations».

Par Mathias BAZIE