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Dakar: le spécial thiéboudiène au goût de paix et de sécurité

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L'Afrique toujours en quête de paix et de stabilité (Ph. illustration/lepoint.fr)

Le thiéboudiène, cette légendaire spécialité sénégalaise de riz au poisson, a eu, ces lundi et mardi, un goût de paix et de sécurité, avec à ses fourneaux, un chef tout autant spécial. En effet, le cuistot de service n’est autre que le président de la république sénégalaise, Macky Sall, qui a offert à ses invités de marque au 7e forum de la paix et de la sécurité, un menu très au fait des préoccupations des Africains et qui constitue, en réalité, une mise en bouche pour le sommet entre l’Union européenne (UE) et l’Union africaine (UA), prévu pour se tenir mi-février à Bruxelles. C’est également une excellente entrée, pour le pays hôte, qui devrait prendre les rênes de l’UA, toujours au mois de février prochain.

Mais, si les fruits tiennent la promesse des fleurs, c’est surtout une rencontre qui sera déterminante pour l’Afrique, continent écartelé entre la pauvreté endémique, les attaques terroristes qui, au quotidien, endeuillent les armées nationales et les populations civiles, notamment dans le Sahel, et désormais le Covid-19 dont le nouveau variant, l’Omicron détecté en Afrique du sud mais qui a déjà essaimé au Ghana et au…Sénégal, et cause une psychose sans commune mesure, avec des refermetures de frontières et autres restrictions drastiques. Ce que n’a pas hésité à qualifier d’«apartheid sanitaire» le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, lui qui, mieux que n’importe lequel de ses pairs, connaît de vécu, les méfaits de la ségrégation.

Au Centre international de conférences Abdou Diouf de Diamniado, qui abrite le forum au thème évocateur des «Défis de la stabilité et de l’émergence de l’Afrique», le président Mohamed Bazoum est arrivé, certes armé de son slogan, «le Niger d’abord, l’Afrique toujours», mais sans doute avec l’esprit bousculé par les fantômes de toutes ces victimes des djihadistes et autres bandits de grand chemin qui se sont sanctuarisés dans le Sahel africain où ils sèment larmes et désolation et provoquent l’exil forcé des populations qui deviennent des réfugiés dans leurs propres pays.

Si le chef de l’Etat nigérien a pu, lui, ramener les habitants de Diffa et de Tillabéri, sur leurs terres qu’ils avaient abandonnées, chassés par les assaillants, il n’en demeure pas moins que les attaques armées continuent de faire des ravages meurtriers et économiques au Niger, au Burkina Faso, au Mali, au Nigeria, et que les autres pays du Golfe de Guinée, au titre desquels la Côte d’Ivoire, le Bénin, et le Togo, sont désormais, dans l’œil du cyclone terrorisme.

L’urgence est là, ont décrété les chefs d’Etat africains réunis autour de leur hôte sénégalais dans le cadre du 7e Forum de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique qui baisse ses rideaux ce mardi, après les avoir levés lundi. A la suite de Macky Sall, de Mohamed Bazoum, de Cyril Ramaphosa et du Bissau-Guinéen Umaro Cissoco Embalo, tous les Africains, s’ils avaient eu voix au chapitre à Dakar, auraient sans doute été moins diplomatiques car, pour eux, l’heure est simplement grave!

Et comme leurs dirigeants, ils auraient demandé, à la communauté internationale, de mettre fin à l’«apartheid sanitaire» contre l’Afrique du sud et d’autres pays de l’Afrique australe, d’accroître les ressources financières et de multiplier les dons de vaccins, pour contrer plus efficacement la propagation du coronavirus sous les tropiques.  Dans la même logique, ils exigeront des partenaires traditionnels au développement, davantage d’investissement dans la lutte contre le terrorisme, par le biais d’équipements en logistiques, surtout aériennes et d’appui en renseignement.

En tout cas, pour le salut de l’Afrique, des réunions comme le forum de Dakar ne doivent pas être des rencontres de plus, mais des forums plus. Et c’est en cela que le continent noir, qui se sera fixé ses véritables priorités, pourra s’ériger en partenaire crédible et compter sur l’échiquier des relations internationales dominé par les autres continents abritant des pays dits «grandes puissances». L’Afrique, courtisée de toutes parts pourra, ainsi, rêver d’avoir son destin entre ses mains.

Par Wakat Séra