Accueil Opinion Démission inaugurale de Soro et la pleine renaissance démocratique de 2020

Démission inaugurale de Soro et la pleine renaissance démocratique de 2020

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Dans cette tribune, le Philosophe, Mamadou Djibo Baanè-Badikiranè, est formel, « Guillaume Soro incarne l’offre politique intergénérationnelle crédible, responsable et en phase avec cet Houphouëtisme inspiré du RDA comme réconciliation pour le rassemblement, Etat de droit et lutte implacable contre la corruption ».

J’ai exposé les motifs du dépassement politique des Houphouëtistes de pouvoir et d’opposition. La démission du leader Guillaume Soro Kigbafori de la  présidence de l’Assemblée Nationale ivoirienne clôt ce cycle et ouvre un autre frappé du sceau du progrès social, de l’Etat de droit et de l’émancipation panafricaine ; un cycle ivoirien bipartisan, politiquement transversal et intergénérationnel pour la joute présidentielle de 2020. Ce moment historique et décisif ivoirien est à ceux qui vont savoir l’ensemencer. Pourquoi donc un tel développement ?  Précisément parce que les Houphouëtismes surtout celui au pouvoir avec le RHDP se veut libéral-social.

Je le constate néolibéral et d’essence extravertie pour être plus exact en raison même du fait que le fort taux de croissance échoue à répondre aux attentes du panier de la ménagère. D’où la nécessité de redoubler d’efforts et surtout d’éponger, primordialement, la dette intérieure pour donner un coup de pouce aux créateurs de richesses d’ici et aux Champions nationaux que nous adulons tous. Il faudra aux deux variantes de l’Houphouëtisme, faire une suggestion utile : relire le Prix Nobel d’économie, le Professeur Paul Krugman et apprécier, la corroboration ou non de la politique qui est conduite par le Gouvernement de la République avec le capitalisme de redistribution qui est l’évidence apodictique du libéralisme social.

Richard Sennett, penseur du capitalisme et de la société solidaire, Professeur de la London School of Economics (proche de Hannat Arendt et de Max Weber) en est aussi une référence (avec sa belle exégèse du devoir et de la charge, de l’autorité administrative comme protection des plus vulnérables) sa promotion de l’économie coopérative et solidaire. Le retour de l’idéologie comme prégnance de l’agir politico- économique et plateformes afférentes en Côte d’Ivoire est bienheureux. La clarté et l’aléthéia des postures politiques sont à ce prix. La démission du leader Guillaume Soro est cet accélérateur historique.

Ma conviction est que le leader Guillaume Soro Kigbafori est celui de tous les acteurs politiques ivoiriens qui prononce et pratique beaucoup le mot de solidarité, de bienveillance fraternelle, de protection des plus vulnérables de la société. De ce point de vue, il incarne les valeurs progressistes prônées par ces fulgurances intellectuelles de ce début de siècle plutôt que le dogmatisme du marxisme philosophique. D’ailleurs le marxisme n’est  de mise que du double point de vue philosophique (avec une prétention à la scientificité) et l’ascèse doctrinale en dogmes théorétiques d’une part et la rupture programmatique comme expérience historique déterminée et circonscrite.

Ce marxisme de l’historicité est de ce fait, salva veritate, plutôt déterminée et surgit en déclinaisons plurielles globales voire contradictoires comme maoïsme, léninisme ou la variante « Socialisme avec les charactéristiques chinoises et économie socialiste de marché », cette touche heureuse du leader Deng Xiaoping (à partir de 1982) qui vaut à la Chine Populaire, après 4 siècles d’éclipse, de renaître et de viser la première place économique au monde, etc. ce marxisme incarné en Chine Populaire par exemple, a beaucoup financé le programme de développement de la Côte d’Ivoire. Nul ne peut en contester le succès. Le marxisme ne saurait de ce fait, pour tous nos dirigeants et praticiens de la Chine Afrique,  constituer le chiffon rouge de la peur. Pourquoi ?

Parce  qu’Il n’y a donc point de marxisme incarné par des expériences historiques sans intelligibilité de la nécessité du moment et des réformes induites pour l’émancipation des peuples. Au plan individuel, La Côte d’Ivoire est peuplée de ses enfants et de ses hôtes. Et bien plus, généralement, l’Afrique est une terre de foi. Je me demande alors comment le bon chrétien pratiquant Guillaume Soro Kigbafori, pourrait tomber sous le concept de l’athéisme marxiste ? Enfin, le retour des conjectures doctrinales est charmant et inaugural du temps des intellectuels. Un vrai bonus pour nous autres qui osons penser le progrès des peuples africains!

Bref, la doctrine soroïste de l’engagement citoyen s’appelle solidarité et justice sociale pour tous par l’Etat fort, démocratique et social. La solidarité intergénérationnelle impose donc l’abandon des thématiques de la rancune ivoiritaire résiliente mais impraticable et des input et output exécutifs d’assignation idéologique close, no variatur, de la technostructure décisionnelle, ces deux variantes de l’Houphouëtisme affadi (ma thèse). La pleine renaissance de la république avec Guillaume Soro est en devenir : « Je rends le tabouret pour aller chercher le fauteuil », cette parole apophantique est annonciatrice de cet évènement auquel nous devons nous connecter.

Aujourd’hui, en ce jour béni du 8 février 2019, le leadership de transformations et de réconciliation auquel rêve la Côte d’Ivoire amoureuse de rassemblement et de concorde nationale, vient de mettre en orbite, le fils du transpartisme et du maillage transethnique, le leader Guillaume Soro. Cette démission, sa démission est un Game Changer, un vrai momentum de l’espérance et un sacré coup de pouce à l’Etat de droit qui vient, qui bourgeonne.  Cette démission est un moment heureux pour que force reste à l’élégance démocratique au service de la stabilité, la vitalité des institutions de la république, le respect de leur interjeu institutionnel réglé par la Constitution, la déontologie et la décence républicaine et l’aléthéia de la praxis sociale.

Une démission libératrice comme inaugurale d’une pleine renaissance de la république en 2020. Cette démission inaugurale est le serment des Soroïstes pour la sauvegarde de la république égale, sociale et démocratique.  Les deux variantes postulées de l’Houphouëtisme de pouvoir et d’opposition, exposées durant les deux éditoriaux passés, sont obsolètes et ne peuvent incarner le RDA authentique de 1946, populaire, solidaire et panafricaine encore moins l’émancipation africaine endogène. Guillaume Soro Kigbafori signe leur mort sociale avec la présente démission, inaugurale et annonciatrice du tournant décisif en 2020. Un moment apophantique pourvu que les élections soient libres et transparentes, organisées par une CEI indépendante du pouvoir!

Je propose que les deux houphouëtismes postulés par leur enracinement commun, seulement, ivoirien et clos comme origine millénariste absconse et nombriliste (ivoirité résiliente) ou comme technostructure décisionnelle au pouvoir, sont outdated, désuets, obsolètes. Le sort du contrecourant ivoiritaire fut scellé en 1999 par son refus d’aller dans le sens de l’histoire émancipatoire et aussi, parce qu’en s’en prenant à ses propres poches de loyauté politique et en demantélant sa propre dynamique sociale comme alliance entre les citoyens du nord ivoirien et leur alliance avec ceux du V-Baoulé, il décrocha, tomba en vrille et le crash fut inévitable. Ce type-là, cet houphouëtisme affadi mais postulé aujourd’hui et hier au pouvoir, viscéralement pourvoiriste et managérial insuffisant, sans bienveillance et sans horizon d’anticipation heureuse africaine a donc produit l’Ivoirité. Une trahison de l’idéal initial de 1946.

Cet houphouëtisme ivoirisé est donc oxymorique. IL est surtout une disjonction sectaire et à rebrousse-poil historique qui fut, ainsi, une offrande pour les dieux méchants de la déchirure émotionnelle des citoyens ivoiriens. Des dieux fous des larmes, des lamentations et du sang innocent versé et des droits de la nationalité confisqués ! Le coup d’Etat militaire du Général Guéi de 1999 a ouvert la boîte de Pandore sans pouvoir la refermer durablement parce que la junte militaire a confondu la république avec les ripailles. De cette confusion, Gargantua ne voulait plus quitter la table des banquets. La suite est connue. L’avènement de la rébellion revendicatoire des droits de la nationalité du leader Guillaume Soro Kigbafori fut le remède tranchant de cet houphouëtisme d’ivoirité résiliente confiscatoire des droits auquel le FPI, un parti dit de gauche, s’adonna, sournoisement, dès sa prise du pouvoir en 2000. Une trahison du processus démocratique et de l’égalité citoyenne !

Quelques furent ses métamorphoses gouvernementales de 1993 à 2010 (puisque le FPI au pouvoir a trahi l’idéal de consolidation de la démocratie en convolant en noces fétides avec l’ivoirité sournoise après avoir obtenu de haute lutte, le multipartisme), l’Etat de droit a été trahi et la démocratie fourvoyée. Que ce courant nationaliste nombiliste et sectaire se rhabille, il ne saurait tromper personne, aucun progressiste ivoirien, les Africains attachés au destin d’unité du continent ou les afropolitanistes (ancrage africain et universalité comme feu Fabien E. Boulaga le thématisait) et fier combattant de la cause noble du RDA initial. Ceci d’autant plus que le temps que nous vivons est  l’engagement patriotique et panafricain pour un Etat de droit au service du Peuple souverain, une économie par les champions nationaux pour une redistribution sociale, profitable à tous au nom de la cohésion nationale.

Guillaume Soro incarne, c’est ma conviction, l’offre politique intergénérationnelle crédible, responsable et en phase avec cet Houphouëtisme inspiré du RDA comme réconciliation pour le rassemblement, Etat de droit et lutte implacable contre la corruption. La section PDCI l’a, jadis, incarné et qu’il semble abandonner à l’âge de la Révolution Digitale en rase campagne vu la sociologie de l’électorat national (générations solidaires et numérisées) et la nécessité du moment des libertés consolidées et l’intelligence politique circonstanciée induite.

Le deuxième houphouëtisme procédural de type technostructure décisionnelle avec le RHDP au pouvoir, court lui aussi vers son seuil d’obsolescence programmée en raison même de son refus du dialogue continu et du refus des thématiques de souveraineté africaine, de politiques publiques tournées vers la croissance endogène et la redistribution, les demandes multisectorielles fortes de ce moment historique charnière pour le progrès social, la lutte implacable contre la corruption des élites et l’émancipation du continent. L’houphouëtisme comme technostructure décisionnelle ivoirienne, par exemple, est adossé sur la surestime de sa maîtrise du champ des possibles politiques selon sa seule volonté ordonnatrice et ceci comme compétence et aussi comme ascendant total sur le lieu propre de l’avoir financier et conséquences.

Je l’ai déjà appelé quelque part, cette nouvelle caste d’Africains issus des institutions de Bretton Woods (1944), le cercle de l’hypostase de la compétence postulée et captatrice de l’Etat. Les cas du Benin et de la Côte d’Ivoire tombent sous ce concept.  Notre génération d’Africains doit s’assurer que cette compétence ou sa prétention comme intention reste au service du peuple. Les profils issus des institutions Bretton Woods  produisent certes des résultats mais, toujours, en-deçà des attentes populaires et du progrès social espéré. Ce cercle forme le binôme compétence exhibée et pouvoir d’argent. Pour la Côte d’Ivoire, ce deuxième type de l’Houphouëtisme procédural vient de cet appareillage entre compétence postulée et pouvoirs d’argent pour faire valoir sa posture de diriger l’Etat. Quant à l’idée de nation et son succédané, le bien commun, la république, ils sont laissés pour compte ou à tout le moins, privatisés. Au mieux, la liste des longues attentes populaires les attend. Le hic est que comme l’a démontré, à suffisance, le philosophe Paul Ricoeur dans les années 60 :

« Le danger, aujourd’hui, est que la direction des affaires soit accaparée par les oligarchies de compétents, associées aux puissances d’argent ». Ces oligarchies qui s’offrent ainsi la possibilité une fois au pouvoir, de privatiser l’Etat au profit de ses membres. J’en déduis qu’une petite frange de la population en est bénéficiaire et ceci explique pourquoi, la demande sociale n’a jamais été aussi en panne de réponse forte. Ici comme partout dans ce vaste monde néo-libéralisé, les inégalités sont abyssales et ce sont les seules qui croissent au profit des Super riches (1%). Le français Thomas Piketty l’a largement démontré dans son ouvrage célèbre, Le Capitalisme au 21 siècle (un éditorial y a déjà été consacré). Ceux qui lisent en anglais peuvent tout aussi bien se référer aux fulgurantes chroniques  sociales libérales du Prix Nobel d’économie 2008, Paul Krugman dans le New York Times (1).

Les technostructures décisionnelles (nomenklatura) de type oligarchique ne taxent point les Super riches. La candidate démocrate pour les élections primaires Elisabeth Warren a très clairement et courageusement mis cet enjeu dans l’agenda de la prochaine présidentielle américaine. L’on comprend aussi pourquoi, le peuple africain est souvent interloqué sur les pratiques et l’héritage de ce type de gouvernement sur le continent.

J’affirme que nul ne peut être Houphouëtiste sans pratiquer une loyauté inébranlable envers l’humanité africaine comme émancipation et fédéralisme, partage solidaire pour ici et ouverture universelle sur le vaste monde. Cet idéal du RDA compris, tardivement, par le Président Léopold Sedar Senghor lui a fait dire, relativement à son absence à Bamako à la création du RDA, que ce fut probablement, une « erreur ». L’Houphouëtisme initial et pérenne est celui du socle affectif de ces deux denrées, l’émancipation africaine par les luttes démocratiques, l’identité comme ancrage patriotique national et ouverture comme astreinte à aller, avec la dynamique du rassemblement, à la rencontre du destin fédéraliste. Dire que Guillaume Soro est de la gauche RDA (revendicatoire, émancipatoire et panafricaniste) est plus conforme à ses convictions plutôt que de marxiste, catégorie politique en déréliction globale.

Paul Krugman, Elisabeth Warren Does Teddy Roosevelt, NYTimes, 20/01/28/