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Derna, apocalypse now!

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Derna présente aujourd'hui un visage apocalyptique

Comme si elle était frappée par le sceau d’une malédiction qui ne l’a jamais lâchée depuis la nuit des temps, Derna continue de vivre son calvaire. Abandonnée sous Moammar Kadhafi, mise en quarantaine par le maréchal Haftar qui l’accusait d’être un nid géant de terroristes, Derna vit l’horreur, depuis la nuit du 10 au 11 septembre, lorsqu’elle a été frappée par la tempête Daniel qui n’a laissé derrière elle, que cadavres et ruines.

Un triste bilan, bien que contesté, fait état de plus de 3000 morts et plus du millier de personnes disparues. Les inondations provoquées par le typhon ont entraîné des dégâts immenses que, malgré toute leur volonté, les secours venus de toute part à travers la planète n’arrivent pas à couvrir. La situation humanitaire s’empire de jour en jour, faisant craindre, à cause du manque d’eau potable les maladies les plus graves. Au moins 55 enfants, auraient déjà été empoisonnés parce qu’ils ont dû boire de l’eau polluée.

Le drame ne connaît visiblement pas de limite dans une ville de Derna, dont les populations, après les larmes manifestent désormais leur ire contre des autorités administratives dont elles demandent, sans autre forme de procès, le départ et la poursuite par la justice. La détresse incommensurable des familles n’a de mesure que le chaos que vit la Libye, depuis son bombardement et l’assassinat du «Guide» par des forces de l’Otan, plus précisément, les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la France de Nicolas Sarkozy. Depuis lors, le service après vente n’ayant pas été assuré par les bourreaux de Kadhafi qui ont mis en avant une œuvre fallacieuse de salubrité publique pour «sauver les populations» des griffes d’un «dictateur», la Libye est devenue un pays de non droit et surtout un marché d’armes à ciel ouvert où s’approvisionnent terroristes et grands bandits de tous les pays.

Cette pluie de bombes tombées du ciel comme servies de la mer a, malheureusement, conduit à la destruction d’un pays où, pourtant, tout était gratuit pour ses habitants, mais dont le pétrole suscitait des convoitises exacerbées de la part des Occidentaux. Conséquence, deux gouvernements dont l’un installé à Tripoli et reconnu par l’ONU et l’autre à l’est, se combattent sans répit avec le soutien ouvert ou caché de puissances étrangères, pour le contrôle du pays.

En tout cas, si la Libye n’avait pas été désossée et rendue orpheline par l’assassinat de Kadhafi, la tempête Daniel aurait rencontré une réaction autre que celle contre laquelle s’élève des populations de Derna excédées et révoltées contre tous ces «bons samaritains» qui affluent et dont le Maroc a refusé l’aide de la plupart, après le tremblement de terre qui l’a frappé le 14 septembre.

Derna la suppliciée renaîtra-t-elle de ses ruines? Peut-être, mais certainement pas de sitôt dans une Libye elle-même dépecée et soumise à l’appétit vorace de puissances pour les intérêts desquelles les deux gouvernements en place dans le pays luttent.

Par Wakat Séra