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Discours du Premier ministre burkinabè: «une lettre d’amour pour un peuple»

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Le Premier ministre face aux députés pour son discours de politique générale

Le Premier ministre burkinabè, Christophe Joseph Marie Dabiré, a prononcé ce lundi 18 février 2019, son discours de politique générale, un mois après sa nomination conformément à la Constitution du pays. Nous vous proposons quelques réactions de députés qui ont apprécié la déclaration du chef de l’Exécutif et posé des questions relatives aux préoccupations des Burkinabè. Il faut dire que vers la fin de son discours, Christophe Dabiré a écrasé quelques larmes dues à «l’émotion», s’est-il excusé auprès de son auditoire.

Entre qualificatifs laudateurs, propos francs, enquiquinement ou discours de vérité, encouragement, commentaires, observations et suggestions, les députés, chacun sans langue de bois et selon son appartenance et idéologie politiques, ont réagi sur le discours de politique générale de M. Dabiré. La situation sécuritaire et la question de la réconciliation nationale ont été abondamment abordées par les élus nationaux qui ont également évoqué les problématiques liées à l’éducation, à la santé, à l’eau et l’assainissement, aux infrastructures et aux questions du genre, de la mal-gouvernance, de la corruption, l’entrepreneuriat, l’incivisme et de la fronde sociale, etc.

Les élus de l’Union pour le progrès et le changement (UPC), la deuxième force politique du Burkina, ont indiqué que la question de la «réconciliation nationale» doit être au cœur de l’action du gouvernement Dabiré. Dans l’ensemble, a dit le député Adama Sosso de ce parti, «le pays va mal et le peuple est déçu». Son collègue Koumbatersour Nicolas Dah du même parti qui forme un groupe parlementaire, a déclaré que l’«ardeur au travail» du chef du gouvernement «est reconnu par tous».

Après avoir jugé «sincères et émouvants», les propos de M. Dabiré, le député de la Nouvelle Alliance du Faso (opposition), Zilma Bacyé, président du groupe parlementaire Paix, justice et réconciliation nationale (PJRN), a tout naturellement interpellé le nouveau chef de l’Exécutif sur la nécessité de la réconciliation et de la justice pour sauvegarder le vivre-ensemble des Burkinabè qui ont traversé des périodes de troubles socio-politiques dont les récents sont l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 et le putsch manqué du 16 septembre 2015 ayant fait des morts et des blessés.

Pour le compte du groupe parlementaire Burkindlim (mouvance), le député Issa Anatole Bonkoungou a salué le discours du Premier ministre «empreint de conviction et d’assurance». Il a appelé ses collègues députés à accompagner M. Dabiré et son équipe afin qu’ils apportent des réponses satisfaisantes aux préoccupations des Burkinabè.

«Excellence, vous l’avez dit, le pays va mal et vous avez été appelé pour le redresser. Ne travaillez pas à faire réélire Roch Kaboré (chef de l’Etat) en 2020 mais pour qu’on parle en bien de (lui) 20 ans après son passage au pouvoir», a déclaré le député Alexandre Sankara de la mouvance. Le même élu a ajouté: «Excellence, vous avez cité deux personnalités importantes de ce pays» que sont le professeur Joseph Ki-Zerbo et le père de la Révolution burkinabè, le capitaine Thomas Sankara. «Excellence, vous les avez pris en modèles mais ne vous arrêtez pas là. Je vous souhaite de réfléchir comme Joseph Ki-Zerbo et d’agir comme Thomas Sankara», a fait remarquer Alexandre Sankara, sous des ovations bien nourries du public et de certains de ses collègues qui partageaient, sans doute, son point de vue.

Le député Mahama Zoungrana du groupe parlementaire Congrès pour la démocratie et le progrès (opposition) a, quant à lui, attiré l’attention du chef de l’Exécutif, sur le «Code électoral 2018 (qui) n’est pas consensuel». Le texte électoral qui avait agité toute la classe politique «ne favorise pas le vivre ensemble», a souligné l’honorable Zoungrana dont le parti, le CDP, dit faire de cette question, son cheval de bataille pour des élections inclusives en 2020 au Burkina Faso.

Juliette Bonkoungou, un autre député du groupe parlementaire CDP, ex-parti au pouvoir, dit «partager l’émotion» empreinte de «sincérité» du Premier ministre. «Vous êtes un homme bon, droit, travailleur», a-t-elle relevé en demandant au chef de l’Exécutif de «donner aux Burkinabè, l’espérance en calmant la situation sécuritaire, puisqu’en 20 mois, il sera difficile d’éradiquer ce phénomène» qui est mondial. Madame Bonkoungou qui dit avoir côtoyé Christophe Dabiré depuis ses années d’études en France, a invité le chef du gouvernement, à prendre en compte, la question de la réconciliation, en vue de raffermir la cohésion sociale. «Le peuple doit avancer, aller franco à la réconciliation. Il ne faut rien s’interdire si cela peut aider le pays à aller de l’avant», a-t-elle ajouté.

Pour son collègue du CDP, Michel Ouédraogo, le discours du Premier ministre est «une lettre d’amour pour un peuple» . L’ex-délégué général du Festival panafricain de cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco) a souhaité que cette lettre se termine de façon «belle par la réconciliation». C’est pourquoi, il a demandé que «la réconciliation soit le point de départ de l’action» de M. Dabiré.

Pour les députés du parti majoritaire, le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), le discours de politique générale de Christophe Joseph Marie Dabiré, est «clair, équilibré, cohérent et précis». Après avoir salué «la pertinence et la qualité» du discours du chef du gouvernement, le député Bachirou Li a demandé que les autonomisations des universités soient une réalité.

Le Premier ministre a fait une «présélection claire des défis» a noté Ousséni Tamboura du MPP. «Vous êtes honnête et courageux», a dit l’élu qui souhaite que M. Dabiré «fasse la chasse des mauvaises poches de consommation». Ce député a également souhaité que le chef de l’Exécutif dise ce qu’il met dans «la réduction du train de vie de l’Etat» et ce qu’il compte mettre en œuvre comme politique les jours à venir.

Lassina Ouattara, toujours du MPP, est allé dans le même sens en invitant le Premier ministre à «engager une initiative» dans les administrations et autres structures publiques pour «dénicher les points de gaspillage et y apporter des résultats concrets».

Selon Maxime Lomboza Koné, la déclaration de Christophe Dabiré est un «discours de raison et de cœur». Il a appelé le chef du gouvernement à «apporter des réponses protéiformes face à une menace protéiforme qu’est le terrorisme». M. Koné, expert des questions de terrorisme a recommandé que le Premier ministre «articule une réponse idéologique dans le cadre de la lutte contre le terrorisme».

Le Premier ministre Christophe Dabiré avait quant à lui dit que  «toutes les questions sont plutôt des contributions». A ce titre, il a laissé entendre que «les priorités de (son) gouvernement ne sont pas celles d’une partie contre celles d’une autre partie, ce sont les priorités de l’ensemble du pays».

Il faut noter que le Premier ministre a été élu avec «84 voix « pour », 23 « abstention », 19 « contre » et 1 nul».

Par Bernard BOUGOUM