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Discours du Président du Faso à l’ONU : faut-il craindre le pire dans la lutte contre le terrorisme ?

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Le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré

Ceci est une analyse de Marius Yougbaré, un citoyen burkinabè, relative au discours du président du Faso le 23 septembre 2021 par visioconférence à l’Assemblée générale des Nations unies. Il est formel, dans la lutte contre le terrorisme au Burkina Faso, « il faudra impérativement mobiliser toutes les ressources, mais plus important encore, surpasser nos égos pour utiliser toutes les compétences à notre disposition pour dégager des pistes de solutions originales et accessibles à nos moyens ».

Lorsque le Président du Faso prononçait son discours le 23 septembre 2021 par visioconférence à l’Assemblée générale des Nations unies, la partie tant attendue par la majorité des observateurs, des Burkinabè et de ses partenaires était surement celle concernant la lutte contre le terrorisme. La première impression qui ressort de ce discours est que les autorités politiques sont totalement dépitées et en manque de solutions pour lutter efficacement contre ce phénomène.

Deux raisons principales issues de l’allocution du président du Faso nous poussent à craindre le pire si des actions fortes ne sont pas entreprises dans le cadre du rétablissement et de la préservation de la sécurité nationale.

La première raison est bien le fait que le Président du Faso s’obstine à croire en l’efficacité de la Force conjointe G5 Sahel qui a pourtant montré ses limites depuis sa création en ce sens que les Etats qui la constituent n’ont ni les moyens financiers, ni les moyens logistiques pour atteindre leurs objectifs. Demander à ce qu’on place cette force sous le mandat du chapitre VII de la charte des Nations unies est très osé parce que les autorités politiques et militaires de ces pays combattent un ennemi invisible.

Puisque les organisations terroristes qui opèrent dans cette partie du Sahel n’en sont que des sbires au service des vrais acteurs qui sont tapis dans l’ombre. Aucune sanction efficace ne peut être prise pour contrecarrer les actions de ces groupes. Pire, aucune action militaire aussi coordonnée soit-elle non plus ne pourrait juguler ce phénomène. Il faut le dire, si l’on prend le cas du Burkina Faso, c’est triste mais actuellement ce sont des compatriotes qui s’entretuent dans le cadre du terrorisme.

Dans ce cas de figure, les Nations unies doivent-elles donner des moyens à nos Gouvernants pour tuer d’autres Burkinabè, des gens qu’ils sont censés protéger ?

La deuxième raison, même si elle est bien formulée par le président du Faso dans son l’allocution, c’est le fait de mettre en exergue les menaces que représente le terrorisme contre la paix et la sécurité internationales pour mobiliser la Communauté internationale. Demander à ce que le concert des Nations se mobilise contre de l’hydre terroriste est tout à fait légitime si toute fois les pays concernés par le phénomène arrivent à impulser et formuler des solutions convaincantes et prometteuses qui permettront de venir à bout du fléau. Pourtant, le Gouvernement burkinabè semble miser toutes ses cartes dans la lutte armée qui, jusque-là semble inefficace.

Pourquoi ne pas s’inspirer de certains Etats africains auparavant acculés par les attaques terroristes qui ont pu trouver des solutions qui s’avèrent efficientes et durables ? De toutes les façons, il est évident que ces pays n’ont pas vaincus le terrorisme par les armes uniquement. Ils sont parvenus à ces résultats grâces à la combinaison de plusieurs procédés.

Pour le cas du Burkina Faso, pays à valeur hautement géostratégique à cause de sa position géographique, la lutte exclusivement armée contre le terrorisme ne produira aucun effet bénéfique dans le rétablissement de la sécurité nationale. Il faudra impérativement mobiliser toutes les ressources, mais plus important encore, surpasser nos égos pour utiliser toutes les compétences à notre disposition pour dégager des pistes de solutions originales et accessibles à nos moyens. Continuer à alimenter les rancunes politiques et à prioriser les intérêts personnels au détriment de l’intérêt général ne fera que continuer de nous enfoncer davantage dans le gouffre.