Accueil Communiqué de presse Fête nationale française: le discours de l’ambassadeur Xavier Lapeyre, au Burkina

Fête nationale française: le discours de l’ambassadeur Xavier Lapeyre, au Burkina

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Ceci est un discours de l’ambassadeur de France au Burkina Xavier Lapeyre de Cabanes, prononcé le 14 juillet 2017 à Ouagadougou, à l’occasion de la fête nationale française célébrée chaque année, en présence des autorités burkinabè.

Monsieur le ministre d’Etat, ministre de la sécurité intérieure,

Monsieur le ministre des affaires étrangères, de la coopération et des Burkinabè de l’extérieur et

Mesdames et messieurs les ministres,

Mes chers compatriotes,

C’est naturellement avec émotion que je prends la parole devant vous ce soir pour mon premier 14 juillet en terre burkinabè. Enfin, le deuxième, pour être plus exact, puisque j’ai déjà commémoré la fête nationale avec mes compatriotes et les autorités locales, mercredi dernier, à Bobo Dioulasso. En effet, j’avais pensé qu’il était important d’aller vers mes compatriotes de province, pour bien montrer que les représentants de l’Etat savent qu’il existe un pays au-delà de Ouagadougou. C’est d’ailleurs ce que je faisais en Bulgarie, m’y contentant de suivre l’exemple de mes prédécesseurs. Pour ce qui est du Burkina, en me déplaçant à Bobo pour boire un peu de champagne avec les Français qui y vivent – et les Bobolais qui sont nos interlocuteurs -, j’ai innové et je ne regrette pas cette nouveauté et pas seulement pour le champagne que j’y ai bu. C’est plutôt le contact avec une autre réalité burkinabè qui comptait pour moi et avec une autre réalité de la présence française au Burkina.

Mais c’est bien le premier 14 juillet que je célèbre aujourd’hui au Burkina Faso.

Et c’est peut-être l’occasion de dresser un bilan de ma première année dans votre pays : arrivé en septembre, je n’en suis certes qu’à 10 mois de séjour, mais comme le mois d’août sera un mois de vacances et que les deux dernières semaines de juillet servent à s’y préparer, disons que l’année est achevée.

J’ai été frappé, tout au long de cette année, par la densité et la diversité de nos relations bilatérales. De ce point de vue, ces derniers mois ont été riches. Ou plutôt, les premiers mois de ma mission, ont été riches en visites, qui sont autant de signes de l’importance que les Français, ONG, collectivités territoriales, parlementaires et gouvernement, accordent au Burkina Faso et de l’intérêt qu’ils lui portent : Annecy, Grenoble, Chambéry, le Poitou se sont déplacés pour relancer la coopération décentralisée, suspendue après les changements spectaculaires qu’a connus le Burkina Faso depuis 2014 ; trois sénateurs des Français de l’étranger, deux délégations parlementaires, de la commission de la défense et de celle des affaires étrangères de l’Assemblée nationale, le président de l’Assemblée nationale ont tenu à venir jusqu’à Ouagadougou. Le président Roch Marc Christian Kaboré lui-même s’est rendu à Paris au mois d’avril. Certes, aucun ministre français n’a fait le déplacement jusqu’ici, mais il ne vous aura pas échappé que nous étions en année électorale, une période qui retient en général les hommes politiques à domicile, pour tenter de convaincre leurs électeurs – pas toujours avec le succès escompté. Et, de fait, sur ce plan, nous avons été servis avec une nouvelle page qui s’est ouverte aux mois de mai et juin.

De cette nouvelle page, nous pouvons déjà lire les premiers mots pour ce qui concerne la relation entre la France et l’Afrique. Très nettement, le récit ne sera pas fondamentalement modifié. Le continent sera ou restera une priorité diplomatique pour la France. Et plus précisément, la région sahélienne, puisque le président de la République s’y est déjà rendu deux fois, au Mali, la première fois pour affirmer son soutien à nos troupes qui luttent, sur place, aux côtés des forces armées maliennes pour contribuer à l’amélioration de la situation sécuritaire, de telle façon que l’accord d’Alger puisse être pleinement appliqué – j’en profite pour dire toute l’importance que mon pays apporte à la participation du Burkina Faso à la stabilisation du Mali au sein de la MINUSMA; la seconde, pour apporter son appui aux Etats-membres du G5 Sahel, ce qui a donné à mon président l’occasion de faire la connaissance du président du Faso. J’espère bien que cette première et brève rencontre sera bientôt suivie de rencontres plus longues et denses.

Car si nous tenons à notre première place de partenaire technique et financier bilatéral, ce n’est pas pour la joie d’être en haut du podium dans un classement, mais parce que notre destin est lié à celui du Burkina. C’est pourquoi la réussite de la conférence de Paris pour le financement du PNDES nous tenait à cœur et je pense que tout le monde s’est accordé pour considérer qu’elle a été un succès. Il nous reste à présent à accélérer la mise en œuvre de ce plan et la France y est naturellement prête pour ce qui la concerne. L’annonce du plan d’urgence pour le Sahel, adopté par le gouvernement burkinabè voici quelques semaines nous incite à aller plus vite et c’est d’ailleurs ce que souhaite le président de la République qui a évoqué l’idée d’une Alliance pour le Sahel le 2 juillet dernier, afin que notre contribution en matière de développement soit à la hauteur de l’effort qui est le nôtre en matière de sécurité. Cette Alliance, dont les premiers partenaires sont, outre la France, l’Allemagne, la Banque mondiale, la Banque africaine de développement, le PNUD et l’UE, a été officiellement lancée à Paris hier à l’issue du conseil des ministres franco-allemand. Cette Alliance n’est pas une structure se substituant à d’autres enceintes mais un mécanisme de coordination et d’innovation dans la méthode suivie par les bailleurs. Son objectif est d’améliorer l’efficacité de l’aide afin de produire des impacts significatifs et plus rapides. L’enjeu est aussi que l’effort sécuritaire en cours dans les zones les moins sûres se double d’effets tangibles et perceptibles par les populations.

En matière de sécurité, il n’est pas nécessaire de rappeler les opérations menées ensemble, Français, Burkinabè et Maliens, pour porter des coups aux terroristes qui ont ensanglanté les régions du Nord et du Sahel du Burkina, en venant assassiner nuitamment, lâchement, de jeunes soldats ou membres des forces de sécurité, pour mieux repartir se cacher dans les forêts du sud du Mali. Le président de la République l’a confirmé, la France restera à côté de ses partenaires du Sahel aussi longtemps que ce sera nécessaire.

Le développement du Faso est, bien entendu, l’un des enjeux de ma mission, comme il le fut de celles de mes prédécesseurs et j’espère que cette Alliance lui donnera une nouvelle dimension. Le développement relève, certes, d’abord, de l’action des Burkinabè et les partenaires techniques et financiers, avec la France, donc au premier rang, apportent leur soutien : financier, comme l’a montré le succès de la conférence de Paris ; technique aussi, avec les nombreux experts et missions d’expertise qui se succèdent, par exemple pour participer à la création d’une caisse des dépôts et consignations, qui permettra le financement de projets multiples, de dimension locale ou nationale ; humain, avec les échanges nombreux entre nos deux peuples, qu’il s’agisse d’étudiants – les jeunes Burkinabè continuent de choisir prioritairement la France quand ils veulent étudier à l’étranger -, d’artistes – je citerai le récent festival de Chambéry en exemple -, de collectivités territoriales – j’en ai déjà cité quelques-unes, et j’espère qu’il en viendra en grand nombre aux assises de la coopération décentralisée qui se tiendront à Ouagadougou au mois d’octobre prochain -, d’ONG et de volontaires de solidarité internationale qui viennent pour quelques jours ou plusieurs années, sans oublier, naturellement, ceux d’entre vous, mes chers compatriotes, qui avez fait souche ici, mais qui n’avez pas, pour autant, couper le lien avec la mère patrie.

Outre la sécurité et le développement, mes collaborateurs et moi, dont une bonne part est arrivée tout juste quelques semaines ou jours plus tôt que moi et qui, comme votre serviteur, en est encore à sa première année, nous n’avons pas oublié le travail quotidien d’une représentation diplomatique, qui commence par la connaissance du pays. Ouahigouya, Dori, Bobo-Dioulasso, Gaoua, Koudougou, Banfora, Dédougou, Kaya, Bani, Lanfiéra, Boromo, Loropéni, Tiébélé… je ne vais pas citer toutes les villes où je me suis rendu, pour le plaisir de découvrir votre pays et certains de ses sites les plus justement célèbres, et pour celui de connaître ses habitants. Non pas que la liste serait très longue, mais parce qu’elle mettrait en évidence celles où je ne suis pas encore allé. Pourtant, quel que soit le plaisir qu’il peut y avoir à vivre à Ouagadougou, dans cette résidence de France en particulier, où je suis heureux de vous accueillir ce soir, le novice que je suis sur le continent africain commettrait une grave erreur en pensant qu’il est possible de connaître la diversité du Burkina en restant scotché dans sa seule capitale. Car la diversité du Burkina, il faut la découvrir pas à pas, tant l’unité de la nation paraît forte et masque la variété des coutumes, des traditions religieuses, des langues qui compose votre pays. Unis dans la diversité, tel est la devise de l’Union européenne ; elle pourrait s’appliquer idéalement au Burkina. C’est une richesse inouïe et rare. Je suis donc très heureux de continuer à la découvrir l’an prochain.

Je ne sais ce que nous réservera l’actualité des prochains mois, mais je me réjouis, « l’équipe de France » se réjouit avec moi de continuer à travailler avec vous au renforcement des liens entre nos deux pays.

A tous mes compatriotes, je souhaite une très belle fête nationale, à tous je souhaite un très beau 14 juillet et que vive l’amitié entre la France et le Burkina Faso.

Je vous remercie