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Financement de l’industrialisation en Afrique centrale: les acteurs exigent un environnement plus favorable et des approches innovantes

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Le communiqué suivant, daté du 17 septembre 2018 publié par le Bureau sous-régional pour l’Afrique centrale Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA) basé à Yaoundé, repose la question du financement de l’industrialisation en Afrique centrale, pour laquelle, selon le document, les acteurs « exigent  un environnement plus favorable et des approches innovantes ».

Au cours du récent webinaire sur le financement de l’industrialisation en Afrique centrale organisé par le Bureau sous-régional pour l’Afrique centrale de la Commission Economique pour l’Afrique (CEA), les patrons du secteur privé ont invité les autorités à mettre l’accent sur l’amélioration de l’environnement des investissements afin de voir prospérer l’industrialisation dans la sous-région. Ils ont également demandé davantage de transparence de la part du secteur privé dans leurs opérations commerciales, ce qui faciliterait le fonctionnement des marchés financiers susceptibles d’aider à la mobilisation des ressources en faveur de l’industrialisation.

Célestin Tawamba, Président du Groupement Inter-patronal du Cameroun (GICAM), le principal mouvement des industriels du pays, affirme que le financement est un facteur important pour stimuler l’industrialisation mais « il faudra toujours créer une infrastructure solide pour que cela puisse se faire », en référence au rôle de l’Etat. Une telle infrastructure, dit-il, comprend la création de zones industrielles spéciales et d’une bourse dynamique. Il a relevé que pour qu’une bourse fonctionne correctement, les entreprises doivent également être bien structurées et être transparentes dans leurs transactions financières. Il a toutefois mis en garde contre le taux d’imposition excessif qui est loin de faciliter les affaires, se prononçant en faveur d’un régime fiscal adossé aux bénéfices et non aux flux de trésorerie des entreprises, comme c’est le cas actuellement.

Dans la même veine, l’économiste camerounais et Conseiller du Gouvernement, M. Christian Penda Ekoka a déclaré que la création de pôles économiques regroupant l’ensemble des acteurs de la chaine de valeur de l’offre ou de la demande de certains produits, par exemple les produits ligneux, permettrait d’améliorer la productivité qui attire les investissements des acteurs industriels. Il a reconnu que l’absence de tels pôles a contribué au déclin de l’industrialisation de la sous-région Afrique centrale en général et du Cameroun en particulier, déclarant que la croissance industrielle au Cameroun, par exemple, est passée de 3,6% en 2016 à 1,3% en 2017.

Les participants au débat ont également relevé les difficultés relatives au financement à long terme. De l’avis du Secrétaire d’Etat à l’Industrie de Guinée Equatoriale, M. César Hinestrosa Gomez, qui a rejoint le panel en visioconférence depuis Malabo, dans un tel environnement, les banques considèrent que les risques des prêts à long terme visant à financer l’industrialisation sont très élevés. Il a également joint sa voix à celle des autres panélistes pour demander la création d’un fond de garantie sous-régional.

Mme Mama Keita, qui est à la tête du Data Centre du Bureau sous-régional de la CEA pour l’Afrique centrale a suggéré que l’incapacité des banques à offrir des prêts à long terme proviendrait également du très faible volume d’épargnes privées dans la sous-région ainsi que dans plusieurs autres régions d’Afrique. Ce point de vue est venu corroborer l’argument présenté par Mme Gaimin Nonyane, Responsable de la recherche économique à Ecobank, qui a témoigné de ce que la « liquidité est un sérieux problème en Afrique car les taux d’épargne sont très faibles, ce qui limite le pouvoir d’emprunt des banques ».

Mme Mama Keita a poursuivi en ajoutant que la sous-région doit trouver les moyens d’améliorer la mobilisation d’épargnes privées, de profiter des opportunités offertes par l’intelligence artificielle et d’accroître la capacité des parties prenantes dans la rédaction de projets industriels bancables susceptibles d’attirer des financements.

Le Directeur Général de la Cameroon Development Corporation (CDC), qui est le second plus grand employeur du pays après l’Etat, M. Franklin Ngoni Ikome Njie, a renforcé l’argument de Mme Keita au sujet des projets bancables en affirmant « qu’il s’agit de se concentrer sur les secteurs offrant des avantages comparatifs » pour les projets afin d’obtenir des financements. En réaction à l’intervention de M. Njie, un participant a fait remarquer que les grandes structures telles que la CDC doivent activement rechercher à créer des co-entreprises avec des entreprises étrangères de même taille en vue d’améliorer leur financement leur permettant de passer à une phase de production industrielle.

De l’opinion du Directeur Général pour l’Afrique centrale et de l’Ouest de COFACE, une compagnie d’assurance crédit-risque, M. Olivier Bagneki, l’un des moyens pour stimuler la croissance des petites et moyennes entreprises en vue de leur réussite et de leur expansion est de profiter des avantages du factoring, un processus par lequel les entreprises peuvent vendre les créances des clients lents à payer en vue de mobiliser immédiatement le capital de fonctionnement dont elles (PME) ont besoin pour faire face aux dépenses importantes liées à la réalisation de leurs projets.

Les contributions du webinaire enrichiront les débats de la 34e session du Comité Intergouvernemental d’Experts pour l’Afrique centrale (CIE) organisé par le Bureau sous-régional de la CEA pour l’Afrique centrale à N’Djamena, au Tchad du 18 au 21 septembre 2018 sous le thème: «Financement de l’industrialisation en Afrique centrale».