Accueil A la une Français enlevés au Bénin: acte terroriste ou simple banditisme?

Français enlevés au Bénin: acte terroriste ou simple banditisme?

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Le sort des deux touristes français disparus au Bénin reste préoccupant (Ph. lejdd.fr)

Patrice Talon ne recule pas. L’opposition n’en démord pas. Les Béninois retiennent leur souffle, dans l’espoir que la démocratie aura, comme le roseau plié mais ne rompra point. Et comme un malheur n’arrive jamais seul, car les politiciens, notamment ceux de l’acabit de l’actuel locataire du palais de la Marina ne pensent qu’à leurs intérêts très personnels, deux ressortissants français viennent d’être enlevés, et leur guide tué. De mémoire de Béninois, les enlèvements de ressortissants étrangers et tueries politiques à ciel ouvert ne font pas partie du répertoire politique de ce pays qui a connu des moments difficiles certes, mais pas ensanglantés. Qui plus est, ces actes terroristes qui épargnaient jusqu’à présent l’ancien «Quartier latin» de l’Afrique étaient inimaginables au pays où l’étranger, sans être roi bénéficient des légendaires accueil et solidarité africaines. Même que le «Yovo» l’homme blanc qui était pratiquement considéré comme une divinité venue de la mer, et adulé par les enfants était comme chez lui. Mais, plus rien n’est comme avant. Ayant tout essayé, jouant sur les divisions ethniques et la fibre religieuse, en passant par la culture de la confrontation haineuse des idéologies, les politiciens n’hésitent plus à marcher sur les sentiers du chaos de tous ordres. Banditisme, enlèvement, tirs à balle réelle, appels à la violence, utilisation des armes censées les protéger contre les populations, contrainte des opposants à l’exil ou leur emprisonnement sans autre forme de procès, etc.

Et ce sont tous ses ingrédients qui constituent le cocktail explosif savamment conçu par les soins de Patrice Talon et de cette classe politicienne qui oublie qu’elle est aujourd’hui dépassée et devrait laisser la place à une nouvelle génération. A moins d’en arriver aux situations soudanaise et algérienne qui enfoncent ces pays dans une crise à l’issue encore bien incertaine. Il ne faut pas avoir peur des mots, le Bénin est à la croisée des chemins parce que les Béninois ont fait le mauvais choix d’élire en avril 2016, le bourreau de leur démocratie chèrement acquise. La pente est si raide que toutes les issues, même celles de secours se ferment au fur et à mesure que les positions se radicalisent et se présentent comme inconciliables. L’homme d’affaire est venu au pouvoir pour régler les comptes à son ancien adversaire qui l’avait accusé, à tort ou à raison de vouloir l’empoisonner. Aujourd’hui, la résidence du prédécesseur de Talon est la cible des militaires qui essaient de déguiser ce siège en protection des lieux. De plus, l’ex et nouveau magnat du coton ne compte plus se faire surprendre. S’étant désormais tracé une ascension fulgurante, il élague autour de lui et fait couler tous ceux qui, comme le faisait de roi, Sébastien Germain Ajavon, pèsent dans le CAC 40 béninois et ont contribué à son accession au fauteuil présidentiel. Pire, convaincu qu’il peut en faire un patrimoine familial et donc à vie, celui qui ne cesse de donner des «talonnades» à la démocratie béninoise, ne met pas de gant pour terrasser et enterrer l’opposition et la presse, qui, comble de tout, avaient réussi à le sortir de sa mauvaise passe lorsque les anciens dirigeants en avaient fait une cible de choix.

Le Bénin désormais dans le viseur des terroristes? En attendant de s’e faire une idée juste sur l’enlèvement des deux touristes français, il faut dire que l’hydre n’essaime que sur les terres fertiles de la désunion et de l’épuisement des forces de défense et de sécurité appelées sur des fronts inutiles ouverts par des politiciens aux desseins sordides. Visiblement, Patrice Talon a ouvert la boîte de pandore au Bénin.

Par Wakat Séra