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Guinée: après le putsch, arriva la CEDEAO!

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Les nouveaux maîtres de Conakry (Ph. france24.com)

La Guinée suspendue de toutes les instances de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO). Une décision que l’organisation sous-régionale demande à l’Union africaine (UA) et à l’ONU de mettre également en application. Les censeurs, réunis en visioconférence ce mercredi, soit 72 heures après le putsch du lieutenant-colonel Mamady Doumbouya et de ses hommes du Groupement des forces spéciales (GFS), qui a renversé le Pr Alpha Condé, ont également exigé le respect de l’intégrité physique et la libération du désormais ancien président de la république et de toutes les personnes arrêtées durant le coup d’Etat du 5 septembre. Pour ne pas jouer une symphonie inachevée dont les notes résonnent encore au Mali, suite au coup de force du 18 août 2020, les têtes couronnées de l’Afrique de l’ouest, n’ont pas manqué de mettre sur la table, le retour à l’ordre constitutionnel et l’envoi, en principe dès ce jeudi, d’une mission en Guinée.

Dans l’attente, sans doute, d’autres sanctions, le service classique servi aux prises de pouvoir par les armes, vient d’être accompli, sous la houlette du président en exercice du club, le Ghanéen Nana Akufo-Addo. Du déjà entendu, et du peut-être à entendre, si la CEDEAO continue de ne punir que la prise de pouvoir par les armes, oubliant royalement de se pencher sur les cas flagrants de mauvaise gouvernance, d’oppression des peuples, et surtout des troisièmes mandats obtenus après avoir charcuté les constitutions.

A quand la CEDEAO des peuples qui ira au chevet des populations affamées et interdites d’opinion? Le temps viendra-t-il un jour pour la CEDEAO de condamner les chefs de l’Etat prédateurs des droits humains et cramponnés à leurs seuls intérêts personnels et égoïstes? L’heure sonnera-t-elle enfin pour la CEDEAO d’arrêter d’avaliser l’arbitraire? Il urge que la CEDEAO cesse de donner caution à des forces du mal, les dirigeants oppresseurs, sur d’autres forces du mal, les putschistes assassins de la démocratie. La Guinée, comme le Mali en son temps, et d’autres pays à l’avenir, aurait certainement fait l’économie de son troisième coup d’Etat en une soixantaine d’années, si l’armée était restée foncièrement républicaine et au service d’un pouvoir démocratique, et non illégal et illégitime comme ce troisième mandat de Alpha Condé.

Certes ce nouveau putsch pourrait bien avoir d’autres causes, mais les germes de division, de corruption, de népotisme, etc., ne se développent qu’en terre fertile du pouvoir personnel et autoritaire, auquel était confronté le peuple de Guinée. Et, les putschistes ont dû faire le constat, à leur dépens, que les premiers actes par eux posés pour desserrer l’étau autour du peuple, ont peu ou prou ému la CEDEAO. La libération de détenus politiques, la levée des postes avancés, l’annonce de l’ouverture d’une concertation nationale pour définir les modalités d’une transition politique qui sera dirigée par un gouvernement d’union nationale, la garantie pour les investissements étrangers futurs, etc., n’ont, visiblement pas convaincu les chefs de l’Etat de la CEDEAO.

La CEDEAO a donc frappé! Il faut le dire de go, elle est dans son rôle, car aucune organisation, qui plus est de son envergure, ne saurait fonctionner sans charte. Sauf que l’organisation commune, a, une fois encore, raté le coche, oubliant que son protocole A/SP1/12/01, porte sur la démocratie et la bonne gouvernance. Une démocratie violée par Alpha Condé qui a constamment muselé son peuple et son opposition, verrouillant toutes les voies possibles à l’alternance par les urnes, réprimant, sans autre forme de procès, et dans le sang, toute manifestation contre son pouvoir. Question: le retour à l’ordre constitutionnel exigé par la CEDEAO se fera-t-il avec ou sans Alpha Condé? En tout cas, ce membre influent du syndicat, refuse pour l’instant, de signer sa lettre de démission, au grand dam des putschistes qui voulaient certainement, dupliquer en Guinée, le scénario malien écrit par Assimi Goïta et les siens qui ont réussi, à le faire faire par le président malien, Ibrahim Boubacar Keïta, après son renversement.

Le vin des sanctions est donc tiré et la Guinée doit le boire jusqu’à la lie. A contrario, la CEDEAO ne semble pas être sur la même longueur d’onde que les populations guinéennes, qui, jusqu’à Kankan, la capitale de la Haute-Guinée, fief connu et reconnu du président destitué, un matin bien tranquille de dimanche, étaient en liesse, aux cris de «liberté, liberté».

Par Wakat Séra