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Sud-Ouest burkinabè : Irnao ou le riche village perdu sous les arbres

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A l'entrée de Irnao, un village de Kampti dans le Sud-Ouest burkinabè

Situé à 22 kilomètres de Kampti, l’une des plus grandes communes rurales du Burkina Faso, dans le Sud-Ouest et à au moins une quarantaine de kilomètres de la frontière avec la Côte d’Ivoire, le village de Irnao comme certaines localités plus ou moins oubliées, est d’une manière ou d’une autre isolé du reste pays.

Irnao, perdu sous les arbres du Sud-Ouest, est coupé du reste du pays du fait de la quasi-inexistence de réseaux de communication, ce qui constitue un calvaire pour les habitants et surtout les rares fonctionnaires qui y vivent.

« Tout le temps on se bouscule sur la colline située à l’extrémité Ouest des concessions, espérant pouvoir téléphoner », s’est exprimé un agent de l’Etat qui a requis l’anonymat. Cette gymnastique peut s’avérer inutile car « ce n’est pas à chaque fois qu’on peut avoir le réseau », a-t-il noté.

Le seul endroit où on peut espérer avoir le réseau dans le village Irnao

Isolé, seuls des camions, communément appelés « dix tonnes » et des minicars désaxés à destination de Djigouè et Elintira (deux localités près de la frontière avec la Côte d’Ivoire), qui desservent le village, uniquement les jours de marchés de ces différentes contrées.

Cette situation décourage certains commis de l’Etat qui s’offrent souvent des occasions pour se rendre à Kampti ou à Gaoua, respectivement à 22 km et 75 km de Irnao. D’autres n’hésitent pas à faire une demande d’affectation, après une ou deux ans de service dans cette localité.

« Cela fait quelques mois que je suis là, mais si j’ai l’occasion, je quitterai ce village car les conditions ne sont pas ça », a confié le fonctionnaire de l’Etat.

Un village isolé mais riche à exploiter

Dans le village Irnao

Riche en ressources animales : volaille, bovins, ovins, caprins, ce village relié à Kampti par une voie rouge périlleuse, offre aux villageois une autre richesse qu’ils tirent grâce aux plantations d’anacarde. Des richesses mal exploitées par des habitants qui s’adonnent à la recherche de l’or sur des sites miniers dans des localités environnantes.

« L’anacarde réussit bien ici. Ce que nous récoltons nous permet de nous prendre en charge », selon Tidjèni, un villageois qui confie qu’un sac de 100 kg d’anacarde se vend souvent à « 75 000 FCFA ». Les villageois, composés de Mossé, Lobi, Dioula et Peulh entre autres, « ne veulent pas travailler », dans ce village qui dispose d’un fleuve, également inexploité, affirme Tidjèni.

Champ d’anacarde à Irnao

« Souvent je cherche des gens pour m’aider à ramasser mes noix d’anacarde, mais personne ne veut travailler », a dit ce villageois qui soutient payer les rares personnes qui lui viennent en aide à 500 F CFA par boite de noix d’anacarde ramassés.

De manière générale, les richesses de la région du Sud-Ouest, notamment les cours d’eau (barrages) et les terres cultivables, sont mal exploitées. En effet le barrage de Bapla, sur la route Gaoua-Diébougou, reste plus ou moins inexploité. Seuls quelques pêcheurs et jardiniers y sont parfois visibles.

Des concessions de Irnao

« Je reconnais que nos parents, non seulement ne veulent pas travailler mais en plus refusent souvent de donner des terres cultivables à des gens qui souhaitent faire l’agriculture », a soutenu M. Somé, un gendarme en fonction à Gaoua, déplorant le fait qu’on lui a retiré le lopin de terre qu’il exploitait en saison pluvieuse.

La région du Sud-Ouest qui couvre une superficie de 16 153 km2 et d’une population estimée à plus 729 362 habitants, compte des cours d’eau telles que la Bougouriba, le Poni, le fleuve Léraba et des barrages. Malgré ces richesses, la région est servie en légume par des producteurs des localités de Bobo-Dioulasso (Ouest).

Daouda ZONGO