Accueil A la une La guerre Russie-Ukraine bientôt dans les assiettes des Africains?

La guerre Russie-Ukraine bientôt dans les assiettes des Africains?

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La fuite vers les frontières pour échapper à l'horreur Ph. d'illustration)

A sa cinquième journée, l’invasion bruyante sur fond de bombardements que la Russie est en train d’imposer à l’Ukraine, ne présage rien de bon, ni pour les Russes, encore moins pour les Ukrainiens dont les populations, celles qui n’ont pas pris les armes pour se défendre et défendre l’intégrité physique du territoire national, ne sortent des abris que pour essayer de foncer vers la frontière polonaise. Entre tentatives de négociations, dialogue que les deux protagonistes pourraient engager en Biélorussie voisine, dans une position, encore moins un environnement, des plus confortables pour l’Ukrainien Volodymr Zelensky. Mais entre deux maux, ne dit-on pas qu’il faut choisir le moindre?

Si une paix des braves serait illusoire pour l’instant, l’éternel stratège Vladimir Poutine étant dans une logique guerrière totale, habillée de ruse, une trêve des confiseurs ferait un grand bien à cette partie de l’Europe. Une évolution vers une quelconque sortie de crise serait, du reste, profitable à tout le «Vieux Continent», voire à la planète entière, dont, certainement, chaque endroit ressentira, à court ou long terme, les ondes de choc de l’invasion de l’Ukraine par la Russie de l’ancien du KGB, le mythique et impitoyable service secret russe.

Mais pour l’instant, c’est bien l’Afrique qui, géographiquement loin du théâtre du conflit, n’en n’est pas moins proche, par ses liens séculaires avec l’Occident. Dans cette logique, cette guerre pourrait rapidement se retrouver dans les assiettes des Africains, les consommateurs sans modération de tout ce qui vient de l’Europe, en neuf comme en vieux, c’est-à-dire, toutes les friperies et autres véhicules appelés «France au revoir». Dans le présent cas de figure, c’est le blé dont la Russie et l’Ukraine sont les grands producteurs, qui pourrait bientôt se raréfier, alors qu’en bons colonisés et assimilés, de nombreux Africains ne peuvent plus se passer du pain à leur table, notamment pour le petit déjeuner.

Certains Africains sont même devenus des adeptes indécrottables de la fameuse baguette française. Quand le blé viendra donc à manquer, les consommateurs de pain, les boulangers et pâtissiers, seront bien embêtés. Surtout que l’Afrique, déjà fortement secouée, pour nombre de ses pays, par la pauvreté endémique est, désormais, frappée de plein fouet par la vie chère liée aux attaques armées qui contraignent les populations de villes et villages entiers du Sahel à l’exil sur leur propre territoire national. Sans oublier que les sanctions contre des putschistes, comme au Mali, ont conduit à des tensions de divers ordres sur les économies des pays de l’Afrique de l’ouest.

En tout cas, si elle n’a pas encore conduit aux émeutes du pain, la crise russo-ukrainienne, a coincé, loin de chez eux, de nombreux ressortissants africains, surtout des étudiants partis en Ukraine, à la course aux parchemins pour un avenir meilleur. Certains sont actuellement pris au piège des obus et roquettes russes, mais aussi de l’interdiction, des autorités ukrainiennes, aux hommes valides, de sortir du territoire qu’ils sont appelés à défendre, aux côtés des militaires, des supplétifs et autres civils armés pour la circonstance. A en croire le témoignage d’un ressortissant nigérian, à la frontière entre l’Ukraine et la Pologne, cette oukase, après sa généralisation, ne concerne plus que les Noirs.

Pourtant, c’est à cette frontière, plus précisément au niveau de la ville de Shenyny, que le gouvernement ivoirien, préoccupé par le sort de ses ressortissants, a invité ceux d’entre eux qui souhaitent quitter l’enfer ukrainien, à se rendre ce lundi à 14h GMT. Sur place, selon un communiqué qui circule sur les réseaux sociaux et marque la solidarité de leur gouvernement à leur endroit, les Ivoiriens seront accueillis par l’ambassadeur de Côte d’Ivoire en Allemagne qui devrait les faire convoyer par bus vers son pays hôte. Mais, en plus des difficultés liées à la traversée de la frontière, d’autres équations comme celle des «sans-papiers» pourraient bien se poser pour le transit par le pays de Olaf Scholz, avant l’impromptu retour en Côte d’Ivoire, un pays natal que ces Ivoiriens n’ont jamais pensé retrouver aussi vite. Et dans des conditions aussi effroyables!

C’est, ainsi que l’Afrique, entre autres péripéties, est forcément, une victime collatérale de cette invasion de l’Ukraine par l’ogre russe à la reconquête de sa suprématie volée par Européens et Américains, avec l’éclatement de l’Union des Républiques socialistes soviétiques (URSS).

Par Wakat Séra