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« La rémunération des PDG les mieux payés a augmenté de 9 % en 2022 » contre une baisse de 3% pour les travailleurs (OXFAM)

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Marche des travailleurs ce 1er mai 2017

La rémunération réelle des PDG les mieux payés a augmenté de 9 % en 2022 alors que les travailleurs du monde entier ont subi une baisse de salaire de 3 %.

  • Les travailleurs et travailleuses ont travaillé en moyenne six jours « gratuitement » l’année dernière parce que leurs salaires n’ont pas augmenté aussi vite que le coût de la vie. Dans le même temps, la rémunération réelle des PDG les mieux payés en Inde, au Royaume-Uni, aux États-Unis et en Afrique du Sud a bondi de 9 % (16 % si non ajusté pour l’inflation).
  • Les femmes et les filles réalisent chaque année 4 600 milliards d’heures de travail de soins non rémunéré.
  • Les actionnaires ont encaissé des gains record de 1 560 milliards de dollars en 2022, ce qui représente une augmentation réelle de 10 % par rapport à 2021.
  • Oxfam appelle à une augmentation permanente des impôts pour les 1 % les plus riches.

Les PDG les mieux payés de quatre pays ont vu leur paie augmenter de 9 % en 2022, tandis que le salaire des travailleurs et travailleuses a chuté de 3,19 % la même année, d’après une nouvelle étude d’Oxfam menée à l’approche de la journée internationale des travailleurs et travailleuses (le 1er mai).

Ces chiffres, ajustés pour l’inflation, sont basés sur les données les plus récentes de l’Organisation internationale du travail (OIT) et des agences statistiques gouvernementales.

En 2022, un milliard de travailleurs dans 50 pays ont vu leur salaire baisser de 685 dollars en moyenne, ce qui représente une perte totale de 746 milliards de dollars en salaires réels, par rapport à si ceux-ci avaient suivi l’inflation.

Les femmes et les filles réalisent chaque mois au moins 380 milliards d’heures de travail de soins non rémunéré. Les travailleuses sont souvent contraintes de réduire leurs heures de travail rémunéré ou d’abandonner complètement le marché du travail en raison de leur charge de travail de soins non rémunéré. En outre, elles continuent à faire l’objet de discriminations basées sur le genre et de harcèlement et sont toujours moins payées que leurs homologues masculins pour un travail de valeur égale.

« Les patrons d’entreprise nous disent que les salaires doivent rester bas, mais s’octroient à eux-mêmes et à leurs actionnaires de gros paiements. La plupart des gens travaillent davantage pour un salaire moindre et n’arrivent pas à faire face à l’inflation. Des années de politiques d’austérité et d’attaques contre les syndicats ont creusé le fossé entre les plus riches et le reste d’entre nous. En cette journée censée célébrer les travailleurs et travailleuses, ces inégalités flagrantes sont à la fois choquantes et peu surprenantes », déclare Amitabh Behar, directeur général d’Oxfam International.

« La seule augmentation à laquelle les gens qui travaillent ont assisté est la hausse du travail de soins non rémunéré, responsabilité majoritairement portée par les femmes », poursuit Amitabh Behar. « Ce travail exigeant et important est réalisé gratuitement dans les foyers et au sein des communautés ».

En Afrique de l’Ouest, le salaire minimum a baissé en moyenne de 11 % en termes réels (ajusté pour l’inflation) en 2022 par rapport à 2021 et jusqu’à 18 % au Nigeria. Dans l’ensemble de l’Afrique subsaharienne, les salaires minimums ont baissé de 6 % en termes réels au cours de l’année écoulée.

Cependant, les grands patrons prospèrent. L’analyse d’Oxfam des données publiées par les entreprises et de sondages pour l’année 2022 a révélé que :

  • 150 des dirigeants les mieux payés en Inde ont reçu en moyenne environ 1 million de dollars l’année dernière, ce qui représente une hausse salariale réelle de 2 % par rapport à 2021. Un dirigeant indien gagne plus en quatre heures qu’un travailleur moyen en un an.
  • 100 des PDG les mieux payés des États-Unis ont eu une rémunération moyenne de 24 millions de dollars en 2022, ce qui représente une hausse réelle de 15 % par rapport à l’année précédente. Le travailleur moyen des États-Unis devrait travailler pendant 413 ans pour atteindre ce salaire. La moitié des femmes afro-américaines aux États-Unis gagnent moins de 15 dollars de l’heure.
  • Au Royaume-Uni, les 100 PDG les mieux payés ont été rémunérés à hauteur de 5 millions de dollars en moyenne en 2022, bénéficiant d’une hausse réelle de 4,4 %. Ces PDG gagnent 140 fois plus que les travailleurs moyens du Royaume-Uni.
  • En Afrique du Sud, les PDG les mieux rémunérés ont gagné en moyenne 800 000 dollars en 2022, soit 43 fois plus que les travailleurs moyens. Leur salaire réel a augmenté de 13 % l’année dernière.

Par ailleurs, les dividendes des actionnaires ont atteint un niveau record avec près de 1 560 milliards de dollars versés en 2022, soit une augmentation réelle de 10 % par rapport à 2021. Les entreprises états-uniennes ont versé 574 milliards de dollars à leurs actionnaires. Cette somme est deux fois plus importante que la baisse totale des salaires réels des travailleurs du pays. Les actionnaires brésiliens ont reçu 34 milliards de dollars, montant quasiment égal à la somme soustraite aux salaires réels des travailleurs.

Les paiements exorbitants favorisent les plus riches et exacerbent des inégalités déjà élevées. Les 1 % des Sud-Africains les plus riches détiennent plus de 95 % des obligations et des actions des sociétés, alors que les 0,01 % les plus riches en possèdent 62,7 %. Aux États-Unis, les 1 % les plus riches possèdent 54 % des actions détenues par les ménages.

Toutefois, les impôts applicables aux dividendes et aux actions, qui aideraient à financer les services publics comme l’éducation et la santé, ont continué de baisser, passant de 61 % en 1980 à 42 % aujourd’hui.

« Les travailleurs et travailleuses en ont assez de servir de boucs émissaires à chaque nouvelle crise. La logique néolibérale blâme l’inflation sur tout le monde, sauf les entreprises qui en profitent. Les gouvernements devraient arrêter de miser uniquement sur les hausses de taux d’intérêt et les politiques d’austérité. Nous savons que ces mesures nuisent aux gens ordinaires, en particulier aux personnes en situation de pauvreté. Au lieu de cela, il faudrait instaurer un taux supérieur d’imposition d’au moins 75 % sur les revenus des plus riches pour décourager les rémunérations faramineuses des PDG, et appliquer des impôts exceptionnels sur les bénéfices excessifs des entreprises. Les gouvernements doivent aussi indexer les salaires minimums sur l’inflation, et veiller à ce que chacun·e ait le droit de rejoindre un syndicat, se mettre en grève et de participer à des négociations collectives », estime Amitabh Behar.

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