Accueil Editorial Nouveau gouvernement du Burkina : Roch passe un peu de vernis !

Nouveau gouvernement du Burkina : Roch passe un peu de vernis !

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Le Burkina Faso a connu le gouvernement Thiéba II (Ph. burkinafaso.dezmonde.com)

Il était attendu, il n’est pas là ! C’est le moins que l’on puisse dire après la publication du nouveau gouvernement du Burkina Faso, dans la nuit du lundi 20 février 2017. Le gouvernement Paul Kaba Thiéba II est donc une réalité, sorti d’un petit jeu de chaises musicales qui s’est soldé par trois départs, cinq arrivées, deux ministères géants scindés en deux. Plutôt que le remaniement annoncé à cor et à cri, on a eu droit à un petit réaménagement, un réajustement qui a sa pertinence, à en croire le chef de cette équipe, le premier ministre, Paul Kaba Thiéba, dont la tête avait déjà été mise à prix. Ce coup de vernis sur l’ancien-nouveau gouvernement ressemble à s’y méprendre, à une feinte pour battre en brèche une certaine opinion selon laquelle, Roch Marc Christian Kaboré, le président du Faso se serait fait imposer la tenue en mars du prochain congrès du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), le parti au pouvoir, avant tout remaniement gouvernemental.

La légère fumée blanche qui est sortie des cheminées de Kossyam est-elle annonciatrice d’une, plus lourde, après le fameux congrès ? La question demeure entière, les supputations ayant occupé, depuis la fin de l’année 2016, les conversations dans les services, les chaumières et les « grins » de thé. Le mercure est monté d’un cran, surtout avec la flopée de revendications socio-professionnelles et les attaques récurrentes de djihadistes qui ont notamment endeuillé l’armée burkinabè et les familles des militaires tombés sous les balles assassines des terroristes. Face à cette recrudescence des incursions mortelles des djihadistes dans le sahel burkinabè il était de bon ton que la riposte soit à la hauteur de l’infamie. Et cela passait par une meilleure réorganisation des services de renseignements, un meilleur déploiement de la logistique et surtout une efficacité des départements de tutelle en matière de défense et de sécurité.

Fort logiquement le chef de l’Etat s’est délesté du maroquin de la Défense qui est désormais dans les mains d’un proche à lui, mais peu connu comme chef de guerre. En effet, Jean Claude Bouda, le nouveau patron de la Défense a jusque-là servi dans des domaines très civils, que ce soit à la tête du Salon international de l’artisanat de Ouagadougou (Siao), la mairie de Manga, dans sa province natale du Zoundwéogo, ou très récemment le ministère en charge de la jeunesse dans le gouvernement Thiéba I. On peut donc dire que sa nomination à ce poste constitue la véritable surprise du chef. A lui de faire montre d’esprit d’initiative pour mettre ce ministère au diapason des défis à relever sur le plan de la défense du territoire et les réformes en vue pour donner au Burkina une armée dépolitisée, républicaine, opérationnelle.

Alors que le grand nombre s’attendait à ce qu’il soit débarrassé du portefeuille de la sécurité pour n’en garder que celui de l’Administration territoriale qui rentre davantage dans ses cordes,  l’ancien maire de Ouagadougou a déjoué tous les pronostics. Simon Compaoré, même s’il n’est pas devenu premier ministre comme le disait une rumeur persistante, demeure, comme dans la précédente équipe, le seul ministre d’Etat du gouvernement Thiéba II. L’insécurité dans les villes et dans les campagnes, les sorties punitives des Koglweogo, ces brigades d’auto-défense à la réputation sulfureuse de « gâchettes faciles », l’incivisme, la défiance de l’autorité de policiers mal équipés, etc., auront-ils désormais en face un ministre plus stratège et donc plus à même d’assurer la quiétude des populations ? Simon Compaoré est attendu et en a sans aucun doute pleine conscience.

Tout comme, le ministre d’Etat, tous les membres du gouvernement Thiéba II auront du pain sur la planche et devront mettre en pratique leurs talents de boulanger -dans le bon sens du terme- pour faire redémarrer une administration qui est restée longtemps suspendue à ce remaniement et en était devenue presque léthargique. La première règle, surtout pour les nouveaux venus est de relancer tout de suite la machine au lieu de consacrer le temps à faire le ménage, du secrétaire général au vaguemestre, en passant par le chauffeur qui doit amener Madame faire ses courses au marché. Car le Plan national de développement économique et social (PNDES) attend ouvriers pour le porter.

Par Wakat Séra