Accueil A la une Pitié pour les chercheurs…d’eau!

Pitié pour les chercheurs…d’eau!

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Quand l'eau devient introuvable (Ph. d'illustration Médecins sans frontières)

L’adage dit que «l’eau c’est la vie». A Ouagadougou, tout comme dans d’autres capitales africaines, l’eau c’est la survie, tant le liquide précieux est devenu aussi, sinon plus rare que…l’or. Si l’or on finit par le trouve à force de coups de pioche assénés à l’endroit qu’il faut, l’eau, elle est introuvable, comme si elle jouait à cache-cache avec des consommateurs désespérés qui ne savent plus quoi faire. Ils sont, alors, contraints de se rabattre sur les forages que des bons Samaritains du quartier ont installés devant chez eux.

Souvent, dans les batailles épiques pour attraper le bout de ce tuyau passé au-dessus du mur de clôture et balancé en pleine rue, des blessés graves sont dénombrés. Les files des chercheurs d’eau, bidons jaunes ou verts en main, sont aussi longues que des rangs devant les guichets d’une salle de cinéma projetant un film hindou un après-midi de dimanche, ou du stade du 4-Août, pour un match des Etalons, l’équipe nationale de foot.

Pour nombre des chercheurs d’eau, les petits réservoirs où l’eau est jalousement conservée et parcimonieusement utilisée sont vides. Pourtant, depuis des lustres, pas la moindre goutte n’a daigné sortir des robinets qui ne laissent passer que de l’air, ajoutant des zéros à la facture qui, elle, garde, miraculeusement, son régime habituel. Parfois, des usagers, bien que sevrés depuis belle lurette, disent constater même une hausse sur la consommation, comme si des génies de nuit, s’adonnaient à la vente d’eau sur leur…dos!

Si avoir de l’eau à boire est devenu un parcours du combattant, en avoir pour se laver, ne serait-ce qu’une fois par jour, se transforme en luxe que seuls ceux qui ont eu la vision et les moyens de se doter d’un forage, peuvent encore se permettre. Que dire des plantes et autres fleurs, qui, soumises à un stress hydrique apparu sans crier gare, se battent, contre une mort certaine dont les habitants des cours qu’elles ornent ne peuvent les sauver, eux qui disposent d’à peine quelques cruches pour la boisson et la toilette sommaire.

Certes, le réchauffement climatique est passé par là, déréglant tout sur son chemin. Au fin fond des quartiers non lotis du Burkina et d’autres pays africains où ce phénomène a toujours été considéré comme un sujet de journal télévisé ou d’émission radiophonique, tous crient désormais à la destruction de la couche d’ozone. Mais ils savent qu’ils peuvent peu, contre une action provoquée très loin d’eux, par la course des «puissants» à l’industrialisation à outrance. Comme dans un cauchemar, nous, petit peuple, oublions également de nous reprocher ces feux de brousse géants que nous allumons pour chasser juste un rat pour la grillade arrosée de vin de palme.

Et le désert continue d’avancer alors que l’homme recule, des foyers étant encore à l’utilisation du bois de chauffe ou du charbon de bois, qui donne libre cours à la coupe abusive des arbres qui, malheureusement, ne sont pas remplacés. D’ailleurs, les campagnes de plantations d’arbres, depuis fort longtemps, se sont muées en pique-niques au cours desquels la mise en terre d’espèces utilitaires ou pour la regénération du couvert végétal, devient une activité secondaire, et contraignante.

Pendant ce temps, les robinets demeurent muets, les retenues d’eau s’assèchent à une allure hallucinante, les pluies se raréfient, ou sont en surabondance, dans certains endroits de la planète, les forêts sont en feu, la fonte des glaces s’accentue, et la maison commune est plus que jamais exposée à tous les aléas climatiques, ce malgré les grandes foires que sont les COP et sommets sur le climat qui se succèdent et se ressemblent tous par l’inefficacité des décisions qu’ils accouchent.

Et les chercheurs d’eau continuent de chercher l’eau, persuadés de plus en plus que leurs gouvernants, que ce soit en Afrique, en Europe, en Asie, ou aux Etats-Unis, ne leur seront pas d’un grand secours, l’eau et l’environnement comptant pour presque rien dans le budget national. Ces secteurs, pourtant vitaux, ne sont pas des priorités, l’achat des armes et d’autres dépenses de prestige passant avant tout!

Par Wakat Séra