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Présidentielle française de 2017 : Macron En Marche vers l’Elysée va-t-il broyer du Le Pen comme dans le débat télévisé ?

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Emmanuel Macron En Marche vers l'Elysée (Ph. 20minutes.fr)

« Il l’a laminée, explosée et atomisée ». A lui seul, ce commentaire d’un monsieur rencontré dans un restaurant de Ouagadougou,  à l’issue du débat télévisé du mercredi 3 mai 2017, résume bien la sympathie des Burkinabè pour Emmanuel Macron que bon nombre d’Africains espèrent voir monter les marches du palais de l’Elysée au soir du dimanche 7 mai, date du deuxième tour de l’élection présidentielle française. Et il marque aussi le dépit et la peur de voir Marine Le Pen, candidate du Front national et challenger de Macron d’accéder au fauteuil que cèdera bientôt François Hollande au gagnant de cette finale inédite à laquelle ne prennent part, ni droite, ni gauche de la politique française. En tout cas, le cœur des Burkinabè qui ne battra, pour une première fois, ni à gauche, ni à droite semble pencher nettement pour Emmanuel Macron, car, la politique anti-immigration du FN, en inquiète plus d’un, que ce soit en France, dans le reste de l’Europe et surtout en Afrique. En réalité, l’Afrique, que ce soit sous Macron ou Le Pen, ne connaîtra pas plus de considération de la part d’une France qui s’est toujours servie du continent comme d’une vache laitière tout en s’offusquant de la présence envahissante des Africains sur son sol. La politique africaine de la France ne changera que dans les discours hypocrites des politiciens français qui proclament la mort de la « France-Afrique » mais n’ont jamais procédé à son enterrement.

Mais, même si les sondages sont en faveur de Macron, la partie du second tour est loin d’être gagnée pour celui-ci, la France vivant une élection présidentielle qui pourrait encore réserver bien des surprises, à l’instar de celle qui a porté Donald Trump à la Maison blanche alors que les observateurs et autres fins analystes politiques y attendaient Hillary Clinton. Certes, comme en 2002, pour accompagner Emmanuel Macron En Marche vers l’Elysée et bloquer la progression de Marine Le Pen et du Front national qui montent en puissance, un sursaut républicain est sollicité auprès des électeurs. Mais la phobie de l’extrémisme des dirigeants français sera-t-elle partagée par le peuple, acculé par le chômage, le terrorisme, l’immigration et l’équation Europe ? Le doute est permis et même total, surtout que les populations sont usées par les promesses non tenues de la Droite et de la Gauche classiques, et que Marine Le Pen promet avec une conviction jamais égalée de rendre aux Français leur France. Le report des voix des autres candidats malheureux n’étant pas systématique et les consignes de vote, demeurant des intentions que les électeurs ne sont point obligés de respecter au moment de glisser leurs bulletins dans l’urne, rien n’est joué d’avance. Même l’appel de François Hollande, dont la valeur à la bourse de la politique française a considérablement chuté, à voter pour son poulain, pourrait se perdre dans la Tour de Babel des discours contradictoires et inopérants de dinosaures politiques. De toute évidence, la France est en pleine quête de changement radical et la régénérescence de la classe politique semble irréversible. Comme quoi la marche du « bébé hollandais » vers la maison que voudrait bien lui léguer son père politique est loin d’être un fleuve tranquille pour Emmanuel Macron.

Une chose est certaine, les Français auront un président qui ne viendra pas des maisons Droite ou Gauche, en pleine déconfiture. Tout comme ce sera la première fois que nos ancêtres les Gaulois, sont en passe d’avoir un président aussi jeune ou une femme au pouvoir. C’est encore la première fois qu’un candidat du Front national atteint au premier tour, la barre des 21,4%, rafle plus de 7 millions de voix et obtient le soutien d’un perdant du premier tour. La démonstration de force de Marine Le Pen qui monte en force, dans le cœur des Français est loin d’être le fruit du hasard. Désabusés par des mandats qui se suivent et se ressemblent par leurs lots de promesses jamais réalisées, davantage de Français tombent sous le charme du discours de Marine qui leur promet de libérer la France et de la redonner aux Français. C’est certain, même si ce mandat lui échappe, très peu de personnes crieraient à l’usurpation si Marine Le Pen ou un frontiste prend les rênes de la France à l’occasion de la prochaine présidentielle.

Un second souffle pour aller à l’abordage des législatives. C’est le seul salut qui reste à la Gauche et à la Droite pour survivre et ne pas être emportés par le tsunami des nouveaux politiciens de la trempe de Emmanuel Macron. En tout cas, sans aller jusqu’à affirmer que les Français auront un président par défaut ou tout au moins qu’ils n’attendaient pas, on ne peut que convenir avec Jean-Christophe Cambadélis que la France aura connu une présidentielle « anxieuse, nerveuse, fiévreuse et douloureuse ».

Par Wakat Séra