Accueil A la une Procès attentat de Grand-Bassam: symphonie inachevée?

Procès attentat de Grand-Bassam: symphonie inachevée?

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Si le procès de la fusillade de Grand-Bassam pouvait servir d'exemple! (Ph. d'archives)

Le procès de l’attentat terroriste qui endeuilla, Grand-Bassam et toute la Côte d’Ivoire, vient de livrer son verdict. Plus de six années après les faits et à l’issue d’un procès d’un mois, c’est une peine XXL qui a été infligée aux prévenus reconnus coupables. 18 accusés au total, sept absents, en fuite ou en détention au Mali, ont été condamnés par contumace à perpétuité. Parmi eux figurent Kounta Dalla et Ould Baba, les deux cerveaux de l’attaque terroriste qui a laissé, meurtris, un pays et des populations habitués à la quiétude et la joie de vivre. Un acte ignoble et aveugle dont le degré de barbarie n’avait d’égal que celui de la perplexité dans laquelle il a plongé un peuple ivoirien de paix. 19 personnes sont tombées sous les balles assassines et une trentaine s’en est sortie avec des blessures.

C’était un jour triste de 13 mars 2016, mais les familles des victimes et les hôteliers et commerçants de la cité balnéaire très prisée de Grand-Bassam s’en souvient comme si c’était hier. L’attaque qui sera revendiquée plus tard par Aqmi, avait provoqué une onde choc sans commune mesure dans le pays tout entier et même au-delà, puisqu’elle était comme l’illustration parfaite de la capacité de frappe des groupes djihadistes qui écumaient déjà le Sahel et démontraient là, qu’ils étaient en mesure de s’enhardir hors de leur régions cibles traditionnelles.

«Actes terroristes, assassinat, tentative d’assassinat, recel de malfaiteurs, détention illégale d’armes à feu et de munitions de guerre et complicité desdits faits». Ce sont les griefs reprochés aux inculpés dont sept d’entre eux ont bénéficié de la relaxe. L’épilogue d’une tragédie qui laisse tout de même un goût encore amer à tous les épris de justice qui auraient bien voulu voir tous ces assassins, les métronomes y compris, conduits en prison pour y finir le restant de leur existence de criminels.

Car, nécessaire, ce procès l’était pour rendre justice aux morts et blessés mais aussi consoler les familles endeuillées. Ce jugement était surtout indispensable pour l’exemple. Certes, le verdict, quel qu’il soit, dissuaderait difficilement, ou pas, ceux qui, paradoxe des paradoxes, croient dur comme fer que tuer leur ouvre les portes du paradis où les attendraient les 72 vierges à eux promis. Mais, les valets locaux et autres assistants qui, contre endoctrinement ou espèces sonnantes et trébuchantes, les hébergent ou leur servent toute sorte d’accompagnement pourraient bien tirer leçon de la main lourde du juge.

Nul doute que la présence des cerveaux à la barre aurait permis d’en savoir davantage sur les motivations réelles qui ont poussé à l’attaque contre la Côte d’Ivoire et d’autres complicités internes et externes dont ont bénéficié les assaillants. Mais ce procès, même s’il comporte des relents d’insatisfaction est tout de même bon à prendre. Le procès était d’autant plus opportun que de plus en plus, les terroristes tuent mais veulent sortir vivants de leurs massacres odieux, alors qu’avant, ils étaient comme heureux de mourir la kalach en main!

Et si la symphonie est inachevée, elle a tout de même été jouée.

Par Wakat Séra