Accueil A la une RD Congo: un «coup d’Etat» pourquoi et contre qui?

RD Congo: un «coup d’Etat» pourquoi et contre qui?

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Le président congolais, Félix Tshisekedi

Une tentative de coup d’Etat vers 4h du matin de ce dimanche. La déclaration vient des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) alors que celles-ci demeurent confrontées aux attaques meurtrières du M 23. L’armée dit avoir déjoué ce coup qui serait l’œuvre d’un commando mixte d’assaillants congolais, américains et britannique. Le meneur serait un ancien officier, reconverti en homme d’affaires et politicien depuis une dizaine d’années, mais surtout nostalgique de l’ancien ordre politique. En effet, Christian Malanga, c’était le nom de celui qui voulait débaptiser la RD Congo et la renommer Zaïre. Mal lui en a visiblement pris, «l’ancien officier, homme d’affaires et politicien» ne verra pas l’aboutissement de son projet.

Avec force détails, le porte-parole de l’armée congolaise a mentionné la présence sur les lieux de l’attaque, du fils du chef de ces hommes lourdement armés, «venus du fleuve», en tenue des Force armées de la RD Congo (FARDC), et qui ont pris pour cible la résidence du vice-Premier ministre Vital Kamerhe, avant de se retrouver au palais présidentiel, à proximité. Si une quarantaine d’assaillants a été interpellée, quatre autres, dont le fameux ancien «officier congolais naturalisé américain», ont été «neutralisés définitivement». Ainsi a pris fin, selon le récit du général des FARDC, Sylvain Ekenge, l’éphémère «tentative de coup d’Etat», redonnant, du coup, «la parfaite maîtrise de la situation» aux forces armées.

Pourtant, le quartier de la Gombe, où vivent plusieurs ambassadeurs et qui abrite également le palais présidentiel, est hyper sécurisé. Ce qui n’a, tout de même pas empêché le téméraire Christian Malanga et ses hommes d’y pénétrer et de disposer même du temps de hisser, au palais présidentiel les anciennes couleurs nationales, le drapeau du Zaïre. Pourquoi avoir visé Vital Kamerhe, dans la nuit même de l’élection une fois de plus avortée du nouveau bureau de l’Assemblée nationale dont il devait être le patron? Est-ce plutôt un coup monté, juste pour se débarrasser d’un personnage influent de l’échiquier politique, certes allié du pouvoir, mais gênant pour le même pouvoir, compte tenu de ses ambitions présidentielles, et surtout qu’il allait porter, s’il occupe le perchoir, la casquette de deuxième personnalité du pays?

A moins que Vital Kamerhe, n’en soit pas la cible première, pourquoi une «tentative de coup d’Eta» contre un potentiel futur président de l’Assemblée nationale, alors que de coutume, les coups d’Etat visent les chefs d’Etat? Pourquoi les assaillants ont-ils mis leur vie en danger pour un palais de la Nation qui n’est, en réalité, présidentiel que de nom? Pourquoi, cette «tentative de coup d’Etat» dont le timing pourrait faire penser à une diversion, au moment où Félix Tshisekedi qui vient d’être réélu président de la république pour un deuxième et dernier mandat, n’écarte pas une modification de la Constitution, à des fins non encore connues officiellement, mais faciles à deviner? Pourquoi cette implication d’un ressortissant naturalisé américain et de sujets américains, des «blancs», et d’un «sujet naturalisé britannique, le numéro 2 du groupe», comme si un règlement de comptes est dans l’air avec le pays de l’Oncle Sam? A moins que cela ne soit une preuve de méfiance contre le voisin, pourquoi une «tentative de coup d’Etat» de la part d’hommes «venus du fleuve» que la RD Congo partage avec la République du Congo?

En attendant que cette «tentative de coup d’Etat», vraie ou fausse, dévoile tous ses secrets, les «pourquoi» se multiplient, comme les grains d’un long chapelet.

Par Wakat Séra