Accueil A la une RD Congo: une nouvelle année, un «ancien-nouveau» président!

RD Congo: une nouvelle année, un «ancien-nouveau» président!

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Félix Tshisekedi confirmé vainqueur de la présidentielle en RD Congo par la Cour constitutionnelle

Tel le sablier, 2023 a laissé s’écouler, inexorablement, ses 365 jours, faisant toute la place à une nouvelle année 2024. Les vœux de «bonne et heureuse année» pleuvent déjà de toutes parts, comme le veut la tradition. Bien évidemment c’est un rituel que la grande majorité respecte, avec le doute, paradoxalement certain, que ces souhaits ne se réaliseront pas, ou seront exaucés dans leur partie congrue. Seul le travail libère, conseille, implacable, l’adage!

L’Afrique a vécu cette année, une fois de plus, entre inquiétude et espoir. Bien que vu comme le continent de l’avenir, après avoir été «le berceau de l’humanité», l’Afrique n’en demeure pas moins, pour l’instant, le réceptacle des guerres, des maladies, des besoins existentiels insatisfaits, de la vie chère, des attaques terroristes, de diverses violences qui fragilisent et détricotent le tissu social, de la précarité de la gouvernance, du balbutiement démocratique portant la griffe du troisième mandat et du règne à vie de dirigeants insatiables et des putschs militaires. En somme, un chapelet de maux qui peut être égrené sans pouvoir être certain d’en atteindre le bout, en sautant le grain d’une laideur sans commune mesure des parodies d’élections mises constamment à l’index par des oppositions presque toujours spoliées de leurs victoires et la société civile.

Contraints par le fameux discours de la Baule de 1990 qui prône la démocratie conditionnée par l’aide venue, de plus en plus parcimonieusement, de l’occident qui pille de façon éhontée les riches sous-sols de leurs pays, les dirigeants africains ont sorti de leurs laboratoires politiques, l’art d’organiser des élections et ne jamais les perdre. La République démocratique du Congo, fait, ainsi, son entrée dans la nouvelle année au lendemain de la proclamation des résultats globaux provisoires des élections générales du 20 décembre, qui se sont finalement étirées sur plusieurs jours. Sans aucun suspense, c’est avec un score de 73,34% que le président sortant remporte la présidentielle devant des opposants qui doivent regretter d’avoir servi de «motards» à Felix Tshisekedi qui reprend les rênes du pays pour un nouveau quinquennat. Un taux de participation de 43,23% est avancée.

Avec ce score que les organisateurs du scrutin sans fin ont eu l’humilité de ne pas rendre davantage soviétique, l’«ancien-nouveau» président devance largement ses principaux challengers. Son suivant immédiat, Moïse Katumbi ne peut se targuer que de 18% des voix, alors que Martin Fayulu s’en tire avec 5,33% soit moins du million de voix sur les 18 millions d’électeurs ayant effectivement pris part aux élections pour lesquelles 41,700 millions de Congolais ont été initialement convoqués. Dr Denis Mukwege, l’autre opposant qui a fait les frais de la confusion entre «prix Nobel de la paix» et «leader politique», avec seulement 39 000 voix, reste noyé dans les profondeurs du classement des bons derniers de l’élection présidentielle.

La Commission électorale nationale indépendante (Céni) a donc décidé de faire du neuf avec du vieux. Martin Fayulu, avec à ses côtés huit autres candidats, dénonce un «autre coup d’Etat» et demande aux Congolais de «résister». Questions: comment «résister», les mains nues aux baïonnettes et canons de l’armée? Comment «résister» face à une machine électorale aux mains des seigneurs du jour? Comment «résister» quand d’autres candidats et des observateurs aux intérêts personnels et égoïstes ont déclaré, comme à l’accoutumée, que les «petites irrégularités» relevées au titre du vote «ne sont pas de nature à entacher les résultats»? Comment «résister» quand, bientôt, une pluie de félicitations venues de l’intérieur comme d’ailleurs, arrosera l’«ancien-nouveau» président? En tout cas, les complaintes vite étouffées de cette partie du peuple qui se sent flouée n’y feront rien! Felix Tshisekedi, l’ancien opposant et fils d’opposant historique, rempile pour cinq années supplémentaires de présidence, et plus si affinités.

Et l’opposition ne pourra que s’en vouloir à elle-même, elle qui a fait le choix suicidaire de prendre part, en rangs dispersés à des élections verrouillées à un tour et viciés dès le début du processus. Certes, l’addition des différents scores des opposants est loin du gain attribué à Felix Tshisekedi, mais une stratégie bien ficelée de campagne et de rassemblement des électeurs autour d’un seul candidat aurait eu l’avantage de ne pas autant exploser la masse électorale au profit de leur adversaire commun! Et les opposants le savent, mais l’égo surdimensionné de chacun a pris le dessus sur l’intérêt général!

«Tout a une fin, même la mort a une fin», a chanté l’artiste burkinabè Smarty. La présidentielle congolaise de 2023 a vécu, comme l’année qui l’a portée.

Bonne et heureuse année 2024 au vaillant peuple de la RD Congo et à tous les habitants de ces pays africains en quête de justice sociale et de paix.

Par Wakat Séra