Accueil Politique Rebaptisation de l’hôpital Blaise Compaoré: «Ingratitude et mesquinerie», selon  (Ablassé Ouédraogo)

Rebaptisation de l’hôpital Blaise Compaoré: «Ingratitude et mesquinerie», selon  (Ablassé Ouédraogo)

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Dr Ablassé Ouédraogo, président du parti Le Faso autrement (Ph. d'archives)

Le président du parti Le Faso Autrement, Dr Ablassé Ouédraogo, ex-chef de la diplomatie burkinabè, sur la décision du Conseil des ministres du 1er août 2018 de rebaptiser l’hôpital national Blaise Compaoré en Centre Hospitalier Universitaire de Tengandogo (CHU-T), a déclaré ce jeudi 2 août 2018, que cette mesure n’est que de la pure «ingratitude et de la mesquinerie» du gouvernement.

La décision du Conseil des ministres de changer le nom de l’Hôpital National Blaise Compaoré en Centre Hospitalier Universitaire de Tengandogo, est «une initiative malheureuse et inconvenante (qui) n’honore pas le gouvernement du Burkina Faso aux yeux de nombre de Burkinabè et du reste du monde», s’est dit convaincu Ablassé Ouédraogo.

«A-t-on pris aussi les précautions nécessaires pour vérifier selon notre tradition et nos coutumes la convenance du nom à l’infrastructure ?», s’interroge le docteur en Sciences économiques qui fait remarquer que «nous avons une culture qu’il ne faut jamais ignorer en posant nos actes».

Ablassé Ouédraogo rappelle en effet qu’au début de la Transition, le Premier ministre Yacouba Isaac Zida «avait déjà tenté la même opération en voulant rebaptiser le même établissement hospitalier au nom de Hama Arba Diallo». Cette tentative de «travestir l’histoire de notre pays ne lui a pas porté bonheur dans sa carrière de politicien. La raison qui a prévalu en son temps est la même qui prévaut aujourd’hui et personne ne peut nous convaincre du contraire: le populisme, la démagogie et surtout le harcèlement d’une méchanceté injustifiable», signifie l’opposant.

«Et aujourd’hui, le gouvernement du président Roch Kaboré reprend le refrain de la même chanson comme s’il n’y avait pas d’autres actions plus utiles à entreprendre. Baptiser les infrastructures n’est pas l’essentiel dans la construction et le développement d’un pays», estime le président de Le Faso Autrement, pour qui, «ce qui compte pour le peuple, c’est la réalisation des infrastructures, la paix, la stabilité, l’unité nationale, la sécurité des citoyens et de leurs biens, le développement économique et social du pays et le vivre-ensemble convivial».

Il note que «même si l’on n’aime pas la personne de Blaise Compaoré (ex-président ayant dirigé le Burkina Faso pendant 27 ans), il faut accepter et reconnaître qu’il a travaillé, comme il a pu, à l’édification (de ce pays) avec les ressources humaines et matérielles à sa disposition». Dans l’œuvre de l’ex-chef de l’Etat burkinabè contraint à la démission fin octobre 2014 à la suite de manifestations populaires violentes, «il y a eu certainement des manquements et des insuffisances, mais reconnaissons avec humilité qu’il y a eu aussi des réalisations positives et intéressantes pour le pays», plaide l’ex-ministre de l’ancien chef d’Etat exilé en Côte d’Ivoire depuis la chute de son régime.

«C’est aussi vrai qu’aucune œuvre humaine n’est parfaite sur cette terre, mais procéder de la sorte et effacer le nom d’un fils du Burkina qui a mouillé la chemise à la tête du pays et réalisé ce qu’il a pu faire pour son peuple, dont entre autres, cet hôpital très moderne, montre l’ingratitude et l’esprit mesquin ambiants surtout quand les décideurs d’aujourd’hui ne sont que les solides et inamovibles soutiens et piliers des 27 ans du régime de Compaoré», poursuit-il.

Pour Dr Ablassé Oudréaogo, «ce sont eux-mêmes (les dirigeants actuels) qui ont induit Blaise Compaoré en erreur en mettant dans sa tête que la modification de l’article 37 de la Constitution était une excellente chose et qu’il fallait y aller. Ce qui fût fatal pour lui, son régime et a nécessité le retentissant mea culpa, la tête basse, de l’actuel locataire du palais de Kosyam pour pouvoir se présenter comme candidat à l’élection du président du Faso du 29 novembre 2015».

Après l’adoption ce 30 juillet 2018 de la loi d’exclusion modifiant le Code électoral sur le vote des Burkinabè vivant et travaillant à l’étranger, cette décision de Roch Marc Christian Kaboré et de son gouvernement vient «confirmer à suffisance que la gouvernance actuelle conduit inexorablement le Burkina Faso à la division et au chaos».

«Ce n’est pas d’un changement de dénomination que ce centre de santé public a besoin mais de ressources humaines qualifiées et compétentes, d’équipements et de moyens de maintenance conséquents pour garantir aux populations des soins de qualité à des coûts raisonnables sur le long terme» , selon M. Ouédraogo.

Pour l’opposant qui a été l’un des meneurs des protestations contre l’ex-locataire de Kosyam,   «c’est qui ferait le bonheur des usagers du service public de la santé», demandant au pouvoir du Mouvement du Peuple et du Progrès (MPP) de se «ressaisir» pour que «tous ensemble, nous allions à la réalisation de la réconciliation nationale afin de préparer un destin commun meilleur pour les générations futures de notre pays».

Par Bernard BOUGOUM