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Sénégal: démocratie en danger?

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Le président sénégalais, Macky Sall va-t-il reporter la présidentielle de 2024? (Ph. d'illustration)

«J’ai signé le décret 2024/106 du 3 février 2024 abrogeant le décret 2023 portant convocation du corps électoral». Est-ce la phrase de Macky Sall qui mettra le feu aux poudres ou la décision qui permettra d’organiser, à nouvelle date, une élection présidentielle «transparente, inclusive et crédible», comme le réclame la CEDEAO, l’Union européenne, et les Etats-Unis? En tout cas, les avis sont partagés et les positions bien tranchées, après le discours à la nation du président sénégalais, de ce samedi 3 février. Pour les élus et militants d’un certain nombre de formations politiques, il faut repousser la date du scrutin prévu pour le 25 février. Le Parti démocratique sénégalais de Karim Wade, dont la candidature a été retoquée par le Conseil constitutionnel pour double nationalité franco-sénégalaise, a du reste, déposé sur la table de l’Assemblée nationale, un projet de loi sur le report de l’élection présidentielle. En attendant que cette question soit examinée ce lundi par les élus, l’autre frange de l’opposition est vent debout contre ce report de l’élection qui, selon elle, n’a aucun fondement juridique.

Visiblement certains que ce décret répond à une manœuvre du président sénégalais de s’octroyer quelques mois de bonus, bien que celui-ci a réaffirmé son engagement de ne pas briguer un troisième mandat, les opposants campent sur leur position. Pas un jour de plus au palais présidentiel pour Macky Sall après le 2 avril! En attendant confirmation de la nouvelle date qui pourrait être fixée au 25 août prochain, soit six mois après le 25 février, la situation socio-politique est très inflammable, opposition et pouvoir se regardant en chiens de faïence. En effet, les députés de la coalition au pouvoir, Benno Bokk Yakaar, sont, logiquement, pour les prolongations du mandat de leur champion, certains allant jusqu’à proposer un allongement d’une année. Tout porte à croire que le match sera électrique, bien qu’il ne figure pas au calendrier de la 34e édition de la Coupe d’Afrique des nations de football dont les Lions de la Teranga, champions en titre, ont été sortis en 1/4 de finales par les Eléphants de Côte d’Ivoire, hôtes de la compétition.

L’opposition a déjà essayé d’allumer la première étincelle ce dimanche. Une mèche vite éteinte par les forces de l’ordre qui ont empêché la tenue d’une manifestation qui n’aurait pas été autorisée. Dans la foulée, plusieurs leaders et militants de l’opposition ont été interpellés dans un nuage de gaz lacrymogènes. Que va-t-il maintenant se passer, en sachant que le Sénégal était déjà sous tension politique, notamment avec la dénonciation d’irrégularités liées au processus électoral et les accusations de corruption contre certains juges du Conseil constitutionnel, sans oublier la mise à l’écart de l’opposant Ousmane Sonko? Il urge que la classe politique se mette au diapason des décisions de l’Assemblée nationale. Du reste, le gouvernement sénégalais, n’a pas manqué de contredire l’opposition car, selon lui, le président de la république n’a pas cherché à reporter l’élection du 25 février, à fortiori procéder à son annulation. Tout porte à croire qu’on se trouve en plein dans un jeu de poker menteur.

En tout cas, il faut sauvegarder l’image de phare de la démocratie qu’est le Sénégal et surtout sauver la paix dans ce pays en pleine phase d’émergence. Une double mission que pouvoir et opposants doivent réussir à tout prix.

Par Wakat Séra