Accueil A la une Sierra Leone: attention au retour des vieux démons de la guerre!

Sierra Leone: attention au retour des vieux démons de la guerre!

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Le président sierra léonais, Julius Maada Bio

Un dimanche de feu! C’est ce qu’ont vécu les populations de Freetown, réveillées par des tirs d’armes automatiques d’assaillants dont les identités restent inconnues pour l’instant. En dehors d’images qui circulent sur les réseaux sociaux et dont l’une présente des personnes tuées parmi lesquelles figureraient un ancien de la garde rapprochée de l’ex-président, Ernest Bai Koroma qui a dirigé le pays de 2007 à 2018, aucun bilan officiel n’a été établi pour le moment. Tout est parti d’une poudrière qui aurait été forcée et des armes dérobées. Les autorités, qui ont décrété un couvre-feu sur toute l’étendue du territoire national, elles relèvent plutôt que des individus non identifiés ont tenté de forcer une armurerie militaire située dans la capitale Freetown. En tout cas, des prisons ont été attaquées donnant l’occasion à plusieurs détenus de prendre le large. Peut-être que leur évasion a été organisée par ces attaques!

Lorsque la situation a été maîtrisée par l’armée, et qu’un calme qu’il faut espérer définitif et pas précaire a prévalu, ce que le président Julius Maada Bio a présenté comme une tentative de déstabilisation a également été condamné par la communauté internationale, notamment la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest, l’Union européenne et les Etats-Unis. Les inquiétudes de tentative de coup de force contre le pouvoir de l’ancien militaire, se retrouvent en bonne place dans le narratif de condamnation de la CEDEAO, similaire aux déclarations faites dans d’autres pays, dans des situations semblables. Les dirigeants de l’organisation sous régionale ont certainement craint en ces heures de braise à Freetown, de se retrouver avec un quatrième coup d’Etat après ceux de 2021 au Mali, ceux de janvier et septembre 2022 au Burkina Faso et celui de juillet de cette année 2023 au Niger.

Visiblement, même si la plupart des meneurs de ce funeste événement ont fait l’objet d’arrestations, les démons des guerres civiles rôdent toujours autour de la Sierra-Leone, coutumière des guerres civiles, dont celle de la période noire de 1991 à 1999 dont le bilan macabre, et sans doute incomplet, de plus de 75 000 morts, plus de deux millions d’exilés, et plus de 4,5 millions de déplacés internes, hante encore les esprits. Comme si c’était hier! Julius Maada Bio, 59 ans, le président sorti des urnes en 2018 et réélu en juin 2023, après un passage rapide à la tête de la Sierra Leone en 1996, suite à un coup d’Etat, qui essaie d’ouvrir des perspectives heureuses pour la Sierra Leone, à travers son action dans des secteurs vitaux comme ceux de l’éducation et de l’agriculture, aura certainement besoin plus que de la simple adresse à la nation, pour réinstaurer pour de bon la paix dans son pays. La convoitise pour les diamants, les intérêts politiques, économiques, les divisions ethniques et religieuses, l’appétit pour le pouvoir et la succession, etc., sont autant de réalités qui font de la Sierra Leone un volcan en sommeil qui peut entrer en éruption au moment où l’on s’y attend le moins.

Par Wakat Séra