Accueil Editorial Sommet Afrique-France : à quand la fin du cirque ?

Sommet Afrique-France : à quand la fin du cirque ?

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Et un énième sommet Afrique-France ou France-Afrique. C’est selon la connotation qu’on voudrait donner à cette 27è rencontre entre le président français et ses pairs africains. Pour ce rendez-vous de Bamako, des 13 et 14 janvier 2017, le dernier sommet du genre sur le continent pour François Hollande, ils étaient une trentaine de chefs d’Etat et de gouvernement à répondre à l’appel du grand chef gaulois. Ils ont parlé ensemble, entre autres, de lutte contre le terrorisme, de paix et d’émergence.

Ils ont pris de grandes décisions qui une fois de plus contribueront peu au bonheur des citoyens lambda. « … C’est ça le problème et c’est juste un flash pour aveugler les gens. Et c’est là le vrai problème. Un quartier populaire comme Sikoni, qui n’est pas loin du centre-ville, n’a ni eau potable ni goudron. », Ce coup de gueule d’un citoyen malien sur Rfi, ils sont nombreux, les Africains qui pourraient le pousser s’ils en ont l’occasion ou encore la force physique, eux qui manquent de tout. Même l’eau qu’on dit être la vie est, ô paradoxe, une denrée rare pour les populations à la périphérie des villes ou en milieu rural. Les rares barrages et autres retenues d’eau, les quelques forages et bornes fontaines construits par des politiciens en quête d’électorat et des Ongs habituées au saupoudrage et davantage préoccupées par la chasse aux financements du nord, sont loin de faire l’affaire.  Les pays africains majoritairement agricoles, notamment ceux du Sahel, soumis aux caprices pluviométriques sont encore plus à plaindre. La grande et la petite corruption étant passées par là pour faire le lit épais de la mauvaise gouvernance, l’économie en Afrique se résume au « vivre au jour le jour », comme si les perspectives, à l’instar de la démocratie pour citer l’autre, constituent un luxe pour les Africains. Les centres de santé manquent de tout. La justice, à tort et à raison, est prise à partie car s’étant éloignée, dans bien des pays, des justiciables. L’éducation, véritable talon d’Achille des politiques africaines est une grosse machine à produire des chômeurs et jeunes perpétuellement en quête d’emploi. Peu ou prou formée à s’auto-employer, la jeunesse continue de compter sur l’Etat qui lui-même s’adosse à l’aide, concédée désormais à doses homéopathiques par la « patrie de nos ancêtres les gaulois » et autres partenaires techniques et financiers. Et c’est pour échapper à toutes ces misères qu’ils sont des milliers à fuir l’Afrique, échouant, au mieux, au pied des grands murs érigés désormais par les pays occidentaux. Au pire, les fuyards de la pauvreté endémique, sont engloutis par la Méditerranée qui s’est, plus que jamais, transformée en un cimetière géant pour migrants.

Et les sommets Afrique-France ou France-Afrique, se poursuivent, marqués par une régularité à faire pâlir de jalousie, l’Asie ou les Amériques qui viennent également de prendre le train en marche. Tous jouent des coudes sur un continent aux ressources inestimables pillées à qui mieux mieux, et dont les dirigeants sont très friands de ces rencontres desquelles les véritables acteurs de développement sont soigneusement tenus à l’écart, comme des pestiférés. Le budget de ces sommets pourraient bien servir à rendre le sourire à bien des patients qui envahissent les hôpitaux, devenus de grands mouroirs en Afrique. Toutefois, ces sommets ont quand même cela d’utile, qu’ils permettent de plus en plus à la société civile africaine de se rassembler en contre-sommet pour dénoncer l’incurie de ceux qui nous gouvernent et discuter des véritables problèmes du continent.

Par Wakat Séra