Accueil Editorial Togo: 8 petits mots qui peuvent mettre le feu au pays

Togo: 8 petits mots qui peuvent mettre le feu au pays

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La rue est prise en otage par des manifestations tous azimuts (Ph. Pius Utomi Ekpei/AFP)

«Nul ne peut faire plus de deux mandats». Trente-une lettres qui mettent le Togo sens dessus dessous, le pouvoir refusant, contrairement à l’exigence de l’opposition, de les insérer dans ses réformes de la constitution qui limiteront à deux les mandats présidentiels qui passeront désormais à deux tours. Pire, les politiciens, dans leur rôle favori de pyromanes pourraient bien embraser le pays soumis actuellement aux manifestations et contre-manifestations. Arc-boutés à des principes qui portent les germes de déflagration d’une marmite socio-politique pas loin de l’explosion, pouvoir et une partie de l’opposition togolaise, désormais rejoints par des organisations de la société civile, travaillent à faire peur au reste de la population.  Ira-t-on jusqu’à l’affrontement entre Togolais? Rien n’est moins sûr si le statu quo demeure, la rue étant devenue l’endroit le mieux prisé par les pour et les contre Faure Gnassingbé pour s’exprimer. La radicalisation des positions ne présage rien de bon et à force de provoquer le diable, les Togolais ne sont pas loin de réveiller les vieux démons qui ont comme établi leur quartier général dans ce pays où les revendications politiques riment toujours avec violences et pertes en vies humaines. Pour le moment, chacun est dans l’expectative et même dans l’angoisse. Que va-t-il se passer lors des manifestations que s’apprête à vivre le Togo ces mercredi et jeudi? Bien malin qui y répondra avec assurance.

Pourtant, ce qui est certain, c’est que le chaos est encore évitable. Qu’il veuille l’accepter ou pas, le pouvoir a déjà plié sous la pression de l’opposition. Si Tikpi Atchadam du Parti national panafricain (PNP), celui qui a allumé la première mèche contre le régime de Faure Gnassingbé, le 19 août dernier, et les autres opposants n’ont pas-encore?-réussi à ressusciter la constitution de 1992, la victoire qu’ils ont arrachée n’en demeure pas moins de taille, d’autant qu’ils ont contraint Faure à faiblir, en intégrant désormais la notion de l’alternance dans son fonctionnement. Plus qu’un demi-succès, c’est une réussite totale pour les opposants, car le père Gnassingbé Eyadéma doit certainement fulminer dans sa tombe, lui qui n’a jamais donné l’occasion au peuple togolais, même pas en rêve, de vivre le changement. Ce n’est pas encore l’ouragan Irma ou sa consoeur Maria qui mettent à rude épreuve les Antilles, qui frappent le Togo. Cependant, le vent de revendication qui souffle sur le pays monte crescendo et est en passe d’atteindre la catégorie 5 sur l’échelle, non pas de Saffir-Simpson, mais sur celle des crises socio-politiques dévastatrices. Et les dégâts ne sont pas moins irréparables que ceux de ces cruelles tempêtes qui ravagent tout sur leur passage dans les Caraïbes. Que va-t-il se passer au Togo dans les prochains jours, les politiciens, chacun dans son camp faisant monter les enchères afin de se trouver en position confortable lorsque viendra à sonner l’heure de probables négociations?

Dans l’intérêt du Togo et des Togolais et Togolaises, il urge de mettre balle à terre et de rester dans l’esprit légal des choses, pour se réunir sous le légendaire arbre à palabres de la tradition africaine. C’est dans ce sens qu’il faut saluer le projet de loi soumis par le gouvernement togolais à l’Assemblée nationale. Comme rien ne peut plus être comme avant, cette initiative n’a pas reçu le blanc-seing des élus du peuple ce mardi 19 septembre, lors de la plénière boycottée par l’opposition et devra désormais être soumis à référendum populaire. Le dernier mot devant toujours lui revenir en toute démocratie qui se respecte, peuple aura donc tout le loisir de sanctionner ou d’adouber les réformes constitutionnelles de Faure Gnassingbé. Et la démocratie tant criée et espérée aura vaincu.

Par Wakat Séra