Le président de la république a promulgué, ce lundi 6 mai, la nouvelle constitution adoptée en seconde lecture par les élus du peuple qui vont bientôt passer la main…ou plutôt le siège, à de nouveaux hommes et femmes qui ont bénéficié de la confiance du peuple, lors du scrutin des législatives et régionales couplées du 29 avril 2024. Avec les 108 députés obtenus sur les 113 locataires de la prochaine Assemblée nationale, l’UNIR, sous réserve du verdict final de la Cour constitutionnelle, règnera sans concession sur ce Parlement qui aura la responsabilité historique de désigner le prochain président de la république et le président du Conseil des ministres, chef du gouvernement. Si le premier devra se contenter d’inaugurer les chrysanthèmes, compte tenu de son titre désormais honorifique, le second, quant à lui, sera en possession de la réalité du pouvoir et investi pour représenter le Togo dans les instances décisionnelles internationales.
L’acte posé par Faure Gnassingbé est, sans doute solennel et porte le sceau officiel. Mais, avant que celui qui, c’est un secret de polichinelle, portera la casquette de chef du conseil des ministres, car issu du parti majoritaire à la nouvelle l’Assemblée nationale, ne passe à cette promulgation, le peuple qui a voté en connaissance de cause, lors des récentes législatives, avait déjà donné sa caution à la nouvelle loi fondamentale. Certes, elle reste l’objet du combat du siècle de l’opposition qui la considère comme «un coup d’état constitutionnel», persuadée qu’elle n’a été votée que pour permettre au citoyen Faure Gnassingbé, de continuer son bail à la tête du Togo. C’est ça aussi le rôle de l’opposition de…s’opposer. Pourtant, la nouvelle constitution, selon les élus du peuple, qui portent donc la voie du peuple, permettra au Togo de mettre fin au régime présidentiel qui consacrait l’omniscience et l’omnipotence d’un seul homme, pouvant facilement se donner droit de vie et de mort sur ses concitoyens. Tout est désormais dans les mains de ces représentants du peuple, qui, doivent choisir, au nom du peuple et pour le peuple, un dirigeant à même de faire le bonheur du peuple.
Ainsi, avec cette nouvelle constitution qui met fin aux présidentielles et leur cortège de violences et de ùmorts, non seulement l’opposition, devrait avoir son mot à dire sur la désignation des gouvernants, mais mieux, elle peut, plus facilement, prétendre au pouvoir, si elle se retrouve majoritaire à l’Assemblée nationale. Ce qui ne sera pas le cas pour cette législature, vu que l’opposition togolaise, sous réserve de la proclamation définitive des chiffres des urnes, par la Cour constitutionnelle, a été réduite à sa plus simple expression. Ce qui n’est pas sans constituer un souci pour le parti au pouvoir, qui a le devoir d’entretenir la vitalité démocratique, qui passe par l’existence de partis politiques crédibles. En plus des organisations de la société civile et d’autres structures garde-fous de la gouvernance, les partis politiques, sont des piliers incontournables de la démocratie, qu’ils doivent faire faire vivre, en duel, et parfois en duo, avec le pouvoir, en dehors même des périodes électorales. C’est en cela qu’il faut, sans s’ériger en défenseur du pouvoir togolais, saluer sa volonté de tendre la main à tous, pour travailler ensemble pour le développement du Togo.
Il est donc important, pour ne pas dire essentiel, que la nouvelle constitution promulguée par Faure Gnassingbé et qui fait passer le Togo du régime semi-présidentiel à celui parlementaire, ne soit pas qu’un subterfuge pour perpétuer le pouvoir en place, pour accéder à un règne ad vitam aeternam d’un homme. Question: et si l’opposition qui dénonce la longévité d’un homme ou d’une famille à la tête du Togo, commençait à se montrer plus cohérente dans l’acte et la parole, en opérant des changement au sein de ses partis politiques qui ont certainement besoin de sang neuf pour leur éviter cette mort qui semble inexorable, si rien n’est fait?
Par Wakat Séra
